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L'échec des subventions au développement régional est universel. On en est même venu à questionner les mérites du Plan Marshall, ce vaste programme américain pour relever l'Europe de ses ruines après la Seconde guerre mondiale et qui a servi de modèle à tout ce qui est venu par la suite. On a depuis constaté que seules les régions prospères avant la guerre l'ont été après cette injection massive d'investissements. Le plan Marshall n'a en effet jamais réussi à stimuler de façon durable les zones européennes stagnantes. En fait, comme l'a souligné l'économiste Tyler Cowen de l'université George Mason, les régions d'Europe de l'Ouest n'ayant pas bénéficié du Plan Marshall se sont avérées plus prospères que les zones ciblées par les fonctionnaires américains. La popularité des subventions demeure toutefois très grande auprès des électeurs, car investir des sommes considérables dans des mégaprojets frappe toujours l'imagination. Les journalistes s'empressent alors de relayer les On ne réalise toutefois pas que l'argent investi dans le pont de la Confédération ou dans les aciéries du Cap Breton n'est plus disponible pour d'autres projets. Peu de gens se rendent compte que tous les investissements, les bons comme les mauvais, génèrent des emplois à court terme. Un bon investissement contribue cependant à produire quelque chose de nouveau, de meilleure qualité ou de moindre coût répondant aux attentes et à la capacité de payer des consommateurs. Il contribue par le fait même à créer de la richesse à plus long terme, qui peut être réinvestie dans de nouveaux projets. Le développement économique viable est un processus reposant sur l'épargne et l'investissement productif de la richesse que l'on crée. Tout ceci s'applique rarement aux investissements des gouvernements. Bien sûr, les investisseurs privés font aussi des erreurs. Ils sont toutefois dans l'obligation de les corriger et d'être constamment à la recherche des meilleures occasions d'affaires s'ils veulent que leurs investissement soient rentables. Les subventions au développement régional n'obéissent pas, elles, à la même logique. Elles ne sont pas administrées par des gens dont l'emploi est directement relié au rendement de leurs investissements. Il est donc tout à fait normal qu'elles aillent à des projets ayant d'autres objectifs que la rentabilité. Elles sont le plus souvent motivées par des considérations politiques ou électoralistes. Que les subventions soient Pierre Desrochers
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