Montréal,  18 déc. 1999 - 7 jan. 2000
Numéro 52
 
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ÉCRIVEZ-NOUS
  
  
     Vous n'êtes pas d'accord avec le contenu d'un article? Vous avez une opinion à partager? Vous voulez dénoncer une autre stupidité proférée par nos élites nationalo-étatistes ou souligner une avancée de la liberté?     
 
     LE QUÉBÉCOIS LIBRE publiera toutes les lettres pertinentes. N'oubliez pas d'écrire vos nom et lieu de résidence. We also accept letters in English. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
COURRIER DES LECTEURS
  
IMPLACABLE LE QL!
 
 
          Voici quelques temps que je lis régulièrement les articles que vous publiez sur votre site, et je pense qu'il est grand temps que je vous fasse part de mon opinion. Cela se résume à un seul mot: BRAVO! L'ensemble des articles est en totale osmose avec la pensée libertarienne. D'ailleurs, il me faut reconnaître qu'on peut difficilement mieux faire pour la diffusion de la pensée libertarienne dans la langue française (Eh oui, je suis Français ... donc vous pouvez me comprendre lorsque je vous dis que je me sens un peu isolé là où je suis même si je ne nie pas que nombreux sont les libertariens parmi ceux qui m'entourent à commencer par mes professeurs et mes amis chercheurs). J'habite Aix-en-Provence et je suis actuellement en thèse de Science économique sous la direction de Gérard Bramoullé (La Peste Verte, ed. Iconoclastes) sur la réglementation du délit d'initié. 
  
          Vos articles sont implacables et permettent de mieux montrer aux plus réfractaires l'importance de la liberté individuelle et de la propriété privée (à commencer par la propriété privée de mon propre corps). Vos articles sont inscrits dans le réalité des faits, ils analysent des problèmes réels, ce ne sont pas de longues divagations sur des problèmes philosophiques dont le commun des mortels n'a que faire, pour parler poliment.  
  
          Mais le plus important, c'est que vos articles permettent de comprendre les échecs de l'intervention étatique (par opposition aux échecs de marché ou « market failures »), ils permettent de comprendre que l'intervention de l'État – que cela soit dans l'économie ou dans la société – non seulement ne résout pas des problèmes qui n'en sont pas, mais qui plus est en crée d'autres qui eux en sont réellement. Il serait intéressant de voir ce que vous pensez de la situation de la France qui à mon humble avis semble beaucoup plus catastrophique que la situation du Québec, du Canada ou des États-Unis, bien qu'il semble que cela n'aille pas en s'arrangeant.  
  
          Je vous félicite encore bien que vous n'en ayez pas besoin et j'espère pouvoir un jour avoir les capacités, pour ne pas dire le talent, de diffuser la pensée libertarienne aussi bien que vous le faites. 
  
PS. Je regrette que vous ne censuriez pas certains courriers de lecteurs qui visiblement manquent totalement de savoir-vivre et n'ont aucune notion de ce que veulent dire les mots « politesse » et « respect ». Certes, je suis contre toute censure et je suis d'avis que certains expriment leur opinion, tout comme moi, mais qu'ils le fassent de manière respectueuse et polie. Je fais ici référence notamment au courrier à l'attention de Madame (ou Mademoiselle) Zimmermann (voir ARTICLE PATHÉTIQUE, SUJET SANS FONDEMENT, le QL, no 51).  
  
Alexandre Padilla
 France
 
 

 
 
LES ÊTRES HUMAINS SONT-ILS VENDABLES?
 
 
          J'ai inclu à cette lettre le « Ondes de Choc » de Richard Martineau, texte publié dans la dernière édition de l'hebdo culturel Voir à Montréal. Si je vous ai envoyé ce texte, c'est simplement parce qu'il exprime (dans un texte de meilleure qualité) mes propres craintes à propos du néo-libéralisme qui se résument à trois mots: TOUT EST VENDABLE! 
  
          Avant 1990, les régimes occidentaux vivaient sous la menace communiste, d'où cette guerre froide qui a vu une montée des arsenaux militaires. Mais ce n'était pas tout. Les occidentaux se devaient de montrer à la face du monde que le système capitaliste était humain, vivable. Qu'il permettait au plus petit de prospérer sans risquer de se faire massacrer par les grandes sociétés, exactement ce que les occidentaux reprochaient aux communistes. 
  
          Les adeptes de Lénine avaient monté tout un système de propagande montrant au monde entier la supériorité du communisme: Usines roulant à fond, citoyens heureux, programme spatial grandiose, etc... Aujourd'hui, nous savons que tout celà était faux. C'était du tape-à-l'oeil. Malheureusement, le tape-à-l'oeil se faisait des deux côtés: autant ici en Occident que derrière le Rideau de Fer. 
  
          Et maintenant que la menace communiste s'est évaporée, le capitalisme peut se montrer sous son vrai jour: Un néo-libéralisme (excusez-moi, mais à mes yeux, ce mot a une valeur plus juste que libertarianisme) sans retenue où on a même, il y a 3 ou 4 ans, estimé un prix pour un être humain (je me rappelle notamment qu'on avait « estimé » le prix d'une dame noire du troisième âge vivant dans un taudis à ... 25$) 
  
          Faut-il en conclure qu'en 1990, c'est non pas la chute du Mur de Berlin à laquelle nous avons été témoins mais plutôt celle des masques? 
  
Normand Martel
  
 
Réponse de Martin Masse: 
  
 
Monsieur Martel, 
  
          J'aimerais bien que vous ayez raison et que tout soit, comme vous dites, « vendable ». Ce n'est malheureusement pas le cas, l'État contrôlant à peu près la moitié de l'économie et imposant ses réglèmentations restrictives sur le reste. Contrairement à vous, je ne vois pas du tout en quoi cela serait néfaste. Si tout était vendable, cela voudrait dire que nous aurions une liberté absolue de faire ce que nous souhaitons avec notre corps et nos biens. 
  
          Lorsque vous vous achetez une paire de chaussures, préférez-vous être libre de choisir celle que vous voulez et de payer un prix mutuellement acceptable chez un marchand, ou voudriez-vous plutôt ne pas avoir de choix et qu'un bureaucrate décide pour vous si vous en méritez une, quelle sorte est appropriée et comment la collectivité est prête dans un élan de consensus collectif à débourser les fonds nécessaires? Dans le premier cas, la chaussure est un bien « vendable » et vous êtes libre; dans le second, elle devient un « bien collectif » contrôlé par l'État, et vous êtes un esclave. 
  
          Les libertariens prétendent que si c'est une bonne chose que les chaussures soient un bien « vendable » (i.e., librement produit et échangé sur le marché), il n'y a pas de raisons pour que tous les autres biens et services que nous voulons nous procurer ne le soient pas aussi. La seule norme absolue doit être de respecter la liberté des autres et leur propriété, donc de ne faire que des échanges volontaires. Que peut-il y avoir de mal à ne faire que des transactions acceptées librement par les deux parties et à proscrire les actions coercitives? Pourquoi craignez-vous un monde où personne ne pourra vous obliger à faire quelque chose contre votre gré avec votre corps et vos biens? 
  
          Cet exemple absurde que vous donnez de l'estimation du prix d'une vieille femme noire dans un taudis n'a absolument rien à voir avec le système capitaliste et la liberté. C'est l'équivalent des histoires de fantômes et de monstres que les enfants se racontent pour se faire des peurs. Quelqu'un pourrait-il « acheter » la dame en question ou qui que ce soit contre son gré? Évidemment que non. Je le répète une nouvelle fois: dans un système fondé sur la liberté individuelle, vous faites ce que vous voulez avec votre corps. À l'opposé, dans le système de semi-esclavage dans lequel nous vivons, des gens qui décident de se donner des plaisirs sexuels en groupe se font arrêter par la police et traîner devant les tribunaux comme encore une fois la semaine dernière à Montréal, parce que l'État ne veut pas qu'ils fassent cela avec leur corps. Qu'est-ce qui vous fait le plus peur? Une fable sur le prix hypothétique d'un être humain, ou une réalité où votre corps est à la merci des forces de répression policières? 
  
          Richard Martineau n'est qu'un petit scribouillard nationalo-gauchiste qui n'a rien écrit de pertinent depuis qu'il sévit au magazine Voir, et l'article de lui que vous m'envoyez n'est qu'un ramassis de clichés. M. Martineau, comme la plupart de ses collègues étatistes dans les médias et les universités, n'aime pas que les gens puissent décider ce qui est bon pour eux-mêmes. Il préférerait un monde où une élite éclairée – à laquelle il croit bien sûr appartenir – déciderait de ce qui est bon pour le peuple et de ce qu'il doit faire pour se conformer aux grands idéaux que l'élite a établis par « consensus ». 
  
          Richard Martineau écrit: « Si vous avez les moyens de vous payer un bon avocat, vous pouvez acheter la liberté. Si vous êtes assez fortuné pour déménager dans un paradis fiscal, vous pouvez décupler votre richesse. Et si vous avez un bon coussin à la banque, vous pouvez courir à l'autre bout du monde vous choisir une épouse, une nounou ou un enfant, de la couleur de votre choix. » 
  
          Mais pourquoi donc un avocat est-il nécessaire pour acheter sa liberté aujourd'hui? Parce que c'est la seule façon de contester les montagnes de réglementations que nous impose l'État!! Et pourquoi tant d'investisseurs et de contribuables ordinaires sont-ils donc attirés par les paradis fiscaux? Parce que l'État leur vole plus de la moitié de la richesse qu'ils produisent!! Et qu'est-ce qu'il y a d'épouvantable à aller chercher une épouse, une nounou ou un enfant à l'étranger, si l'épouse est consentante, la nounou y voit une façon d'améliorer son sort, et l'enfant peut grandir dans un environnement normal au lieu d'être abandonné dans un orphelinat décrépit? 
  
          La richesse, l'argent, le fait que des tas de choses restent encore « vendables » malgré l'interventionnisme de l'État, voilà ce qui nous permet d'être plus libre, ce qui maintient la civilisation et ce qui rend la vie plus vivable. À votre place, j'arrêterais de me raconter des histoires de peur et j'essaierais d'en profiter. 
  
          Au plaisir, 
  
M. M.
 
 
 
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