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Montréal, 1er avril 2000 / No 59 |
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par
Pierre Desrochers
L'un des mythes les plus répandus dans la Belle Province est que le coût de l'éducation dans les universités américaines est inabordable pour l'immense majorité des étudiants et que seule une petite minorité de riches accèdent aux études supérieures. Des frais annuels variant entre |
Je vais donc expliquer brièvement pourquoi le coût de l'éducation
est aussi élevé aux États-Unis, mais également
pourquoi la situation des étudiants américains est loin d'être
aussi dramatique qu'on pourrait le croire en regardant les seuls coûts
d'inscription.
Financement publique et explosion des coûts L'enseignement supérieur est l'un des secteurs de l'économie américaine où les coûts ont littéralement explosé au cours des dernières décennies. Comme le remarque l'économiste Richard Vedder, le coût d'une année de formation doctorale à l'université Northwestern (Chicago), une institution privée, était de Le problème, selon Vedder, c'est que l'intervention publique massive des dernières années a complètement bouleversé la dynamique des universités américaines. La charge de travail des enseignants a ainsi été réduite de façon dramatique pour leur permettre de faire davantage de recherche, même si la majorité d'entre eux ne produiront jamais rien de bien original. Un professeur dans une institution publique de bonne qualité consacre ainsi moins de 250 heures par années à l'enseignement (incluant la préparation des cours, la correction des travaux et des examens et la direction de recherche), tandis que le fardeau de son collègue dans une institution moyenne ne dépasse guère 650 heures. L'augmentation du personnel non-enseignant, que ce soit pour administrer des programmes de discrimination positive ou pour d'autres exigences gouvernementales, a également été considérable. Le ratio La situation américaine en perspective Bien que diplômé récent d'institutions québécoises, j'ai eu l'occasion depuis 1992 d'étudier et d'effectuer des stages prolongés (au moins un semestre) dans diverses universités hors de la province. Pour faire la liste: Carleton (Ottawa), Toulouse-Le Mirail (Toulouse, France), George Mason (Fairfax, Virginie), Auburn (Auburn, Alabama), Montana State (Bozeman, Montana) et Johns Hopkins (Baltimore, Maryland). J'ai donc vécu tous les extrêmes, de la
Or, s'il y a une chose qui saute rapidement aux yeux, c'est que les étudiants les plus mal pris (et de loin) sont nos cousins de l'Hexagone. L'université a beau être gratuite en France, les Français en ont vraiment pour leur argent. Des bâtiments décrépis, des auditoriums surpeuplés, des bibliothèques médiocres et remplies de fonctionnaires déplaisants, un accès pratiquement nul aux professeurs... qui sont par ailleurs de véritables fonctionnaires indélogeables. La situation des étudiants américains est nettement meilleure, surtout pour les plus méritants. Sans entrer dans les détails, le nombre des bourses et des emplois académiques d'appoint (même pour les étudiants de baccalauréat) est tout simplement incroyable pour quelqu'un issu du système québécois. Il n'est d'ailleurs pas rare que dans certaines institutions privées plus de 90% des étudiants de premier cycle bénéficient d'une aide financière importante. On les paie également beaucoup mieux qu'au Québec pour des emplois d'appoint non-académiques (travail à la cafétéria, entretien d'équipements simples, etc.). De plus, la situation de l'emploi temporaire pour les étudiants hors des institutions d'enseignement (et pas seulement chez McDonald's) est incroyablement plus favorable que pour les étudiants québécois, même dans un État pauvre comme le Montana. L'Université Auburn, perdue au milieu de nulle part en Alabama, compte ainsi un parc industriel ayant attiré plusieurs entreprises qui bénéficient d'une main-d'oeuvre flexible et motivée. On doit finalement tenir compte de la disponibilité de bourses parfois importantes distribuées par des fondations, des églises et autres oeuvres de charité. La situation des étudiants gradués est encore plus intéressante. Il y a maintenant plus de Des réformes nécessaires La situation des étudiants américains n'est évidemment pas parfaite, mais elle est loin d'être aussi dramatique que ce qu'on nous fait croire au Québec. En fait, même le plus pauvre des étudiants américains peut obtenir une formation convenable s'il est prêt à endurer les quelques heures d'entraînement mensuelles requises par les forces de réserve de l'armée américaine – et il peut évidemment joindre l'Army, la Navy et l'Air Force sur une base régulière. De plus, plusieurs institutions convenables suggèrent à leurs étudiants de suivre leurs Certains étudiants québécois auraient intérêt à sortir plus souvent de leur paroisse avant d'écrire ou de dire n'importe quoi sur ce qui se passe aux États-Unis.
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