Montréal, le 14 août 1999 |
Numéro
43
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Tout cela est dans l'ordre des choses, et dans l'ordre d'États de
droit garantissant en théorie la liberté d'association comme
sont censés l'être le Canada et les États-Unis. On
s'associe avec qui l'on veut pour promouvoir les valeurs ou les intérêts
que l'on chérit, et on discrimine contre ceux qui contredisent ou
n'ont rien à voir avec nos buts. Ceux qui ne sont pas d'accord peuvent
toujours aller ailleurs et former leur propre regroupement.
Les dirigeants des Boy Scouts ont décidé qu'il allait à
l'encontre de leurs valeurs et de leur conception de relations humaines
saines au sein de leur organisation de permettre à des animateurs
homosexuels de s'occuper de jeunes garçons. On peut penser qu'il
s'agit d'un préjugé tenace et non fondé qui identifie
homosexuel et pédophile; c'est peut-être le cas, mais ce n'est
pas à nous, ni aux cours, d'en juger. Une organisation privée
devrait avoir le droit de faire ses propres règles, d'avoir son
propre code de fonctionnement, y compris d'entretenir ses propres préjugés.
Les gais qui veulent absolument s'occuper de jeunes scouts (en plus des
hétérosexuels que ça ne dérangent pas) n'ont
qu'à mettre sur pied leur propre organisation parallèle de
scouts, rien ne les en empêche. Grâce à ce principe
de la liberté de chacun de s'associer avec qui il veut, on évite
d'imposer les conceptions d'une majorité – ou d'une minorité
– à tous. Même les goûts ou les intérêts
les plus minoritaires, comme par exemple les clubs privés d'échangistes,
peuvent alors s'exprimer.
Ce qu'on considère comme de la discrimination a nécessairement une dimension subjective et dépend des modes idéologiques du jour comme des forces politiques en présence. Hier, l'État réprimait l'homosexualité, aujourd'hui il en fait presque la promotion; hier, il discriminait contre les Noirs et les Juifs, emprisonnait d'honnêtes immigrants italiens et japonais dans des camps pendant la guerre et cherchait à déraciner la culture autochtone; aujourd'hui, il s'en prend aux fumeurs, aux possesseurs d'armes, aux anglo-Québécois, et à tous ceux qui refusent d'une façon ou d'une autre de se conformer au modèle du bon citoyen selon l'élite nationalo-gauchiste bien-pensante. Plus l'État étend ses tentacules sur la société civile, plus la répression risque de s'abattre sur de nouvelles catégories de moutons noirs officiels. Les gais qui se réjouissent des jugements actuels et croient être à l'abri de la discrimination, maintenant que le pouvoir leur est sympathique, ne pensent manifestement pas aux exactions futures dont ils seront les victimes pour d'autres raisons. Et les choses ne peuvent qu'empirer. De grands pans qui touchent directement la vie privée et les croyances personnelles, comme la santé et l'éducation, sont depuis des décennies maintenant sous la coupe de l'État. Ils sont devenus de véritables champs de bataille où s'affrontent diverses conceptions irréconciliables. Les gauchistes politically correct ne sont d'ailleurs pas les seuls qui veulent imposer leurs vues à tous. Ces derniers jours par exemple, les fondamentalistes religieux majoritaires au Conseil de l'éducation du Kansas ont réussi à voter l'élimination de toute référence à la théorie de l'évolution dans les programmes pédagogiques des écoles publiques. Mais au lieu de reconnaître le pluralisme incontournable de la société, de se retirer et de laisser les gens s'associer librement selon leurs propres croyances, goûts et intérêts, les élites au pouvoir cherchent plutôt à étendre leur mainmise en diluant graduellement le concept de propriété et de sphère privées, et en redéfinissant toute activité sociale comme d' Articles précédents de Martin Masse |
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