Montréal, 7 juin 2003  /  No 125  
 
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Alain Thomas est chroniqueur depuis 2001 à l'Après-Rupture. Il intervient dans diférents dossiers qui touchent la condition masculine où les injustices sont présentes. Il défend le droit des enfants et des pères ainsi que l'égalité homme-femme. Il est lui-même père de deux adolescents.
 
OPINION
 
CONDITION FÉMININE CANADA
VEUT RELANCER L'INQUISITION
 
 par Alain Thomas
  
  
          Depuis quelques mois, on ose dans les médias et un peu partout donner un peu d'attention aux garçons. On ose donner un peu la parole aux hommes alors que les revendications féministes dominaient les débats publics depuis trente ans. On ose remettre en question un mouvement social juste qui a été récupéré par certaines pour en faire une idéologie, voire un dogme. Certains et certaines osent poser des questions qui dérangent le dogme qui s'est installé à la place du mouvement qu'elles ne reconnaissent plus tout à fait. La remise en question a fait bondir dans une rage à peine contrôlée des organismes comme celui mentionné en titre. Les injustices de plus en plus flagrantes et leur attitude ayant été démasquées, elles n'ont plus d'autres arguments que la tentative de censure ainsi que des attaques gratuites qui ressemblent assez étrangement à l'inquisition.
 
Féminisme extrême 
  
          Condition féminine Canada a grassement commandité la chaire d'étude féministe Bonenfant de l'Université Laval, dont la titulaire est Pierrette Bouchard. Prétextant des recherches sur le décrochage scolaire des garçons, les études ont plutôt servi à monter un dossier de dix ans pour tenter de discréditer et de détruire tout élément venant de groupes de pères et d'hommes(1). Et on accuse ces mêmes groupes de se servir du décrochage des garçons comme « catalyseur ». Je n'ai pourtant pas eu vent de subventions accordées aux groupes d'hommes/pères pour faire des recherches sur le sujet. Je vois toujours des groupes de femmes justifier leurs demandes par la violence et la pauvreté qu'elles et « leurs enfants subissent » aux mains des hommes et de leur « patriarcat ». 
  
          Un tel acharnement ne révèle-t-il pas une haine du genre masculin? Est-ce le genre de féminisme qu'on veut appuyer? On recommande d'aider plus les filles alors que la situation des garçons empire. Quand on soumet une recherche dont le titre est Aider les garçons ou en finir avec le féminisme, doit-on croire que derrière le sophisme grossier qu'illustre ce faux dilemme on vise une égalité hommes/femmes? Si un groupe de pères ou d'hommes commanditait une étude ayant pour titre Aider les filles, ou en finir avec la démocratie, la réaction serait on ne peut plus violente. Pourquoi aider les garçons, les hommes serait-il une menace pour les femmes et leurs acquis? Pourquoi ne peut-on pas faire les deux et permettre aux hommes de faire leur prise de conscience et de prendre en main leur paternité sans en imposer une définition féminine?  
  
          Condition féminine Canada recommande rien de moins qu'une enquête internationale sur les groupes masculinistes, la suppression de la majorité de sites de pères/d'hommes et la mise sous surveillance des autres, non seulement ici au Canada, mais aux États-Unis, en Europe et dans le monde! Bonsoir la liberté, bienvenue au totalitarisme! Comme quoi Condition féminine Canada ne souffre pas de modestie. Pourquoi ne pas soumettre sa volonté partout dans le monde? Et de quel droit? Ceux et celles qui ont osé remettre en question les dérapages et injustices qui découlent d'une partie d'un certain discours féministe extrême se font traiter comme des criminels(les). Comment osons-nous remettre en question ce sacro-saint mouvement, même en partie? Devons-nous avoir foi sans condition, prêter serment d'allégeance à un mouvement et accepter les injustices sous prétextes de vouloir en régler d'autres?  
  
          De plus, Condition féminine Canada demande l'amendement du Code criminel canadien pour inscrire spécifiquement le mot « femme » dans la notion de « crime haineux » et élargir ainsi le champ d'application de ce crime! Pourtant la définition de crime haineux de notre Code criminel est déjà large et s'applique à tous(tes). Il ne peut être considéré sur la base d'un seul sexe, ce qui serait justement le contraire du but visé par le code, soit celui de ne pas faire de distinction et d'isoler des groupes. En favorisant une distinction d'un groupe en particulier il ne traiterait plus personne sur un même pied d'égalité. Ensuite l'organisme gouvernemental demande des fonds publics sous forme de subventions pour poursuivre en justice les membres des groupes d'hommes/pères pour crime haineux envers les femmes. Aurai-je droit à des vacances aux frais de la Reine, pardon, des contribuables? 
  
Plus ça change... 
  
          L'Inquisition (du dérivé latin « inquisitio », « recherche, enquête », à l'époque classique, et « interrogatoire de témoins, poursuite, procès », en latin médiéval) est créée dans les années 1231-1233 par le pape Grégoire IX. Elle a pour mission d'enquêter sur la foi partout où elle est menacée par une hérésie, faute suprême, crime de lèse-majesté. Les moyens exorbitants mis à sa disposition sont à la mesure de la gravité de l'offense faite à Dieu et l'Église 
  
          La situation actuelle ressemble à cette période – il suffit de remplacer le pape par « gouvernement » et l'Inquisition par Condition féminine Canada. Quant aux moyens à leur disposition, des groupes d'hommes/pères ont colligé des informations selon lesquelles il est versé 1,5 milliard de dollars chaque année pour les seules maisons d'aide pour femmes au Canada. Ils ont dû avoir recours à la commission d'accès à l'information pour savoir comment ces groupes utilisent les fonds publics sans contrôle. On ne sait pas encore de combien dispose pour la recherche, dans une enveloppe discrétionnaire, Condition féminine Canada, le Conseil du statut de la femme, la Fédération des femmes du Québec, etc. Comparés aux moyens mis à la disposition des groupes d'hommes/pères, il s'agit de moyens exorbitants, voire extraordinaires. 
  
     « Ceux et celles qui ont osé remettre en question les dérapages et injustices qui se développent avec une partie d'un certain discours féministe extrême se font traiter comme des criminels(les). Comment osons-nous remettre en question ce sacro-saint mouvement, même en partie? »
 
          L'Inquisition était une institution judiciaire, un tribunal créé au Moyen Âge par la papauté, afin de rechercher, juger et condamner les personnes coupables d'hérésie. Dans l'Église primitive, la punition habituelle pour l'hérésie était l'excommunication. Doit-on y voir la recherche d'hérétiques par Condition féminine Canada, l'éloignement des hommes de la famille, du Web, etc., demandé par certains groupes de femmes? Tout comme le christianisme l'a été, ce genre de féminisme extrême est devenu religion d'État. Les hérétiques furent considérés comme des ennemis de l'État, surtout dans les périodes où les dirigeants déclaraient l'ordre public menacé. En fait, les injustices de plus en plus visibles ne leur laissaient plus que ce recours. Les inquisiteurs furent choisis presque exclusivement pour leur allégeance. 
  
          Chaque tribunal était constitué de deux inquisiteurs avec pouvoir identique, conféré par le pape et aidés par des assistants, notaires, police et des conseillers. Ils pouvaient excommunier même des princes, les inquisiteurs étant des personnages très puissants.  
  
          Les inquisiteurs ordonnaient que tous les coupables d'hérésie se présentent de leur gré. Les inquisiteurs pouvaient poursuivre eux-mêmes toute personne suspecte. Des punitions moins sévères étaient infligées à ceux qui se présentaient et confessaient leur hérésie qu'à ceux qui devaient être recherchés pour être jugés. Les accusés devaient répondre aux accusations après avoir prêté serment, devenant ainsi leurs propres accusateurs. Deux témoignages étaient considérés en général comme une preuve de culpabilité. 
  
          Les inquisiteurs étaient entourés en général d'une sorte de jury composé de laïcs et de membres du clergé pour les aider à prononcer des verdicts. Alors que l'Inquisition à ses débuts avait pour cible les albigeois et dans une moindre mesure les vaudois, elle étendit ensuite ses activités à d'autres groupes hétérodoxes comme les fraticelles, puis les sorcières et les devins. Vers la fin du Moyen Âge, des princes séculiers utilisèrent des moyens de répression semblables à ceux de l'Inquisition. Voilà pour la leçon d'histoire. 
  
Il est dénoncé 
  
          La désinformation en ce qui concerne les propos tenus par les groupes d'hommes/pères est bien présente. À part quelques cas extrémistes isolés, je n'ai pourtant rien vu qui remette en question ou tente de détruire les acquis des femmes par le féminisme. Ce qui est de plus en plus dénoncé, c'est le manque de ressources, d'aide, de support pour les garçons et les hommes. C'est qu'on ne peut plus comparer la situation des femmes d'ici à celles d'ailleurs dans le monde ou du passé. C'est un certain discours qui tente de faire valoir l'équation homme/bourreau et femme/victime. C'est la vision unique de la violence, de la pauvreté, de la souffrance, comme si les garçons et les hommes ne souffraient pas, ne travaillaient pas au salaire minimum, n'étaient pas enrôlés comme enfants soldats, n'étaient jamais abusés. Nous ne sommes pas les seuls responsables de tous les maux des femmes, des filles et de la planète.  
  
          Certaines militantes féministes ne sont pas d'accord avec le fait que des secteurs d'activité soient majoritairement masculins alors qu'il semble normal que d'autres soient majoritairement féminins. Elles crient aux stéréotypes, niant le libre choix qui peut s'exercer. Elles demandent qu'un minimum de 50% de places soit réservées aux femmes, un minimum, c'est-à-dire qu'il n'y a rien de mal si un secteur compte plus de 50% de femmes. Ce n'est pas comme les hommes, on applaudira ces « pionnières » alors qu'on crie à la domination dans la situation contraire. On dénoncera les anti-féministes hérétiques qui oseraient demander pareil traitement pour les hommes en milieu féminin.  
  
          Je sais bien que maintenant on m'étiquettera, à Condition féminine Canada, dans la colonne des hérétiques qui commettent des crimes haineux. Allez-y donc, vous ne faites que montrer votre vrai visage et donner raison aux plus extrêmes. Je prendrais bien un de ces bungalows de centre de détention pour femmes, surtout avec la crise du logement. Oh! Vous devrez alors prendre en charge mes deux enfants. Aurai-je des accès en prison comme beaucoup de mères? 
 
 
1. Voir la publication de CFC intitulée La réussite scolaire comparée selon le sexe: catalyseur des discours masculinistes>> 
 
 
 
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