Montréal, le 17 avril 1999
Numéro 35
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
LE FREIN STATISTIQUE
SUR NOS SOCIÉTÉS
  
   
          Depuis la fin du délire guerrier collectif de 1945, notre réalité sociale ne bouge qu'à partir de grandes opérations statistiques qui gouvernent l'ensemble de nos gestes quotidiens. La surveillance statistique exercée nous forge des comportements sur mesure et contamine tout ce qu'elle touche dans ce qu'il y a de plus profondément humain. 
 
          Si l'opération se limitait à fournir aux individus le tableau fidèle de la collectivité dans laquelle ils vivent – et encore là, ce portrait ne peut exister sans un nivelage mathématique mensonger – ce serait une curiosité amusante. Là où ça ne va plus, c'est quand les statistiques deviennent les garants de la dynamique de l'ensemble des actions humaines. Qu'on se souvienne du fameux rapport statistique sur la sexualité des Américains qui module nos vies sexuelles, la moyenne des coïts hebdomadaires fait loi! Qu'on se rappelle la naissance de la société de consommation à partir de la conformité à un modèle économique statistique. Les indices boursiers, les taux de chômage, les barèmes d'occupation en salles d'urgence, le PIB, et la liste exhaustive serait excessivement longue, ne sont que des artifices dont le seul mérite est de procurer du travail aux dépisteurs de tendances. 
 
          Or, il ne faut pas des millions d'individus pour bousculer ces tonnes de colonnes de chiffres et les rendre obsolètes. Suffit, d'un seul individu, un marginal, quelqu'un qu'on a éliminé de la norme de la moyenne. Le drame de la Yougoslavie tient à la tête d'un seul homme. La masse statistique de l'OTAN peut bien déverser tout son arsenal sur la moyenne de la population serbe et nous en faire rapport chaque soir, depuis 1989, cet homme fait tout pour incarner la dynamique de son peuple! 
 
 
          Au Canada, c'est différent, notre premier ministre est le résultat probant d'une réussite statistique, la terne moyenne au pouvoir, et son gouvernement joue le statisme érigé en système. Nous sommes tellement pris dans ce marais conformiste que le Messie arriverait et on finirait bien par le faire entrer dans le rang! 
 
          Sans prôner le culte des marginaux comme norme, ne serait-il pas temps de considérer les maudites tendances lourdes comptabilisées par les statisticiens et les sondeurs comme des banalités à combattre? Qu'est qu'on gagne à entretenir la fausse image des moyennes? À se faire prendre les culottes à terre par une personne ou par un phénomène hors norme. 
 
          Si vous passez votre temps à être, à penser et à faire comme les autres, vous êtes statistiquement appelés à mener une vie plate et sans valeur. Si vous la subissez sereinement, dites-vous bien que la fausse sécurité qui vous fait croire que vous êtes dans le droit chemin va s'écrouler fatalement le jour où on vous fermera les yeux. Vous n'aurez rien laissé, sinon du bois mort à empiler dans des tableaux statistiques. Alors, sortez du rang, diantre! 
 
 
Léo-Gilles Savard
Albanel
 
 


 
 
 
 LES REGROUPEMENTS MUNICIPAUX:
TO BE OR NOT TO BE?
  
  
          Votre point de vue sur l'apport concurrentiel du maintien d'un cadre urbain éclaté tel qu'on le vit au Québec, et notamment dans la région montréalaise, est pertinent (cf. MONTRÉAL: UNE ÎLE, UNE MÉGABUREAUCRATIE?, Le QL no 34). Une décentralisation du pouvoir sur le territoire, par la présence de plusieurs municipalités (donc de représentants), vaut bien, sinon plus, une centralisation qui risque de couper sinon d'amenuiser le lien entre le citoyen et son représentant. 
  
          Toutefois, il ne faut pas rejeter l'idée complètement. Dans certaines localités, surtout en milieu rural ou semi-rural, le procédé de fusion peut comporter des bienfaits, notamment sur la capacité de gestion, par les municipalités, de certains services. De plus, devant le spectacle d'un « paroissialisme » étroit menant à un manque de coopération et de coordination régionale (bien que les MRC tentent de calmer le jeu), il serait pertinent de songer à des regroupements, mais pas en faire une maladie! 
  
          Pour vous citer un cas anodin de vaine dispute municipale, songeons à la lutte entre les villes de Sainte-Foy et de Cap-Rouge à propos d'un règlement sur une plage commune, mais séparée par les frontières de ces deux municipalités. Ainsi, il fut établi par la Ville de Sainte-Foy que les bicyclettes seraient interdites sur cette plage (plage Jacques-Cartier, pour être plus précis) au déplaisir de la Ville de Cap-Rouge qui, elle, permettait un tel accès à ces véhicules. Cela dit, je ne souhaite pas nécessaire le regroupement des deux villes, mais c'est pour vous montrer que dans certains cas, les relations inter-municipales peuvent souffrir de ce « paroissialisme » étroit dont je vous parlais ci-dessus. 
 
          Sans vouloir nuire à la vie démocratique municipale par un regroupement abusif des villes et villages, doit-on s'empêcher de recourrir à cette idée, par excès doctrinaire? 
 
 
Jérôme Ouellet
Ste-Foy
  
Réponse de Martin Masse: 
  
  
Monsieur Ouellet, 
  
          Merci pour cette précision, avec laquelle je suis tout à fait d'accord. Dans les 
régions rurales en effet, certaines petites municipalités auraient peut-être intérêt 
à se fusionner (je pense notamment aux villages où il y a deux conseils municipaux, 
un pour la « paroisse » et un pour la « municipalité »). Dans leurs cas, on ne peut 
certainement pas craindre les excès bureaucratiques mais plutôt les guerres de clocher. 
Les économies d'échelle et la rationalisation des services et des normes locales 
apporteraient sans doute plus d'avantages que d'inconvénients. 
  
          La problématique des villes et villages de quelques milliers d'habitants n'est pas  
la même que celle de l'île de Montréal, où vivent deux millions de personnes et où l'on peut 
à juste titre craindre le gigantisme. Même dans les régions rurales toutefois, je considère 
qu'il revient aux populations locales de décider elles-mêmes de la pertinence ou non 
d'une fusion, et non à la ministre des Affaires municipales et à ses bureaucrates à Québec 
de l'imposer parce que ça cadrerait mieux dans leurs beaux organigrammes.  
   
M.M. 
  
  


 

 

SUR LA BONNE VOIE
 

          Sérieusement, votre torchon est une dégueulasserie atroce de distorsion de l'information. Tous les articles composant la merde qu'est Le Québécois Libre pourraient avoir été écrits par un vieux SS de 92 ans en fuite. Comment osez-vous utiliser le mot liberté? 
  
  

J.-P. Deschesne
  
Réponse de Martin Masse: 
  
  
Cher Monsieur Deschesne, 
  
          Les réactions émotives et irrationnelles sont normales lorsqu'on est confronté à 
des arguments crédibles qui remettent en question nos croyances les plus chères. 
Vous êtes sur la bonne voie, continuez à nous lire et vous finirez par être complètement 
désintoxiqué de vos superstitions gauchistes. 
  
          Bonne chance, 
  
M.M. 
  
  


 
 
 
CALQUE MODÉRATEUR
 
 
Bonjour, 
  
          Au fait le mot « libertarianisme » est carrément un calque, moins un « e », du mot anglais « libertarianism ».  La véritable traduction française de ce mot est, en fait: anarcho-capitalisme. Ce mot est vraiment plus beau que « libertarianisme ». Et de plus, ce mot en dit énormement plus sur le contenu de vos idées. 
 
 
Winston Smith
  
Réponse de Martin Masse: 
  
  
Monsieur Smith, 
 
          Vous avez raison, « libertarianisme » n'est pas un très beau mot et c'est un calque direct 
de l'anglais. Mais comme je l'explique dans notre section « Qu'est-ce que le libertarianisme », 
c'est celui qui exprime avec le moins d'équivoque ce courant de pensée. Et on s'y habitue! 
Nos amis de France qui partagent nos idées continuent à se définir comme libéraux, mais 
ici en Amérique du Nord ce terme n'a décidément plus le même sens. 
  
          Je ne pense pas cependant que le mot « anarcho-capitalisme » soit approprié pour décrire 
notre philosophie. Si j'ai bien saisi l'usage courant dans le monde anglophone, « libertarianism » 
définit le mouvement en général, avec ses multiples variantes plus ou moins radicales; 
ceux qui se considèrent comme anarcho-capitalistes sont les plus « radicaux » (ou cohérents, 
c'est selon), c'est-à-dire qu'ils souhaitent la privatisation de tout ce que fait l'État et sa 
disparition totale. Ils s'inspirent surtout des idées de Murray Rothbart. 
  
          Les autres libertariens plus « modérés » (je me place dans cette catégorie) voient un rôle 
minimal pour l'État et ne souhaitent donc pas sa disparition. La grande majorité des penseurs 
libertariens (tout comme des libertariens en général, si on se fie à un sondage paru dans 
le numéro de février de Liberty Magazine) ne sont pas anarcho-capitalistes si on suit ces 
définitions, mais plutôt des modérés. 
  
M.M. 
 
 
 
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