Montréal, 6 juillet 2002  /  No 106  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
 
MARIO DUMONT ET DUPLESSIS
 
 
Re.: PEUT-ON FAIRE CONFIANCE À L'ADQ?, le QL, no 105 
 
          Je ne suis pas prêt à voter ADQ, mais en tant qu'ancien Union Nationale (duplessiste, oui!), je pense que je leur donnerai leur chance après la prochaine élection générale qui devrait confirmer la débâcle du PQ et de son article numéro 1. Je suis fatigué de voter libéral et j'ai hâte qu'un autre parti que le PQ devienne l'opposition officielle. 
  
          Votre analyse semble oublier que le Québec adore multiplier ses options et que son code politique a toujours été: « Ne mettons pas tous nos oeufs dans le même panier! » Comptez les années où le Québec a voté du même bord au fédéral et au provincial depuis 1930 et vous serez peut-être surpris. 
  
          Mario Dumont est peut-être un opportuniste (un politicien quoi!), mais il ramène le Québec vers un fédéralisme revendicateur – comme l'autonomie provinciale de Duplessis – qui nous a fort bien servi de 1954 jusqu'en 1976. 
  
          Merci, 
  
Pierre Bouchard
Montréal
 
 
 
 
9-11 EVENTS WERE LET ALONE TO HAPPEN
 
 
Re: 9-11: WHO KNEW WHAT WHEN?, le QL, no 105. 
  
          The events of September 11 were, in essence, let alone to happen, much as Pearl Harbor was. Any intelligence "failure" was premeditated, because the transnational corporations that run America, Canada – and indeed much of the so-called "free" world, and employ Bush, Cheney and the Cabinet – are attempting to consolidate their hold upon us. The bulk of the duty of implementing the plan will be borne by well meaning, well intentioned people of all stripes who believe they are honestly doing the right thing. Few decisions need be made at the top... the process will be carried out through the hierarchy of government and business institutions.  
  
          The loss of 3,000 lives is nothing to these idiot monsters (they have SIX BILLION to play with), the main game being that they think we need to have tighter controls on us... to make us better consumers, and more compliant citizens and work drones. It is a long game, but one that our Conservative/Socialist/Free market/big government power mongers feel is worth the risk. They have the weapons and the programmed volunteer soldiers to run them... It is a sad fact that with proper circumstances and Skinner Operant Conditioning, humans can be programmed to behave in just about any fashion... to kill reflexively, for example. 
  
          We look for a utopia stuffed with material comforts, but we cannot control our urge to behave like greedy chimpanzees – with rockets, this time. 
  
Michael Anderson
  
  
 
 
QUEL AVENIR POUR LES SANS-DIPLÔME?
 
 
Monsieur Masse,  
 
          Quel serait l'avenir au Québec pour les gens qui ne sont pas diplômés suite à un trouble d'apprentissage, ou ceux qui ont un dossier crimiel? Car ces gens n'arrivent pas à avoir des emplois convenables de longue durée dans des entreprises réputées. Ils ont des rêves eux aussi. 
  
          Le plus souvent, les employeurs n'embauchent pas les gens qui ne possèdent pas de diplôme de secondaire 5 et un DEP. Ou encore, les entreprises qui refusent ou congédient des gens avec un plumitif criminel, parce qu'ils ne sont pas assurables auprès de compagnies d'assurance qui les considèrent comme des personnes à risque. 
  
          Que deviendront ces gens? Devront-ils débuter au bas de l'échelle toute leur vie? 
  
Francine Papineau
  
Réponse de Martin Masse: 
  
Madame Papineau, 
 
          Dans quelque système économique que ce soit, les gens que vous décrivez auraient plus de difficulté que d'autres à se trouver un emploi et à s'épanouir, à cause des ratés qu'ils ont connu à un certain moment. C'est une réalité incontournable. La question est de savoir dans quel contexte ils pourraient le mieux arriver à s'en sortir. Une économie capitaliste dynamique, en forte croissance, où le poids des taxes et des réglementations ne vient pas freiner l'initiative individuelle, offre de multiples occasions de se réaliser.  
 
          Pensez aux immigrants qui arrivaient en Amérique du Nord au 19e siècle et jusqu'à très récemment, souvent pauvres et non éduqués, mais qui trouvaient rapidement de l'emploi ou créaient leur propre petite entreprise et réussissaient à s'intégrer rapidement dans la société. Il n'y a aucune raison pour que quelqu'un qui n'a pas une éducation très poussée ou a un passé criminel, mais qui a aujourd'hui la volonté de travailler fort et de s'en sortir, ne puisse le faire aussi.  
 
          Avec un chômage de 8%, ces personnes moins qualifiées ou à risque doivent évidemment compétitionner avec des gens mieux qualifiés ou moins risqués et peuvent difficilement trouver un emploi. Si le chômage étaient cependant à 1% (comme il y a quelques décennies ici, ou comme c'est le cas dans certains États américains), des employeurs désespérés de trouver un employé seraient prêts à leur donner une chance. C'est leur valeur sur le marché du travail qui attire un employeur, pas leur passé, qui ne détermine pas tout. La confiance, ça se développe. L'expérience, ça s'acquiert. On peut se méfier d'un ex-criminel pendant les premiers mois, mais si c'est un bon et honnête travailleur après un an, il devient un employé avec une plus grande valeur, et on veut le garder. 
 
          La confiance et l'expérience acquise aidant, ces travailleurs deviendraient donc plus attrayants comme employés et pourraient monter les échelons ou se trouver de meilleurs emplois ailleurs. Il n'y a aucune raison pour qu'ils restent au bas de l'échelle toute leur vie. Mais pour cela, le gouvernement doit justement déréglementer le marché du travail, faire en sorte qu'il soit rentable pour un employeur de prendre un premier risque en les embauchant. Ou encore éliminer la paperasse pour leur permettre de créer facilement leur propre micro-entreprise. Dans une économie dynamique, il y a tellement d'opportunités d'affaires que même des gens qui ont eu quelques difficultés à partir dans la vie peuvent s'en sortir. Au contraire, dans une économie stagnante et bureaucratisée, on n'a pas d'autre choix que de se tourner vers le gouvernement et devenir un parasite. 
 
          Au plaisir, 
 
M. M. 
  
  
  
  
L’ADQ ET LA RÉVOLUTION DE VELOURS
  
 
          Les Québécois, si l’on se fie aux résultats des dernières élections complémentaires, souhaitent voter pour le parti de Mario Dumont, un jeune blanc-bec qui ne trouva rien de mieux que d’affirmer innocemment, lors du dernier débat électoral, que nous détenons le plus haut taux de suicide au monde. Cela ne fait pas sérieux, même si c’est vrai... Et ça ne fait pas plus sérieux de dire qu’il y a trop de perroquets à l’Assemblée nationale et que notre économie souffre d’être sous le contrôle d’idéologues complètement déconnectés de la réalité. Pas plus sérieux de parler de la famille à une époque où les enfants sont élevés par le gouvernement, comme ailleurs ils étaient élevés par le Parti... 
 
          Au fond, il se prépare au Québec quelque chose de plus grand qu’on n’ose se l’avouer. Les succès de l’ADQ ne sont que la pointe de l’iceberg. Les Québécois sont prêts pour une «révolution de velours», pour reprendre l’expression consacrée par les Tchèques et les Slovaques qui ont renversé le gouvernement communiste. L’ADQ est, malgré lui, le catalyseur de toutes les forces vives de notre Nation en banqueroute, à l’instar du Forum civique de Vaclav Havel. 
  
Gaétan Bouchard
Trois-Rivières
 
 
  
  
SOCIETY AS A LAB
 
 
Re: THE STATE AND THE UNDERGROUND ECONOMY, le QL, no 100. 
  
Mr. Valentine, 
 
          The underground economy is sort of like the underground Christian churches in Red China, but the patterns have long been in place! For example the ideal of homeland security, gun registration, eugenics, or arresting innocents deemed "enemies of the state" were also used by the Germans during the Nazi era. 
  
          As the business and financial world comes ever tighter, the individual is given less room to be an individual as a money maker, property owner, and even private citizen. Now he's the world citizen and so, for the sake of the world order, his business is everyone else's. In place of an ever present God, is the ever present state. 
 
          The road to world serfdom being taken now is the scenic route, but it is still the same road traveled by oligarchies, tyrants, and despots bullies. Our North American way is so much prettier. 
 
          This link, http://realityzone.stores.yahoo.com/realityzone/index.html, leads to the site of historian G. Edward Griffin who wrote, among other readable books, The Creature From Jeykel Island, a tome on the Federal Reserve which is said to be "neither federal, nor a reserve." I mention this so that you may know the evidence is more convincing that the 1929 money crash had been carefully engineered for some years and even predicted by the elder Linberg. 
 
          Of course this is not the end of liberty, but it may be more the end of freedom. In the military you do have liberty to take a leave, sleep, and eat; but it is done under an order with permission from authority. You don't have the freedom to simply get up and go into town because you want to. Or eat KFC while the others eat rations. 
 
          I know what your article describes won't last forever. I hope Canadians are not so lazy and pampered, as many of us in the USA are, that you let freedom get away. 
 
          Regarding drug increases, it has come to my attention that about 1948-1954 as the communists in Russia and China got more into drug smuggling, there were sporadic increases in addiction at home. Yet the State Department still made deals with the commies, the UN was silent. 
 
          Remember the "psycho" of psycho-politics and it could add another dimension to the issue of increased suicides and drug use. Society is a lab to some of these deranged fiends. 
 
          Thanks for the informative article, 
 
Terry Wilson
Sun Valley, California
  
 
  
  
PAS RENTABLE DE CONSTRUIRE POUR LOUER
 
 
          Présentement on ne parle que de crise du logement... Dans certains forums, on pousse la folie jusqu'à accuser les immigrants trop nombreux pour le problème du logement. 
  
          Pourtant, le problème, le vrai problème est tout simple: C'est que le logement locatif n'est PAS PROFITABLE présentement et ce, en bonne partie parce que les lois du logement sont trop du coté des locataires.  
  
          Nous vivons dans un monde capitaliste, je ne vous l'apprendrai pas. Et les gens d'affaires sont là où il y a de l'argent. Présentement, lorsqu'on fait le décompte des avantages et désanvatages du logement locatif, il n'est pas rentable de construire pour louer, et ce en bonne partie à cause de la Régie du Logement et des règlements qui gèrent le logement locatif. Et je ne connais aucun homme d'affaires qui investirait dans un domaine non profitable. Si ce domaine était profitable, il y aurait des centaines de grues présentement dans le ciel de Montréal.  
  
          Fait qu'arrêtez de vous triturer les méninges autour du logement locatif, le problème est là! C'est pas plus compliqué que ça! 
  
Normand Martel
St-Hubert, Québec
  
 
  
  
PAS DE FOIN POUR LE PARTI ÉLÉPHANT BLANC
 
 
          Je viens de vous découvrir. Un super site que j'inscris sur ma liste de favoris.  
 
          Liberté d'expression? Bullshit! La démocratie n'existe que dans les dictionnaires et les discours creux des vendeurs de mythes et d'illusions. 
  
          Un exemple de censure: la nouvelle Ville de Montréal est désormais régie par la Loi des cités et villes. L'article 474 qui s'applique depuis janvier dernier stipule qu'un parti ne peut bénéficier d'un budget d'opération que s'il a obtenu au moins un élu. Une disposition nouvelle qui prive le Parti Éléphant Blanc de Montréal (parti d'opposition officielle, hors des murs de l'hôtel de ville) de son allocation de dépenses de 500 $ par mois. Pour mieux le museler, on lui a retiré les vivres, les moyens de combattre entre deux élections. 
 
          Et pourtant, Dieu sait à quel point les Éléphants Blancs ont énormément besoin de foin! Le minus Boisclair a refusé de faire amender la dite Loi... Et vive la social-démocratie à la PQ! 
  
Michel Bédard
  
 
  
  
LES MISÈRES DES RÉGIONS: C'EST LEUR FAUTE!
  
  
Re.: LE DÉCLIN DES RÉGIONS: UN COMPLOT, VRAIMENT?, le QL, no 104 
  
          Je suis parfaitement d'accord, l'argent investi en région serait un autre gaspillage gouvernemental! Native de Montréal, j'ai immigré à la campagne de 1977 à 2001. Mon mari et moi y avons fait de l'agriculture pendant toutes ces années ainsi que plusieurs autres métiers. Nous y avons eu deux filles et financièrement ce fut la misère... Aujourd'hui on appelle ça de la simplicité volontaire. À l'époque, c'était le retour à la terre. Hé oui, nous sommes des baby-boomers. 
  
          De par nos expériences, nous avons constaté que les gens natifs de la campagne ont une attitude qui ne favorise pas le changement et le progrès: 
  • au départ, ils n'ont pas confiance que les nouveaux projets vont fonctionner, ils dénigrent souvent leur propre région;
  • ils privilégient l'embauche des membres de leur famille, même si ceux-ci ne sont pas compétents, ils sont donc pris avec des employés improductifs et médiocres qui en profitent car ils n'ont pas peur de se faire mettre à la porte de l'entreprise;
  • ils se méfient des étrangers qui viennent s'y installer – tant que tu ne les déranges pas trop ils t'acceptent, mais tu ne dois pas trop bousculer leurs valeurs;
  • ils sont souvent jaloux et envieux de leur réussite et par conséquent ne les encouragent pas dans leur entreprise;
  • ils ont peur du changement et ils le voient comme une menace;
  • une minorité de gens d'affaires profitent du taux de chômage élevé et exploitent leurs travailleurs à qui ils offrent des emplois précaires et saisonniers à petits salaires;
  • il n'est pas rentable de faire de l'agriculture, tu gagnes moins que le salaire minimum, les subventions agricoles sont des chèques de bien-être social déguisés;
  • un jeune couple travaillant tous deux, ne peut s'acheter une petite ferme loisir à prix modique, les banques ne finançant que 70% de la valeur de la ferme, ce qui a pour effet que les acheteurs potentiels pour les fermes sont très limités (pour une ferme de 100 000 $, tu dois avoir 30 000 $ de ramasser à la banque);
  • dans les campagnes, il y a toujours un esprit de clocher qui fait que chaque village tire la couverte de son bord par conséquent, chacun ne ramasse que des miettes (par exemple, à la St-Jean chacun, à l'aide de subvention fait son minable petit feu d'artifice);
  • les nouveaux arrivants tôt ou tard quittent à leur tour, fatigués de tourner en rond...;
  • même le gouvernement a une vision dépassée de la campagne, le ministère de l'agriculture a déjà offert aux agriculteurs de la région de leur donner des terres à bûcher, pour joindre les deux bouts durant l'hiver, sachant qu'ils avaient des difficultés financières... c'était la seule idée proposée par les fonctionnaires!
L. Lefebvre
Montréal
  
 
  
  
À LA DÉFENSE DU CRABE ET DE L'INACTION
 
 
Re: UN CRABE DANS LA TÊTE (RÉVEILLEZ-MOI QUAND LE FILM SERA TERMINÉ), le QL, no 93. 
 
Monsieur Guénette, 
  
          Bien qu'il n'y ait pas sur la page de votre critique de Un crabe dans la tête un lien qui dise « réagissez à cette chronique », j'ai une franche envie de considérer la petite boîte aux lettres comme une telle invitation. 
  
          Évidemment, il faut s'attendre d'une personne qualifiée en communication comme vous semblez l'être, qu'elle s'acharne sur le cas des films québécois. Je me demande seulement si vous rejetez pratiquement l'ensemble des films québécois par refus d'acclamer les fins produits de votre splendide province natale, suivant le proverbe « nul n'est prophète dans son pays » ou si plutôt, vous n'avez simplement pas la capacité d'apprécier un film comme Un crabe dans la tête. 
  
          Je dois tout d'abord admettre que la plus grande majorité de vos arguments sont à la fois songés et fondés, mais seulement si l'on prend le film au degré le plus bas, le tout premier. L'ennuyeux crabe qui végète sur l'écran devant vous au cinéma peut en effet, vous faire sommeiller si, le cerveau gauche à Off, vous vous bornez à dire qu'il n'y a ni drame, ni action, pas plus violence que profonde réflexion comme on en trouve dans certains films français que vous semblez apprécier. 
  
          Or, vous dites que la base du récit serait l'action... et qu'il n'y en a pas. Permettez-moi de défendre le cinéaste et son produit en introduisant l'idée que la base du récit puisse justement être l'inaction.  
  
          Ne cherchez pas l'histoire, il n'y en a pas vraiment, au fond. Votre vie serait-elle belle dans un film? Je n'en sais rien. La mienne, je l'admets, non. Vous pourriez alors questionner, à savoir, pourquoi des gens s'évertuent à faire des films qui n'ont pas d'histoire?  
  
          Probablement parce que la majorité des gens n'a pas d'histoire, parce que la société québécoise telle que je la connais depuis ma propre naissance n'a plus beaucoup d'histoire. (Bien qu'elle en ait eu avant moi, misère!) Parce que l'absence d'histoire est tout simplement NOUS, nos PROPRES VIES! Et vous pourriez immédiatement refuser cette idée que je vous soumets en me citant votre longue histoire, mais vous pourriez aussi réfléchir à ce qu'un jeune (pédant, peut-être) de 17 ans vous raconte, ce que j'espère, vous ferez. 
  
          Peut-être ai-je tort de vous écrire maintenant ce que je pense, mais j'ai seulement eu, en lisant votre chronique, l'horrible crainte que vous soyez de ces gens qui se bornent à voir les jeunes comme de petits morveux qui ne connaissent rien à rien et qui se permettent quand même d'être présents dans la société. 
  
          Revenons au film. 
  
          C'est à mon avis l'illustration très juste de la société dans laquelle je me retrouve, moi, plongé tête la première, comme un crabe ou un homard prêt à se faire cuire. Et puis je sais pertinemment que ce n'est pas moi qui entretient le feu sous la marmitte, ce qui ne me permets pas plus d'échapper au bouillon, comme les jeunes (quoique plus âgés que moi) qui sont présentés dans le Crabe. Vous attaquez dans votre chronique chaque personnage d'une manière peu profonde, il me semble. Je m'explique: Samuel aime les étoiles ou peu importe quelle sorte d'astre. Mais en quoi le film aurait été plus complet si on l'avait vu en train de prendre des notes sur la 5e galaxie sur la gauche? Marie ne présente, à votre avis, aucune opinion de tout le film. Pourtant, il me semble en avoir perçu PLUSIEURS. Ses opinions se passaient tout simplement de mots. Vide? non. Subtil. À mon humble avis, vous dis-je. Elle aussi, a traité Alex de looser. 
  
          Pardonnez-moi de me répéter, mais je crois que si Un crabe dans la tête dépeint ENCORE « le vide existentiel dans lequel pataugent les jeunes d'aujourd'hui ou qu'il met en scène de façon brillante l'attrait du non-projet chez eux », si c'est la règle, comme vous le reprochez, c'est qu'il doit avoir été creusé profond, le vide. Et soit dit en passant, l'inaction ne date pas d'hier, mais on ne la voyait pas au cinéma. C'est tout. 
  
          Et finalement, j'aimerais vous poser plus personnellement une question. De quel dessein plus grand que vous êtes-vous conscient, monsieur? 
  
          Merci de prendre en considération les commentaires d'un jeune sans avenir comme moi. Et merci de ne pas vraiment me considérer comme un sans avenir. 
  
Jean-Philippe Tittley
Navigateur insolent, écorché par hasard sur un banc de corail, QL
  
Réponse de Gilles Guénette: 
  
Monsieur Titley, 
  
          D'entrée de jeu, je vous dirais que n'eut été du mode de financement canadien/québécois de la culture – à même nos impôts, sur trois niveaux de gouvernements – et des doléances de tous ces politiciennes, ces porte-parole culturels officiels, ces chroniqueuses et ces représentantes syndicales qui nous répètent ad nauseam que la culture est importante pour la nation, qu'elle est notre âme de peuple ou je ne sais trop quoi et qu'il faut collectivement et gaiement la financer si on veut continuer d'exister..., nous ne serions pas là à échanger. J'aurais probablement été voir le Crabe, j'en serais probablement venu à la même conclusion (c'est plate!), mais je n'en aurais probablement pas parlé dans le QL. Après tout, dans un monde où la culture se financerait autrement qu'avec mon fric, je n'aurais rien à redire de cinéastes qui réaliseraient de tels films et de gens qui paieraient pour aller les voir. Mais comme mon argent sert à financer, entre autres, ces films plates et qu'en plus on tente de me convaincre que nos produits culturels me définissent en tant que Québécois... j'ai écris ce que vous avez lu. Je n'ai surtout pas besoin de films « songés » comme le Crabe pour me définir et je ne sens pas le besoin de me faire raconter des histoires plates sous prétexte que ce sont mes histoires. 
  
          Ceci dit, vous défendez le cinéaste et son produit « en introduisant l'idée que la base du récit puisse justement être l'inaction ». Je n'ai rien contre l'inaction au cinéma – je la recherche parfois. J'aime le cinéma d'auteur français, pour ne nommer que celui-là, parce que justement il met souvent en scène l'inaction. La vie au quotidien. Sauf que même s'il ne se passe pas grand-chose dans les films français, ce pas grand-chose est raconté avec finesse et intelligence. Parce que s'il ne se passe rien à l'écran – règle d'or s'il en est une –, il faut à tout le moins que l'attention du spectateur soit maintenue. La belle musique, les belles images, les belles personnes, c'est bien plaisant, mais ça fait son temps. Vient un moment où le spectateur (surtout l'amateur de cinéma d'auteur) veut être stimulé autrement que visuellement. Entre autre, intellectuellement. 
  
          Dans les films français donc, même s'il ne se passe pas grand-chose, on peut habituellement se rabattre sur des dialogues intelligents, des tournures de phrases réfléchies, un sens de la répartie aiguisée, des allusions bien placées, etc. Peut-être est-ce seulement une impression, mais l'inaction semble moins banale lorsqu'elle est bien enrobée. La petite vie au quotidien semble moins ennuyeuse lorsqu'elle est bien racontée. Et il ne s'agit pas ici d'une simple question de « bien parlé » français vs « joual » québécois – la qualité de la langue de nos films s'est grandement améliorée depuis les années 70. C'est davantage une question de personnages exhibant une certaine culture générale et des préoccupations autres que bêtement personnelles (les leurs) vs d'autres qui semblent n'avoir aucune culture générale et dont les préoccupations sont uniquement personnelles (les nôtres). 
    
          Vous dites que le Crabe est « l'illustration très juste » de la société dans laquelle vous vous retrouvez. Comme il s'agit ici d'une fiction et non d'un documentaire, y a-t-il un quelconque intérêt à montrer cette vacuité intellectuelle over and over again? J'en doute. Et à voir les entrées que génèrent ces films au box office, plusieurs pensent comme moi. Vous touchez peut-être un point par contre quand vous dites que les gens s'évertuent à faire des films qui n'ont pas d'histoire probablement parce que la majorité des gens n'ont pas d'histoire et que la société québécoise telle que vous la connaissez depuis votre naissance n'a plus beaucoup d'histoire. Est-ce parce que l'intelligentsia québécoise a rejeté du revers de la main toute l'histoire « pré-Révolution Tranquille » du Québec – parce qu'il s'agissait là d'une période dite de Grande Noirceur – pour ne garder que les récentes années? L'idée vaudrait la peine d'être approfondie. 
  
          Un point en terminant, lorsque j'ai écrit des personnages de films québécois qu'ils « déplacent de l'air, s'agitent, courent après leur queue, mais ne font rien qui laisserait entrevoir qu'ils sont conscients d'un quelconque dessein plus grand qu'eux », j'aurais peut-être dû employé le terme « réalité » plutôt que « dessein ». Et pour répondre à votre question, oui je suis conscient d'une réalité plus grande que ma propre petite réalité personnelle. Comme la plupart des gens qui vivent dans la vraie vie, par opposition à l'univers cinématographique québécois, je suis capable de mettre les choses en perspective et de me questionner sur autre chose que mes petites préoccupations personnelles et anecdotiques.  
  
          L'art doit nous interpeller, nous faire réfléchir, nous remettre en question. Si le cinéma est véritablement le 7e art, il ne fait rien de tout cela ici – en tout cas, pas souvent. Doit-on voir là un déficit de culture ou d'histoire? Je l'ignore. 
  
          Bien à vous, 
  
G. G.
 
 
 
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