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Montréal, 16 août 2003 / No 127 |
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par
Pascal Salin
Le débat actuel sur la politique budgétaire et le pacte de stabilité et de croissance européen est rempli de contradictions. La raison profonde en est probablement la confusion qui règne dans les esprits au niveau théorique. On rencontre en effet dans ce débat des bribes d'approches diverses où se combinent de manière incohérente la tentation du recours aux recettes d'inspiration keynésienne et l'orthodoxie budgétaire. Il en résulte des contradictions à deux niveaux: |
Malheureusement, l'affirmation selon laquelle il convient de poursuivre la baisse des impôts et des charges semble être en contradiction avec une autre affirmation constante du gouvernement français, selon laquelle cette baisse ne pourra être poursuivie de manière significative que si la croissance est importante. Ainsi, on reconnaît que la décrue fiscale peut permettre la relance économique, mais on prétend en même temps qu'elle n'est possible que si la relance économique a eu lieu! Il est évident que la politique budgétaire française manque singulièrement de lisibilité: elle prétend respecter les critères du pacte de stabilité et de croissance européen, tout en en demandant l'assouplissement; elle semble refuser une approche purement keynésienne, tout en ignorant superbement les enseignements de l'économie de l'offre!
Le débat sur le déficit budgétaire et le pacte de stabilité et de croissance permet d'illustrer une caractéristique constante des politiques économiques, à savoir que leurs objectifs sont le plus souvent déterminés de manière arbitraire. Comment peut-on défendre l'idée que le déficit budgétaire ne doit pas être supérieur à 3% si l'on n'a pas d'abord précisé le rôle joué par ce déficit et les raisons pour lesquelles il pourrait être souhaitable de le limiter? Un pacte dénué de sens Ainsi, ceux qui sont opposés aux déficits budgétaires invoquent souvent le fait que celui-ci provoquerait une augmentation du taux d'intérêt. Mais cet argument n'est pas recevable. Tout d'abord, le marché de l'épargne prêtable est un marché mondial et le fait que le déficit budgétaire français puisse passer, par exemple, de 3 à 4% est sans importance de ce point de vue. Au demeurant il est injustifié de faire de la valeur du taux d'intérêt un objectif de politique économique. En effet, supposons qu'un très grand nombre de grandes entreprises désirent financer des projets d'investissement très rentables par l'emprunt. Cette augmentation de la demande privée de fonds prêtables fait augmenter le taux d'intérêt. Mais cette augmentation n'est qu'une conséquence de la poursuite d'objectifs légitimes et désirés. La variation du taux d'intérêt ne peut, par elle-même, être considérée comme un objectif collectif. De la même manière, si un déficit public permettait de financer un projet public à très fort rendement, la hausse de taux d'intérêt qui en résulterait éventuellement serait désirable, dans la mesure où l'objectif poursuivi serait désirable. Si, par contre, ce déficit devait servir à financer des dépenses publiques à faible rendement, il ne serait pas désirable. Or, comme nous avons déjà eu l'occasion de le souligner (voir FAUT-IL OUBLIER LE PACTE DE STABILITÉ?, le QL, no 114), la baisse des taux d'impôts les plus désincitatifs constitue probablement le meilleur des investissements publics dans la France d'aujourd'hui. En réalité, l'erreur généralement commise dans les raisonnements concernant la politique économique consiste à adopter une approche différente de celle qui est adoptée spontanément dans leurs décisions par les individus. Ainsi, un entrepreneur estimera justifié d'emprunter (c'est-à-dire d'avoir un Ainsi le pacte de stabilité et de croissance est dénué de sens, d'une part parce qu'il fixe des objectifs de déficit budgétaire arbitraires, sans aucune justification théorique, d'autre part parce qu'il impose cette même règle arbitraire à tous les pays, alors qu'il n'existe aucune raison de Il n'y a en effet aucun lien logique entre le fait d'utiliser la même monnaie – l'euro – et le fait d'avoir le même pourcentage de déficit budgétaire. N'assurant ni la stabilité ni la croissance, le pacte de stabilité et de croissance devrait donc disparaître. Cependant, une telle disparition ne devrait certes pas être interprétée comme un appel à pratiquer des déficits démesurés, mais plutôt comme un appel à la recherche d'une meilleure évaluation des politiques publiques.
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