Montréal, le 21 février 1998
Numéro 0 Édition-pilote
 
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DIRECTEUR 
Martin Masse 

ÉDITEUR 
Gilles Guénette 

CHRONIQUEUR 
Pierre Desrochers 

COLLABORATRICE 
Claire Joly 
 
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ÉDITORIAL
  
LE VIRAGE AMBULATOIRE:
DES SOINS DE SANTÉ DE QUALITÉ 
POUR LES VACHES ET LES COCHONS

          On s'étonne ces jours-ci de voir les histoires d'horreur qui s'accumulent dans la santé à la suite du virage ambulatoire: manque de fonds, de lits et de personnels, urgences débordées, listes d'attente qui s'allongent pour les interventions chirurgicales, etc. Et pourtant, ces conséquences sont parfaitement prévisibles lorsqu'on tente de réformer bureaucratiquement un système déjà bureaucratique, dans le but non pas de répondre aux demandes des citoyens mais plutôt d'atteindre des objectifs financiers et administratifs sans relation avec la santé.   

Un véritable virage 

          Un véritable virage ambulatoire, répondant aux priorités des malades plutôt qu'à celles des politiciens, aurait pu par contre avoir lieu si on avait permis au docteur Chaoulli de poursuivre sa pratique de visites à domicile, au lieu de le harceler comme la RAMQ vient de le faire.   
 
          Le docteur Chaoulli s'est fait connaître par la grève de la faim qu'il a entreprise l'année dernière pour obtenir le droit de pratiquer une médecine d'urgence à domicile. Depuis, il s'est doté d'un véhicule équipé d'appareils perfectionnés pour faire des radiographies, analyses sanguines et autres opérations médicales mineures à la maison.   
 
          Qu'on pense aux avantages. Une personne âgée avec autonomie réduite tombe et croit s'être fracturé une hanche. Au lieu de la transporter à l'hôpital en ambulance, de la faire attendre plusieurs heures en jaquette pour une radiographie dans une urgence débordée, à des coûts astronomiques, pour se rendre peut-être compte par la suite qu'il n'y a rien de grave, M. Chaoulli peut faire le même exercice à une fraction des coûts.   
 
          Le hic, c'est que ce genre de service adapté fait concurrence à notre bon système « universel et gratuit ». La RAMQ a donc interdit au docteur de se servir de son appareil de radiographie, à cause de prétendus dangers pour l'entourage à domicile. Et cela, même si l'appareil a été approuvé et est utilisé sans problème chez nos voisins du sud.   
 
Assurances privées interdites 
 
          M. Chaoulli doit faire face à un autre obstacle plus important. Au Québec, il est bien sûr impossible d'avoir recours à des assurances privées pour couvrir les soins assurés par le système étatisé. Il n'y a pourtant rien de sorcier à cela: ceux qui font appel à la Croix bleue pour s'assurer lors de voyages à l'étranger savent qu'un système d'assurances privées peut fonctionner efficacement et à des coûts très acceptables.   
 
          Le docteur Chaoulli doit donc facturer le plein montant à ses malades pour ses services – environ 80$ par visite. Comme il l'expliquait lors d'une entrevue à CKAC, le docteur n'aime pas faire une médecine pour les riches seulement. À la suite de ses déboires bureaucratiques et financiers, il a donc décidé de vendre sa fourgonnette médicale. Il a également déposé une requête en Cour supérieure contestant les lois qui empêchent la vente d'assurances privées pour des services de santé couverts par la RAMQ.   
 
          Voilà un autre exemple concret de ce qui se produit lorsque le gouvernement contrôle la prestation d'un service et empêche le secteur privé d'y participer. Le problème est exactement le même que celui qui forçait les Soviétiques à faire la queue pour acheter du mauvais pain dans les boulangeries d'État.   
 
Le rôle du secteur privé 
 
          Au contraire de ce que prétendent les bonnes âmes qui défendent le système actuel, un plus grand rôle pour le secteur privé ne résulterait pas nécessairement en une médecine à deux vitesses, une pour les riches et une pour les pauvres. Un service privé comme celui du docteur Chaoulli pourrait facilement être généralisé et accessible à tous pour quelques dollars par mois. Qui peut douter que s'ils avaient le choix, une bonne proportion de citoyens opteraient pour une visite du médecin, malgré les coûts supplémentaires, au lieu de se retrouver dans une urgence engorgée? Le gouvernement craint peut-être que les gens ne quittent massivement « le meilleur système de santé au monde! »   
 
          La logique actuelle du système étatisé fait donc en sorte que, ou bien seuls les riches peuvent s'offrir un service efficace, ou bien celui-ci n'est simplement pas disponible. Pas disponible – c'est-à-dire pour les humains. Le docteur a mis son unité mobile en vente et l'offre à des vétérinaires. Ceux-ci, en effet, peuvent se servir de l'appareil de radiographie portatif sur les animaux et travaillent dans un cadre encore relativement libre. Grâce au ministre Rochon, le virage ambulatoire aura ainsi eu au moins un effet positif: des soins de qualité à domicile pour les vaches et les cochons!   
 
 

Martin Masse
 (N.B. Ce texte a été écrit en novembre 1997)
 
 
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