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FRANCOFÊTE 98
LA FIERTÉ TÉLÉGUIDÉE
Une foule d'activités se sont déroulées cette semaine
dans le cadre de l'édition 1998 de la Francofête. «
Partout, aux quatre coins du Québec »,
nous avait-on annoncé, « dans les milieux de
travail, dans les écoles, dans les organismes publics et dans les
associations, ce sera la fête de la langue française et de
la francophonie. » (...) « Un événement
signé Fierté ! »
Qui donc a eu envie de célébrer avec éclat la langue
française ces derniers jours? Ce bon nombre de Québécois
qui ne peuvent utiliser leur langue maternelle sans restriction dans l'affichage
commercial, ainsi que dans plusieurs autres domaines? Bien sûr que
non. Parmi les fêtards, on retrouve plutôt les nombreux sauveurs
inspirés de notre société, qui se sont donné
comme mission d'assurer la pérennité du « fait
français » en Amérique du Nord. Rien de
moins. Des gens éclairés, comme les sympathisants de la SSJBM
par exemple, qui adhèrent à cette devise condescendante qu'est
« rendre le peuple meilleur ». Décidémment,
les bergers pullulent dans notre société, les moutons aussi.
Il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir. Le gouvernement provincial
continue d'appliquer une loi linguistique honteuse au nom de tous les francophones
du Québec. Il perpétue ainsi une attitude de peuple complexé,
de laquelle il affirme justement nous avoir libérés. Pendant
ce temps, les bureaucrates élaborent des politiques de francisation
ou concoctent des Francofêtes. Ce genre d'événement
« rassembleur de toutes les énergies »
est financé avec les taxes payées par l'ensemble des contribuables,
anglophones et allophones inclus.
Propagande maladroite et infantilisante
Les festivités ressemblent en plus à une campagne de propagande
maladroite et infantilisante. Il ne suffit pas d'utiliser la langue officielle
au travail, à la maison ou dans la publicité; il faut maintenant
s'exprimer selon les normes de qualité définies par les détenteurs
du monopole du « bon » français au Québec,
l'élite nationaliste et ses disciples. Connaissez-vous Infolangue,
une revue « d'information » publiée par
l'OLF? Il n'y a qu'à regarder autour de nous pour constater qu'une
véritable industrie de la protection et de la promotion du français
s'est développée dans notre belle province au cours des dernières
années. Inutile de préciser à qui elle profite au
point de vue économique, ni de mentionner qu'elle est subventionnée
en presque totalité.
Des initiatives gouvernementales de cet acabit ne parviendront pas à
promouvoir une langue auprès de qui que ce soit. Tout au plus, elles
réussissent à braquer les anglophones et les allophones contre
un gouvernement qui les considère dans les faits comme des étrangers,
contrairement à ce qu'il prétend. Chaque langue vit à
travers les gens qui l'emploient: elle évolue, se réinvente,
s'enrichit d'emprunts, en influence d'autres à son tour. En fin
de compte, l'état du français au Québec dépend
d'abord de la vitalité de la société qui l'utilise,
cette langue. Une société véritablement dynamique
n'est cependant possible que si ses citoyens se rallient, non pas à
un État envahissant et paternaliste, mais plutôt à
cette valeur fondamentale qu'est la liberté. Entraver l'expression
des libertés individuelles, c'est empêcher l'entrepreneurship,
la créativité ou la solidarité réelle de se
développer pleinement. |