page précédente
Vos
commentaires
DIRECTEUR
Martin
Masse
ÉDITEUR
Gilles
Guénette
CHRONIQUEUR
Pierre
Desrochers
COLLABORATRICE
Claire
Joly
POUR NOUS REJOINDRE
NOTRE PHILOSOPHIE
NUMÉROS PRÉCÉDENTS
LIENS LIBERTARIENS
LA PAGE DU DIRECTEUR
LE
QUÉBÉCOIS LIBRE sollicite des textes
d'opinion qui défendent un point de vue libertarien sur n'importe
quel sujet d'actualité. Les textes doivent avoir entre 700 et 1200
mots. Prière d'inclure votre titre ou profession, ainsi que le village
ou la ville où vous habitez.
ABONNEMENT GRATUIT
Ajoutez votre nom
à notre liste d'envoi
pour recevoir un message contenant le sommaire et un hyperlien vers le
QUÉBÉCOIS LIBRE dès sa parution.
Les articles publiés
dans LE QUÉBÉCOIS LIBRE partagent une philosophie générale
mais les opinions spécifiques qui y sont exprimées sont la
responsabilité de leurs auteurs.
|
|
ÉDITORIAL
LE
VIRAGE AMBULATOIRE:
DES
SOINS DE SANTÉ DE QUALITÉ
POUR
LES VACHES ET LES COCHONS
On s'étonne ces jours-ci de voir les
histoires d'horreur qui s'accumulent dans la santé à la suite
du virage ambulatoire: manque de fonds, de lits et de personnels, urgences
débordées, listes d'attente qui s'allongent pour les interventions
chirurgicales, etc. Et pourtant, ces conséquences sont parfaitement
prévisibles lorsqu'on tente de réformer bureaucratiquement
un système déjà bureaucratique, dans le but non pas
de répondre aux demandes des citoyens mais plutôt d'atteindre
des objectifs financiers et administratifs sans relation avec la santé.
Un véritable virage
Un véritable virage ambulatoire,
répondant aux priorités des malades plutôt qu'à
celles des politiciens, aurait pu par contre avoir lieu si on avait permis
au docteur Chaoulli de poursuivre sa pratique de visites à domicile,
au lieu de le harceler comme la RAMQ vient de le faire.
Le docteur Chaoulli s'est fait connaître par la grève de la
faim qu'il a entreprise l'année dernière pour obtenir le
droit de pratiquer une médecine d'urgence à domicile. Depuis,
il s'est doté d'un véhicule équipé d'appareils
perfectionnés pour faire des radiographies, analyses sanguines et
autres opérations médicales mineures à la maison.
Qu'on pense aux avantages. Une personne âgée avec autonomie
réduite tombe et croit s'être fracturé une hanche.
Au lieu de la transporter à l'hôpital en ambulance, de la
faire attendre plusieurs heures en jaquette pour une radiographie dans
une urgence débordée, à des coûts astronomiques,
pour se rendre peut-être compte par la suite qu'il n'y a rien de
grave, M. Chaoulli peut faire le même exercice à une fraction
des coûts.
Le hic, c'est que ce genre de service adapté fait concurrence à
notre bon système « universel et gratuit
». La RAMQ a donc interdit au docteur de se servir de son
appareil de radiographie, à cause de prétendus dangers pour
l'entourage à domicile. Et cela, même si l'appareil a été
approuvé et est utilisé sans problème chez nos voisins
du sud.
Assurances privées interdites
M. Chaoulli doit faire face à un autre obstacle plus important.
Au Québec, il est bien sûr impossible d'avoir recours à
des assurances privées pour couvrir les soins assurés par
le système étatisé. Il n'y a pourtant rien de sorcier
à cela: ceux qui font appel à la Croix bleue pour s'assurer
lors de voyages à l'étranger savent qu'un système
d'assurances privées peut fonctionner efficacement et à des
coûts très acceptables.
Le docteur Chaoulli doit donc facturer le plein montant à ses malades
pour ses services – environ 80$ par visite. Comme il l'expliquait lors
d'une entrevue à CKAC, le docteur n'aime pas faire une médecine
pour les riches seulement. À la suite de ses déboires bureaucratiques
et financiers, il a donc décidé de vendre sa fourgonnette
médicale. Il a également déposé une requête
en Cour supérieure contestant les lois qui empêchent la vente
d'assurances privées pour des services de santé couverts
par la RAMQ.
Voilà un autre exemple concret de ce qui se produit lorsque le gouvernement
contrôle la prestation d'un service et empêche le secteur privé
d'y participer. Le problème est exactement le même que celui
qui forçait les Soviétiques à faire la queue pour
acheter du mauvais pain dans les boulangeries d'État.
Le rôle du secteur privé
Au contraire de ce que prétendent
les bonnes âmes qui défendent le système actuel, un
plus grand rôle pour le secteur privé ne résulterait
pas nécessairement en une médecine à deux vitesses,
une pour les riches et une pour les pauvres. Un service privé comme
celui du docteur Chaoulli pourrait facilement être généralisé
et accessible à tous pour quelques dollars par mois. Qui peut douter
que s'ils avaient le choix, une bonne proportion de citoyens opteraient
pour une visite du médecin, malgré les coûts supplémentaires,
au lieu de se retrouver dans une urgence engorgée? Le gouvernement
craint peut-être que les gens ne quittent massivement «
le meilleur système de santé au monde! »
La logique actuelle du système étatisé fait donc en
sorte que, ou bien seuls les riches peuvent s'offrir un service efficace,
ou bien celui-ci n'est simplement pas disponible. Pas disponible – c'est-à-dire
pour les humains. Le docteur a mis son unité mobile en vente et
l'offre à des vétérinaires. Ceux-ci, en effet, peuvent
se servir de l'appareil de radiographie portatif sur les animaux et travaillent
dans un cadre encore relativement libre. Grâce au ministre Rochon,
le virage ambulatoire aura ainsi eu au moins un effet positif: des soins
de qualité à domicile pour les vaches et les cochons!
Martin Masse
(N.B. Ce
texte a été écrit en novembre 1997)
|