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Montréal, 27 avril 2002 / No 103 |
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Jean-Marie Le Pen affrontera le président sortant, Jacques Chirac, lors du 2e tour des présidentielles le 5 mai. Sa qualification pour ce second tour a provoqué un choc, en France mais aussi ailleurs dans le monde. Le cinquième de l'électorat français aurait-il donné son appui à un nazi? On offre comme preuve de ses convictions nazies deux ou trois commentaires controversés – toujour les mêmes – sur l'holocauste et les juifs qu'il a prononcés en quelques décennies d'implication politique. Tout comme ce fut le cas pour le politicien autrichien Jorg Haider il y a deux ans (voir UN AUTRICHIEN À MONTRÉAL, le QL, no 56), on préfère succomber à l'hystérie médiatique alimentée par les bien-pensants gauchistes pour se faire une opinion, au lieu de chercher à savoir ce qu'est son véritable programme. Les positions de Jean-Marie Le Pen sont pourtant très semblables à celles du politicien américain Pat Buchanan, que personne ne considère comme un nazi. Elles sont incohérentes, contiennent certains éléments qui rejoignent les positions libérales, mais bien d'autres aussi qui les contredisent tout à fait et qui se confondent avec l'étatisme des socialistes ou des conservateurs. Elles conjuguent une opposition aux institutions supranationales et une certaine dose de libéralisme économique et d'anti-bureaucratisme sur le plan intérieur avec un protectionnisme commercial, des subventions pour certaines industries, un discours populiste pour plaire aux petites gens qui n'aiment pas le changement, un rejet de l'immigration et un nationalisme exacerbé, ainsi qu'une ligne dure contre la criminalité. Si l'on extrapole beaucoup, on peut certes faire un parallèle entre certains de ces thèmes et le nazisme. Comme on peut d'ailleurs en faire un avec d'autres points de vue idéologiques. Mais la ressemblance est loin d'être frappante. Par ailleurs, si tous ceux qui dénoncent Le Pen ont tant à coeur la liberté et la démocratie, pourquoi ne les a-t-on pas entendu lorsque les communistes (de vrais communistes staliniens, membres du Parti communiste, pas des gens dont l'idéologie s'apparente vaguement au communisme) ont joint le gouvernement Jospin il y a quelques années ou encore sous Mitterrand il y a vingt ans? Et si ces bien-pensants tentaient de faire de Le Pen un monstre simplement parce qu'il menace le consensus socialiste au sein de l'establishment français? Le Pen est un ultranationaliste collectiviste et ne représente certainement pas les idéaux que nous défendons au QL. Mais il faudrait se demander qui a intérêt à le dépeindre comme un nazi, alors que son programme est bien plus inoffensif que celui de l'extrême gauche ouvertement en faveur du totalitarisme, extrême gauche dont les multiples candidats ont obtenu presque autant de voix que lui lors du premier tour. Voici, mot pour mot, pour ceux qui veulent se faire leur propre opinion, le programme du candidat Le Pen tel qu'on peut le trouver sur son site. Martin
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