Montréal, 4 déc. - 17 déc. 1999 |
Numéro
51
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L'ouverture de la voie maritime a évidemment coûté
quelques emplois à Montréal, mais la ville ontarienne ayant
le plus bénéficié de l'ouverture de la voie maritime
a sans l'ombre d'un doute été Thunder Bay, dont la localisation
stratégique en fait naturellement un point de transbordement important
pour le blé de l'ouest. L'expansion du port de Toronto après
l'ouverture de la voie maritime reflète bien plus le dynamisme de
l'économie locale qu'autre chose. Il suffit d'avoir visité
ce qui reste des ports américains des Grands Lacs, notamment Toledo
et Cleveland, pour se convaincre que la construction de digues et d'écluses
n'explique pas le développement de Toronto.
La saga Toronto / Montréal n'a rien d'unique dans l'histoire de l'Amérique du nord, car plusieurs villes émergeantes ont détrôné d'anciennes métropoles régionales. New York a ainsi complètement éclipsé Philadelphie au milieu du XIXe siècle. Chicago a fait de même par la suite avec Saint-Louis, tandis que Los Angeles a depuis longtemps supplanté San Francisco. Dans chacun des cas, le succès des métropoles émergeantes ne s'explique pas tant par des Chicago a ainsi été littéralement construite sur un marais, tandis que Los Angeles, contrairement à San Diego et San Francisco, est un site de piètre qualité pour la construction d'installations portuaires. Si l'aéroport Lester B. Pearson de Toronto a depuis longtemps éclipsé Dorval et Mirabel, ce n'est pas tant à cause de son emplacement que de la croissance importante de l'économie torontoise qui a généré une utilisation croissante des infrastructures de transport de la ville-Reine. CLICHÉ #2: Sans Québec Inc., le Québec serait aussi pauvre que Terre-Neuve. L'une des affirmations les plus surprenantes dans le reportage du Point est sortie de la bouche de Jean-Claude Scraire, un fonctionnaire de carrière ayant passé presque toute sa vie adulte à la Caisse de dépôt et placements du Québec.
En fait, l'entrée de Terre-Neuve dans la confédération s'est faite sous la promesse d'un rôle accru de l'État fédéral dans le développement économique de la province. Comme au Québec, les interventionnistes terre-neuviens ne peuvent aujourd'hui y justifier leur piètre bilan qu'en affirmant que les choses auraient été pires sans eux. Rien ne le laisse toutefois penser (voir LE SAUPOUDRAGE RÉGIONAL, le QL, CLICHÉ #3: Il est encore possible d'être interventionniste et prospère. Selon le journaliste Pierre Tourangeau, le débat est encore ouvert entre les tenants du néolibéralisme et de l'interventionnisme, car si la Grande-Bretagne et les États-Unis connaissent un succès indéniable, la Suède prouverait par contre qu'il est possible d'être interventionniste et prospère. Contrairement à ce qu'affirme le journaliste de Radio-Canada, les interventionnistes n'ont plus beaucoup d'arguments à offrir. Un des bons plaidoyers récents en faveur du libéralisme économique a été offert par Michael J. Boskin de la Hoover Institution. Boskin y compare notamment les performances des pays d'Europe de l'Ouest à celle des États-Unis en terme de création d'emplois, une mesure beaucoup plus fiable du dynamisme économique que le taux de chômage (que l'on peut réduire en augmentant le nombre d'assistés sociaux ou de bénéficiaires d'autres programmes). Boskin remarque ainsi que la population européenne en âge de travailler a augmenté de plus de 30 millions d'individus entre 1970 et 1994, tandis que le nombre d'emplois n'a augmenté que de 19 millions. La majeure partie de cette création d'emplois a toutefois été le fait du secteur public, car le nombre d'emplois dans le secteur privé a diminué d'un million pendant cette période. Par contraste, la population américaine en âge de travailler a augmenté de 40 millions pendant cette période, le nombre d'emplois a augmenté encore davantage et l'immense majorité de ceux-ci ont été le fait du secteur privé. Et il est faux de prétendre que ce ne sont que des Le cas de la Suède est également intéressant. On doit d'abord souligner que ce pays a eu l'une des économies les plus libérales de la planète entre 1850 et 1950, ce qui a permis de créer une richesse que les socio-démocrates ont entrepris de redistribuer à grande échelle. S'il est vrai que l'économie suédoise a repris du poil de la bête depuis quelques années, Le débat entre le libéralisme et l'interventionnisme sur la création de richesse est en réalité pratiquement clos, car plusieurs études empiriques récentes sur le degré de liberté économique et la création de richesse ont prouvé hors de tout doute que le libéralisme n'a pas son pareil pour générer la croissance (voir à ce sujet la série d'articles sur la liberté économique et la richesse des nations dans le Cato Journal). J'explorerai d'autres clichés exprimés au cours de ces reportages dans une chronique subséquente en janvier. Articles précédents de Pierre Desrochers |
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