Ainsi, un test: avez-vous lu Manifeste pour un revenu de citoyenneté
de Michel Chartrand et Michel Bernard? Si oui, écrivez donc un texte
pour critiquer les idées qui y sont proposées. Et surtout:
pourquoi les solutions envisagées sont mauvaises. Car j'ai lu et
je dois avouer que je suis d'accord avec tout ce que j'ai lu de la première
lettre à la dernière. Mais je ne suis pas du genre à
avoir des idées préconçues tel un membre de secte
lobotomisé. Je suis de gauche, j'avoue, mais j'aime bien avoir des
idées contradictoires et bien défendues pour éclairer
ma vision des choses... Alors vous, chère « Québécoise
Libre », dites-moi en quoi un principe de gauche, comme
par exemple le revenu de citoyenneté (ou un autre) serais mauvais
et proposez donc des solutions alternatives...
Permettez-moi d'offrir un bout de réponse.
Dans
les faits...
En janvier, la revue L'Action
nationale a publié un texte sur « Le
revenu de citoyenneté, un projet pour le Québec »,
par MM. Michel Bernard et Michel Chartrand; en février, la même
revue publiait Un Québec sans pauvreté et une loi-cadre
pour rêver logique de Vivian Labrie du « Collectif
pour une loi sur l'élimination de la pauvreté »
(regroupant principalement des syndicats). Les deux propositions se ressemblent
pour ce qui est du revenu minimum garanti mais la « loi-cadre
» comprend une série d'autres mesures de soutien des
« pauvres ». Elles se ressemblent aussi par leur
absence d'un examen sous-jacent des causes de la pauvreté, dont
la définition est toujours relative, par leur naïveté
et par leur insouciance face aux coûts monétaires et économiques
que toutes ces mesures dites sociales peuvent représenter. «
D'l'argent, y en a en masse! » (Michel Chartrand).
De telles propositions, dans des pays comme le Mozambique, seraient clairement
irréalisables. Leurs pauvres ne seraient pas plus riches avec l'instauration
de telles mesures alors qu'ici, tout le monde risque d'être plus
pauvre qu'auparavant. Les écarts de richesse frappent plus l'imagination
qu'une pauvreté généralisée. Il y a des pauvres
qui le sont devenus de causes naturelles ou accidentelles, d'autres n'ont
pas été favorisés par leur situation sociale mais
ils ont quand même leur part de responsabilité.
Si, comme le dit l'article, 31,3% des bénéficiaires de l'aide
sociale en 1998 sont des femmes seules avec enfants, comment peut-on dire
que la société est responsable de leur situation sociale?
Par contre les écarts héréditaires de richesse, le
fait d'être né de parents financièrement à l'aise
ou de parents pauvres, font varier les possibilités d'avancement
dans l'échelle sociale (toutes choses étant égales
par ailleurs).
« Si 31,3% des bénéficiaires de l'aide sociale
en 1998 sont des femmes seules avec enfants, comment peut-on dire que la
société est responsable de leur situation sociale?
»
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Ces propositions s'inspirent quelque peu du vieux rêve communiste
« de chacun selon ses capacités, à chacun
selon ses besoins », sauf qu'entre-temps il leur faut
un État passablement coercitif pour décider des besoins de
la population et obliger chacun à produire selon ses capacités,
sans être nécessairement rémunéré en
conséquence...
Dans
l'application...
Qui recevra le revenu de citoyenneté (RC)? « Le
RC sera distribué à tous les citoyens du Québec et
le montant en sera égal pour tous. » Tous les
citoyens, cela comprend les enfants, toute personne à domicile,
les étudiants, les criminels, etc. Le RC remplacerait plusieurs
programmes d'assurance sociale (en tout ou en partie, comme les prestations
de la Régie des rentes), d'assistance sociale (ex.: les allocations
familiales), et plusieurs mesures fiscales tant fédérales
que provinciales. « La définition de l'égalité
que nous retenons est l'égalité face aux biens premiers.
» Cette égalité est purement théorique.
Un enfant n'a pas les mêmes besoins qu'un adulte, etc. Quand on naît,
il est totalement faux que la société a le devoir de pourvoir
à nos besoins!
Quels sont ces « biens premiers »?
« Aucun Québécois ne devrait être
inquiet face à ce que la vie physique commande: la nourriture, le
vêtement, le logement décent, les soins de santé, la
sécurité suite à la vieillesse, la sûreté,
etc. Personne ne devrait être privé des biens sociaux comme
l'éducation, qui est un bien nécessaire à la vie digne
et à l'égalité des chances dans l'accès à
tous les postes dans la société, dans l'exercice de la liberté
politique, l'accès à la culture, etc. »
Qui va payer pour tout ça? Ceux qui travaillent bien sûr.
Mais combien en restera-t-il? Le montant du RC n'est pas estimé
par les auteurs mais on voit que la définition de «
biens premiers » à satisfaire est très
extensible. Les « etc » sont révélateurs...
J'ai bien lu que le RC serait d'abord versé à tous les citoyens
et ensuite remboursé (en tout ou en partie) par ceux qui n'en ont
pas besoin. Pauvres de tous les pays, émigrez au Québec!
Tout ça rappelle le dividende national du Crédit social payé
en faisant marcher « la planche à billets
» de la Banque du Canada... Sauf que maintenant, au lieu de
l'inflation ce sont les taxes qui vont financer le tout.
Par ailleurs, le parti de l'Action démocratique propose un «
grand ménage » dans les programmes d'aide
sociale pour les remplacer par un revenu minimum conditionnel à
la réintégration au travail. Voilà qui est faisable
et moins coûteux que la situation actuelle. Irait-on jusqu'à
l'instauration d'un impôt négatif comme le proposait Milton
Friedman?
Toutes ces propositions devraient répondre à la question
suivante: doit-on aider les pauvres à survivre ou devrait-on plutôt
les aider à se sortir de leur pauvreté? Il y a des personnes
(et même des pays, pour ce qui est de l'aide internationale) qui
vont toujours dépendre de l'assistance sociale parce qu'elles y
ont été habituées. L'assistance sociale devient alors
un dû sans obligation de la part du bénéficiaire. L'aide
ressemble alors au fonctionnement d'une vis sans fin.
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