Montréal, 7 juillet 2001  /  No 85  
 
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COURRIER DES LECTEURS
 
L'EGO ET L'ESPRIT DE BASTIAT
 
 
Re: FRÉDÉRIC BASTIAT, UN ÉCONOMISTE À REDÉCOUVRIR, le QL, no 84. 

          C'est en 1829 que Frédéric Bastiat énonce pour la première fois l'essentiel de sa philosophie: « L'intérêt personnel [...] tend à la perfectibilité des individus et, par conséquent, des masses qui ne se composent que d'individus. Vainement dira-t-on que l'intérêt d'un homme est en opposition avec celui d'un autre; selon moi, c'est une erreur grave et anti-sociale. » 
  
          Il faudrait préciser. Les intérêts de l'ego d'un homme sont généralement en opposition avec celui des autres (désir de dominer l'autre, de posséder la même chose, ...). Mais les intérêts de son esprit sont les mêmes que ceux de l'esprit des autres donc jamais en opposition. Il semble que Bastiat faisait appel aux intérêts de l'esprit dans son affirmation comme tend à le confirmer son texte à propos de ce qui se voit et ce qui ne se voit pas. En fait, ce qui se voit a de bonnes chances d'être au niveau de l'ego alors que ce qui ne se voit pas a de bonnes chances d'être au niveau de l'esprit. 
  

André Huot
 
 
 
 
 
 
LE COMMUNISME ET L'EXACTITUDE HISTORIQUE
 
 
          À propos de l'article LA FRANCE NAGE TOUJOURS DANS LE COMMUNISME... et toi dans l'anticommunisme primaire. 
 
          J'ai 31 ans, je sympathise fortement avec l'extrême-gauche. Ce n'est pas leur démagogie qui m'attire, mais j'y trouve la seule vision du monde offrant un avenir pour les gens et la planète. 
 
          Pas beaucoup de temps pour répondre à ton article, juste pour te demander d'étudier un peu l'histoire avant d'associer les trotskistes aux massacres staliniens qu'ils ont combattus et dont ils ont été les premières victimes. 
 
          Comme défenseur du capitalisme, je ne te fais pas endosser pour autant tous les crimes commis en son nom. La majorité des dictatures sanglantes ont défendu des idéologies « libérales », même la plupart de celles se drapant des couleurs « communistes » qui n'ont en fait jamais remis en cause le capitalisme, et toutes celles fascistes ou proches qui ont toutes cherchées à sauver le régime capitaliste dans des pays en crise. 
 
          Je préfère discuter des perspectives, mais là, ça n'a pas l'air de t'intéresser plus que l'exactitude historique... 
 
ZouraM
 
Réponse d'Hervé Duray: 
 
Che(è)r(e) ZouraM, 
 
          Oui je nage dans l'anticommunisme primaire. En France, résister au mainstream socialo-communiste est assez difficile de nos jours. Difficile de ne pas abdiquer sa raison quand on est abreuvé de messages sur les « pôvres », sur la nécessaire intégration sociale, ou les errements du Grand Capital. Si vous me donnez ce titre d'anti-communiste « primaire », je l'accepte donc bien volontiers! 
 
          Ce n'est pas la démagogie qui vous attire dites vous, mais la vision du monde! Que vous faut-il pour être heureux? Des miradors, des vopos, des chars dans les rues, la milice, les chiens, la police qui vient frapper à la porte, des prisons sombres appelées « hôpital psychiatrique » et des camps de travail en Sibérie? 
 
          Oh, mais... mais je me trompe! Monsieur est.... trostskiste! Honte sur moi! Les trotskistes ont été les ennemis de Staline, ce qui les exempt de toute responsabilité bien sûr!  
 
          Car n'est ce pas Trotsky qui a formé l'Armée Rouge bien sûr? Ni fondé la Cheka, ancêtre du GPU, du NKVD puis du KGB. Et combien y a-t-il eu de morts dans les tous premiers temps du communisme soviétique? Dès 1917, les Soviets, dont vos trotskystes, ont tué des milliers de « bourgeois » ou d'« aristrocrates ». Trotsky a été en grande partie l'instigateur des politiques qui ont ensuite été pérennisées par Staline, puis améliorées, industrialisées presque. 
 
          Vous voulez un petit tour d'horizon des premiers temps du communisme en Russie? En 3 ans, la Cheka a eu des effectifs de 250 000 personnes, avec pouvoirs spéciaux: éxécutions sommaires, camps de concentrations, etc... Trotsky lui même disait, sur un autre plan: « We know slave-labour; we know serf-labour. We know the compulsory, regimented labour of the medieval guilds, we have known the hired wage-labour which the bourgeoisie calls "free". We are now advancing towards a type of labour socially regulated on the basis of an economic plan which is obligatory for the whole country... This is the foundation of socialism. » 
 
          On avait « qui ne travaille pas, ne mange pas », maintenant on a « qui n'obéit pas, ne mange pas ». C'est donc ça le trotskisme? Travail obligatoire pour tout le monde, décidé par l'État ? 
 
          Les querelles idéologiques ne reposent donc pas sur des différences de fond, mais sur des points de détail. Les deux partageaient la même idéologie foncièrement meurtrière, et l'ont mise en oeuvre à des niveaux divers. Mais vous avez raison: ne condamnons pas Trotsky pour le stalinisme, condamnons le pour le trotskisme. 
 
          Bien à vous, 
 
H. D. 
 
 
 
 
 
 
PAS BESOIN DE MARIAGE GAI
 
 
Re: LE COUPLE DANS TOUS SES ÉTATS, le QL, no 56. 
  
Monsieur Golivaux,  
  
          Enfin quelqu'un qui ose dire tout haut ce que bien d'autres pensent secrètement. Je partage votre avis: pourquoi tant vouloir la reconnaissance du mariage gai alors que l'institution du mariage n'est jamais rien d'autre qu'un ménage à trois dans lequel le législateur est le partenaire le plus indésirable et celui qui peut modifier les règles du jeu, généralement à l'avantage du conjoint le moins valeureux (travaillant) du couple au détriment du conjoint le plus méritant? Je veux bien partager avec ma conjointe de fait, mais je ne suis pas disposée par amour à lui céder jusqu'à la moitié de ma dernière culotte sous prétexte que nous partageons un lit et un lieu de vie. 
  
          Je demeure convaincue qu'aucun adulte n'est en droit d'attendre d'un autre qu'il subvienne à ses besoins, par amour ou par effet de la loi (ce qui est encore pire, surtout lorsque des enfants sont en jeu). Personne n'aime vraiment travailler et se farcir le patron ou la patronne et je conçois mal que certains doivent le faire alors que d'autres, par lâcheté, préfèrent s'en remettre aux bons soins de leur conjoint ou conjointe. 
  
          Nous, les gai(e)s, désirons-nous vraiment vivre toutes les absurdités, tous les déboires et toutes les injustices des couples hétérosexuels: pension alimentaire, patrimoine familial (qui dans certains cas se résume à voler le plus riche pour nantir le plus pauvre et qui, dans tout autre type de relations consensuelle, prend le nom de « enrichissement sans cause »), garde exclusive des enfants par un des parents qui alors est en possession des enfants et d'un moyen légal de faire cracher son ex-conjoint(e) par chantage interposé devant les tribunaux? 
  
          Je vous le redis: pourquoi désirer un nivellement vers le bas! Restons maîtres de nos relations et ne laissons pas le législateur se glisser sous nos draps! 
  
Daphné Poirier
 
 
 
 
 
 
 
LE PQ DÉTRUIT NOTRE HISTOIRE
 
 
Monsieur Bernard Landry, 

          J'étais un fidèle partisan du Parti québécois, je croyais à la souveraineté du Québec. Mais aujourd'hui, vous enlevez la souveraineté de ma municipalité, la ville de Montréal-Est, qui a contribué à l'histoire du Québec par son développement industriel. Combien de gens sont venus de tous les coins du Québec pour y trouver un emploi et faire vivre leurs familles, comme mon père qui venait du Cap St-Ignace, dans les années 1920, 30, 40, 50, 60? Beaucoup de familles ont grandi à Montréal-Est grâce au travail acharné du maire fondateur M. Joseph Versailles pour faire prospérer sa municipalité fondée le 4 juin 1910. 
  
          Je connais le dernier de la famille, M. Paul Versailles, qui a vu son père laisser sa santé pour développer sa municipalité. Ils sont partis à zéro et aujourd'hui vous nous effacez du revers de la main, pour sauver le monstre de Montréal qui n'est pas capable de faire le ménage chez lui. Vous allez voler les richesses de chacune des municipalités pour aider le gros méchant loup affamé de notre argent. Vous venez comme Arsine Lupin nous voler notre argent, notre histoire, notre fierté, notre sentiment d'appartenance. 
  
          Le droit du provincial d'éliminer des municipalités avait pour but de sauver les citoyens de celles qui sont mal administrées, comme Montréal qui devrait perdre sa charte en tant que mauvais administrateur. Vous devriez faire de Montréal une nouvelle ville divisée en cinq. Gardez donc la paix des municipalités, ce n'est pas juste une question de langue, c'est une question de respect de notre choix. Vous enlevez ce droit fondamental de chaque citoyen. N'oubliez pas que ce sont des hommes et des femmes qui ont bâti les municipalités, ce qui a permis à la Belle Province de grandir en beauté. Votre gouvernement s'apprête à détruire des années d'histoire. N'oubliez pas, Monsieur Landry, vous n'avez rien bâti, vous avez hérité de nos ancêtres cette belle province. 
  
          Vous nous demandez avec la voix chambranlante de Louise Harel d'arrêter le combat, que c'est de l'acharnement de continuer. Mais qui s'acharne sur qui? Nous qui voulons garder notre autonomie ou bien le Parti québécois avec sa souveraineté? Arrêtez de nous casser les oreilles avec la souveraineté, déclenchez des élections et si vous gagnez faites ce que vous voulez, mais ne comptez pas sur moi pour vous donner ma confiance, car la confiance ça se gagne et vous n'avez rien gagné. N'oubliez pas les belles années de l'Union Nationale, qui a déjà été un parti fort. Mais aujourd'hui, il n'existe plus. Voilà ce que vous êtes en train de faire avec le Parti québécois, il va disparaître à cause de son arrogance. 
  

Daniel Fournier 
citoyen de la ville de Montréal-Est
 
 
 
 
 
 
L'ÉTAT ET LA LIBERTÉ DE FUMER
 
 
Bonjour, 
  
          Je suis plutôt sympathique à la promotion de l'individu... mais vous me semblez négliger dans ce débat les conséquences sur les autres. 
  
          Ex.: 1) La liberté de fumer... oui mais que faites-vous des fumeurs passifs?  i.e. ceux qui se tapent un cancer des poumons parce que leur conjoint fume? Le conjoint n'a jamais choisi de fumer et pourtant, c'est parfois lui qui meurt. À moins d'être connecté ou sympathique à l'industrie du tabac, toutes les évidences démontrent un risque réel du « second hand smoke ». Cette évidence est très solide. 
  
          D'ailleurs, saviez-vous qu'une cigarette consommée par jour suffit à augmenter de 10% vos risques d'infarctus du coeur sur 10 ans? Imaginez sur une vie. 
  
          De plus, peut-on parler de liberté lorsque l'on connaît à quel point la nicotine créée une dépendance chez plusieurs personnes? Parlez aux gens autour de vous... ce n'est pas si facile d'arrêter de fumer... même si c'est notre choix. 
  
          2) La liberté de prendre de l'alcool ou des drogues... que diriez-vous si la chauffeure d'autobus scolaire était sous l'effet de drogues au moment de conduire vos enfants à l'école? ou de l'alcool? 
  
          Que dire face à ces ivrognes qui persistent à conduire une automobile et à tuer ou blesser des innocents sur la route? Que dire aux victimes? « It's just too bad »? Que faire quand la liberté des uns menace la vie même des autres?  Faut-il être simplement passif? Faut-il nous même commencer à punir ceux qui nous menacent? Pourquoi ne pas reconnaître que le plus efficace dans cette situation est de permettre à la majorité de déléguer son pouvoir de réprimande à une institution, le gouvernement, ce qui lui permet de continuer à faire autre chose, à exercer d'autres libertés?  
   
          Bref, je crois que tant que les individus ne seront pas responsables, ils justifieront l'existence de l'État. 
   
          À bientôt, 
  
Serge Dumont
Lachine, Québec
 

Réponse de Martin Masse: 
 
Monsieur Dumont, 
  
          1. Les preuves scientifiques du danger de la fumée secondaires ne sont en fait pas aussi bien établies que vous le prétendez. Ainsi, une étude de l'Organisation mondiale de la santé (pas exactement sympathique à l'industrie du tabac) dévoilée au début de 1998 concluait qu'il n'existe aucun lien entre l'inhalation régulière de fumée secondaire et le cancer du poumon. Il s'agissait d'une des plus importantes études jamais entreprises sur ce phénomène, impliquant 25 chercheurs dans sept pays européens. Comme l'ont rapporté plusieurs publications à cette l'époque, l'OMS avait d'abord tenté de passer ces résultats sous silence, en en publiant uniquement un bref aperçu de trois paragraphes enterrés dans un épais document. 
  
          De toute façon, même si la fumée secondaire est néfaste, une personne a-t-elle besoin de l'État, de ses bureaucrates et de sa police, pour régler un tel « conflit » avec son conjoint? Pourquoi pas une réglementation pour gérer les conflits sur le travail ménager ou l'utilisation de la toilette? Puisque vous croyez en la responsabilité individuelle, si quelqu'un choisit volontairement de rester avec son conjoint fumeur, n'est-ce pas un choix qu'une personne responsable doit pouvoir prendre – ou ne pas prendre – sans que l'État s'en mêle? 
  
          2. Là où la loi doit entrer en jeu, c'est lorsqu'il y a agression ou tort causé à autrui. Il n'y a toutefois aucun lien entre quelqu'un qui boit un verre de scotch ou fume du pot et un ivrogne qui tue des gens sur la routes à cause de facultés affaiblies, pas plus qu'entre quelqu'un qui utilise un couteau pour couper son steak et un autre qui le plante dans le dos de son voisin de table. Seul le second doit être puni et réprimé et dans une perspective libertarienne, où celui qui commet l'acte d'agression doit dédommager sa victime, les chauffards seraient certainement puni plus sévèrement que c'est le cas en ce moment. Car voyez-vous, lorsque l'État s'en occupe, on a des chauffards à répétition qui continuent de rouler, et des lois telles que le « no fault » au Québec qui fait en sorte qu'il n'y a officiellement personne de responsable de quoi que ce soit lors d'un accident. Vous trouvez que c'est la situation la plus « efficace » 
  
          Laissez-moi renverser votre dernière phrase: aussi longtemps que l'État continuera de nous déresponsabiliser, de nous traiter comme des enfants et de nous enlever notre liberté, nous ne verrons pas de justification à son existence. 
  
          Bien à vous, 
  
M.M. 
  
  

 
 
 
 
LIBERTÉ LUNAIRE
 
 
          Québécois Libre? Libre de quoi? Voyons! Que voulez-vous de plus comme liberté? La lune peut-être??? 
  
Farid Kodsi
  

Réponse de Martin Masse: 
 
Cher Monsieur, 
  
          Même si nous défendons la propriété privée et les règles du marché plutôt que l'interventionnisme étatique et la gestion bureaucratique, non, nous n'allons pas jusqu'à réclamer un droit de propriété sur la lune. 
  
          Cela dit, dans son roman de science-fiction The Moon is a Harsh Mistress, l'auteur Robert Heinlein raconte l'histoire d'une révolution libertarienne sur une colonie lunaire et dépeint une réalité qui plairait à bien des libertariens terrestres comme moi. Dans ce sens, oui, j'aimerais bien avoir la lune... comme patrie, au lieu de vivre dans un pays où une petite élite de parasites qui se prennent pour plus fins que les autres me volent la moitié de mon revenu, m'imposent toutes sortes de règles stupides et me forcent à vivre comme ils l'entendent. 
  
          Bien à vous, 
  
M. M.

 
 
ATTENTION!
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