(page 3)
L'hégémonie des espèces parasitaires Le parasitologue George Benz résume bien le problème des écologistes en soulignant qu'ils refusent systématiquement d'étudier l'environnement dans sa totalité.(2) Comme il le souligne, on a beau s'émerveiller devant les ours, les loups et les chouettes tachetées, le fait demeure qu'entre la moitié et les deux tiers des espèces vivantes sont des parasites qui rendent misérables la vie de leurs hôtes, lorsqu'ils ne finissent pas par les tuer. Dans la Humans... can carry more than 100 different critters, a veritable smorgasbord of flagellates, amoebas, and ciliates (all protozoans); flatworms, such as tapeworms and trematodes; lice, ticks, and fleas; as well as nematodes, principally hookworms and pinworms.Il est vrai que bon nombre de parasites ne tuent pas leurs hôtes et ne sont pas détectés par l'organisme de leurs porteurs. La plupart sont toutefois nocifs et provoquent toute une série de complications médicales allant de la méningite à la pneumonie en passant par des dommages au cerveau, l'anémie et la dégénérescence des muscles et des organes vitaux. L'étude des parasites est un domaine relativement nouveau en archéologie, mais on compte maintenant un bon nombre Les momies chinchorros, un réquisitoire contre la nature(3) Les Chinchorros étaient une peuplade côtière du nord du Chili qui vécut principalement de la pêche pendant plus de 5000 ans (entre 5500 et 500 ans avant notre ère). Ils s'avèrent aujourd'hui pour deux raisons une source de connaissances sans égal pour les scientifiques. Ils sont d'abord les premiers humains à avoir momifié leurs défunts, plusieurs millénaires avant que les Égyptiens n'adoptent cette pratique. De plus, ils habitaient dans l'un des climats les plus arides de la planète, ce qui a grandement favorisé la conservation de ces momies. L'étude des restes des Chinchorros a été particulièrement révélatrice. Ils avaient beau vivre dans une zone côtière regorgeant de poissons et dans un environnement sans pollution, leur existence n'en était pas moins misérable. Une étude a ainsi révélé que le quart de leurs enfants mourraient avant d'avoir atteint l'âge d'un an; que plus du tiers des survivants étaient affligés d'infections attaquant les os de leurs jambes; qu'une femme chinchorro sur cinq avait des os si poreux que ses vertèbres s'affaissaient sous le poids de sa propre chair. Pour couronner le tout, les Chinchorros vivaient en moyenne vingt-cinq ans. Ces résultats, aussi horribles soient-ils, n'en sont pas moins caractéristiques de tous les autres restes humains de cette période. Ils ne font donc que confirmer ce que les scientifiques savaient déjà. C'est toutefois au niveau de l'étude des parasites affligeant nos ancêtres que l'étude des momies chinchorros est venue bouleverser les idées reçues. Les spécialistes avaient déjà bien documenté le fait que nos ancêtres d'Europe et d'Asie étaient affligés de nombreux parasites. L'archéoparasitologue Karl Reinhard décrit ainsi les Momies sous étude Ce que l'étude des momies chinchorros, de même que de certaines momies découvertes en Alaska, dans le sud des États-Unis et au Pérou,(4) viennent toutefois nous apprendre, c'est que les habitants de l'Amérique précolombienne étaient aussi mal en point que les habitants du reste du globe. Reinhard donne ainsi plusieurs dizaines d'exemples particulièrement répugnants, au nombre desquels on relève que: In the Arctic... humans perished from heart failures as armies of tiny nematodes invaded their muscles. In the Great Basin of the United States, thorny-headed worms pierced the intestinal walls of foragers. And in the South American Andes, protozoans ulcerated and rotted farmers' throats, mouths, and lips... The hard data of paleopathology shows that many people were as sick as dogs.L'étude des momies chinchorros s'est toutefois avérée cruciale pour statuer sur la gravité de la situation, car il est désormais à peu près impossible d'étudier les momies nord-américaines en raison de l'opposition des tribus amérindiennes à cette pratique. (Ce qui est pour le moins étonnant lorsque que l'on sait qu'en raison de nombreuses vagues migratoires, les Amérindiens vivant aujourd'hui sur un territoire n'ont règle générale rien à voir avec les populations y ayant vécu des milliers d'années auparavant. C'est ainsi que les Apaches vivaient dans le Grand Nord Canadien avant de migrer vers l'Arizona il y a plus d'un millier d'années.) La vie du La 1. Robert H. Nelson, Does "Existence Value" Exist? Environmental Economics Encroaches on Religion, The Independent Review 1 (4), 1997, p. 499-521. 2. Benz, le directeur scientifique de l'Aquarium du Tennessee à Chattanooga, est un biologiste spécialisé dans l'étude des poissons et des parasites. L'essentiel de l'information le concernant mentionnée dans cet article est tirée de In the Nose of Jaws par Mark Wheeler (Discover 19 (3), March 1998, p. 36-39). 3. L'information sur les momies chinchorros est tirée de The Sickness of Mummies par Heather Pringle, Discover 19 (12), Décembre 1998, p. 74-83. 4. Selon la journaliste Heather Pringle: In the Aleutian Islands, ancient families dried and stuffed the bodies of prominent men, then placed them in caves heated by volcanic vents where the living could consult them as oracles. In the American Southwest, the cliff-dwelling Anasazi occasionally eviscerated and preserved their dead. And in southern Texas, Arizona, Kentucky, and Tennessee, native societies interred their dead in dry caves, and hundred of these bodies escaped water and decay. Researchers and ranchers in the mesquite and creosote desert of the Lower Pecos in Texas exhumed nearly 150 mummies from caves painted with shamans, panthers, and sn
|