Montréal,  5 février 2000  /  No 55
 
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
À LA LIMITE DU RIDICULE
  
  
          Imaginez-vous, un jour du mois de janvier à Montréal. Il fait presque -40 avec le facteur vent. On paie des sommes faramineuses d'impôts, les gens se meurent dans les salles d'urgences au Québec, un homme meurt de froid assis sur un trottoir en pleurant, on met les gens en prison pour ne pas avoir payé un ticket de stationnement... 
  
          Toutefois, il y a plus d'une centaine de personnes qui sont descendus à la rue pour protester les OGM (Organismes génétiquement modifiés) par une journée pareille!! Oui, les aliments transgéniques! Descendre à la rue et manifester car on nous enlève presque (je suis généreuse) la moitié de nos chèques de paie? ou parce que le gouvernement laisse mourir nos concitoyens dans les couloirs des hôpitaux, ou parce que les grosses têtes partent vivre dans d'autres pays pour bien gagner leurs vies... Ah non! ça non. Ce serait trop exagéré ça! Ici c'est chacun pour soi, ce qui intéresse la collectivité, on en a rien à foutre!  
  
          On ne va pas aller se geler le derrière pour des causes qui ne nous concernent pas directement! Toutefois, on va laisser les lois nous gouverner sur comment on condamnera les fumeurs, sur comment on soignera (ou on ne soignera pas) nos malades, et sur quelle date (généralement en juillet) on commence à travailler pour gagner notre propre fric pour vivre et qu'on en a assez donné aux (oups, les mots ne me viennent plus car je ne sais pas à quoi sert le 30% de mon salaire qui va au gouvernement de cette province!) 
  
Joanne Gagnon
  
  

 
  
CURTAILING OUR RIGHTS
  
 
Greetings Ralph Maddocks,   
    
          I like your writings, especially the article about the lady who was fined in the UK for preaching in public (voir PRECIOUS RIGHT, le QL, no 42). As you are aware, our right to freedom of speech and expression may soon be curtailed in Canada, depending on the outcome of the Supreme Court case on child pornography. The Federal government lawyer in this case, Ms. Cheryl Tobias, argued that the Charter of Rights and Freedoms be restricted for all Canadians, so as to protect children.  
    
          I'm sure Ms.Tobias is well aware of the concept of legal precedent, that if she succeeds in having some of our rights curtailed in one area, the precedent can then be used to further curtail our rights in other areas. I find it amazing that a government lawyer would dare come before the supreme court to argue for the restricting of our rights and freedoms.   
    
          Regards,   
    
Harry Valentine
  
   


    
MIGUÉ DANS LE MILLE
  
  
          Je suis un lecteur assidu des articles de M. Migué et je trouve que cet homme frappe encore une fois en plein dans le mille (voir MENACÉS PAR LA MONDIALISATION?, le QL, no 54). Bravo! 
 
Claude Péclet
Saint-Léonard
  
 


 
SYSTÈME DE SANTÉ MALADE
 
          Je viens de lire l'article « LE MONDE SONT MALADES », et croyez-moi Mme Brigitte Pellerin à bien raison (voir le QL, no 54). Avant les fêtes mon médecin voulait absolument, parce que j'ai 59 ans, me faire vacciner contre la grippe. J'ai refusé.  
  
          Le lendemain du jour de l'an j'avais la grippe. Je me suis soigné comme ma mère me soignait lorsque j'étais jeune. J'ai bu beaucoup de jus d'orange, j'ai pris deux aspirines aux quatre heures et je me suis reposé. Cinq jours plus tard j'étais sur pied. 
 
Pierre Brunet
Shawinigan
          Tout le monde devrait avoir l'occasion de lire Brigitte Pellerin (voir LE MONDE SONT MALADES, le QL, no 54); ça désengorgerait les urgences et ça obligerait les journalistes à se creuser les méninges pour trouver enfin d'autres sujets de reportage. Il doit se passer d'autre chose que du monde malade au Québec? 
  
Continue, je t'admire. 
 
Georges L.
  
 

 
 
 LE PRIX, RÉGULATEUR DE TOUTES CHOSES...
  
  
Bonjour, 

          J'aimerais féciliter Monsieur Masse pour sa démonstration très claire des avantages du prix comme régulateur des ressources limitées dont nous disposons (voir LE CHAOS PLANIFIÉ DANS LES URGENCES, le QL, no 54). Il va sans dire que ce système est probablement le meilleur dont nous disposions pour une majorité de nos besoins et de nos ressources. 
  
          Cependant, dans le cas de la santé comme dans certains autres, il existe certaines distorsions que le système de prix ou de libre marché ne serait pas en mesure de pallier complètement. Je m'explique: dans une région comme Montréal, qui possède un bassin de population imposant, la gestion des soins de santé par des entreprises privées fonctionnant selon les principes de l'offre et de la demande – et du prix – pourrait marcher. Par contre, je m'interroge vis-à-vis du financement privé des soins de santé dans les régions éloignées et peu peuplées. En effet, le faible bassin de population risque de limiter la qualité ou la variété de soins disponibles: une entreprise privée ne pourra probablement pas offrir certains services spécialisés coûteux puisque le faible bassin de population entraînera des coûts fixes per capita beaucoup plus élevés qu'en région métropolitaine, où le nombre de patients potentiels permet d'amortir les coûts et de maximiser les bénéfices. Elle ne pourrait les offrir qu'à des prix exorbitants que peu de gens seraient en mesure de payer. 
  
          Il ne reste plus qu'une solution pour l'entreprise: financer ces services à même les bénéfices réalisés par la livraison d'autres services. La résultante est une diminution du bénéfice potentiel de l'entreprise. Après un certain temps, le système capitaliste étant ce qu'il est, les actionnaires voteront avec leur argent et iront investir dans une entreprise plus performante (qui n'opérerait qu'à Montréal par exemple). 
  
          C'est pourquoi il est essentiel qu'il y ait une participation gouvernementale importante dans la livraison et l'administration des services de soins de santé. Une entreprise privée n'aura tout simplement aucun intérêt à s'installer en région peu peuplée. 
  
          Demeurant dans la région de Montréal, je suis conscient qu'une partie des impôts que je paie contribue à compléter le sous-financement des services de santé en région éloignée, et non pas à améliorer les soins dispensés à Montréal. Et, ma foi, c'est très bien comme ça: ces régions existent depuis longtemps et on ne peut tout de même pas pénaliser les gens qui y vivent en les privant de certains soins tels que la chirurgie cardiaque, très coûteuse, mais qu'il faut quand même considérer comme un soin de base: que vaut un hôpital qui ne traiterait que des coupures et écorchures mineures? De même, il serait ridicule de tenter de faire déménager tout ce beau monde à Montréal. 
  
          On me dira que, déjà, même le gouvernement a de la difficulté à assurer ces soins car les médecins spécialisés sont peu nombreux à vouloir s'exiler dans ces régions. Il n'en reste pas moins qu'une entreprise privée ne ferait certainement pas mieux en raison de la lourde structure de coûts en région. Il s'agit d'une situation ou, entre deux maux, on choisit le moindre, celui du gouvernement. Ce qui ne m'empêche pas, par ailleurs, de désirer une plus forte présence de l'entreprise privée dans la livraison de certains services de santé. 
  
          Il faut faire attention lorsque l'on prétend que tel système de pensée (qu'il soit libertarien, libéral, socialiste ou communiste) possède la réponse à tout problème et peut être appliqué à tout ce qui existe dans l'Univers. C'est faux. Rien de tel n'existe. Dans le cas de la santé, une implication gouvernementale assurera une meilleure répartition et distribution des ressources. Ce n'est évidemment pas parfait, mais qui prétend que la perfection est de ce monde? 
  

Ugo Marsolais
Charlemagne
  
Réponse de Martin Masse: 
  
Bonjour Monsieur Marsolais,  
 
          Merci pour ce commentaire intéressant et réfléchi. Les vieilles régions éloignées, peu peuplées – et, j'ajouterais, peu productives et pauvres puisque, dans le cas contraire, leurs citoyens pourraient très bien se débrouiller d'une façon ou d'une autre – constituent en effet un dilemme important. Le problème ne touche pas seulement les soins de santé, mais tous les autres services. Doit-on simplement les abandonner et les laisser se vider, après des décennies pendant lesquelles le gouvernement les a maintenues en vie artificiellement en y transférant des sommes importantes? C'est probablement impossible à court terme pour des raisons politiques évidentes, mais je dirais que c'est peut-être la seule solution réaliste à long terme, à moins qu'un renouvellement économique ne viennent relancer ces régions sur des bases concrètes et solides. 
  
          Il n'y a en effet pas d'autres façons de maintenir une région en vie, et l'aide gouvernementale ne fait que ralentir le processus. Comme vous le savez, la Gaspésie a perdu et continue de perdre sa population la plus active et dynamique au profit de Montréal et des autres régions du Québec, malgré des transferts de richesse continus depuis des décennies. Terre-Neuve continue de se vider de 1 à 2% de sa population chaque année, malgré tous les milliards qu'Ottawa y engloutit. D'ailleurs, cette dépendance devient en elle-même une cause du déclin: pour revenir à une analyse basée sur les prix, les transferts de richesse font en sorte de garder les prix et les salaires régionaux artificiellement élevés, ce qui annule l'avantage comparatif de la région en termes de coûts plus bas, et ce qui contribue donc au maintien de la stagnation économique. 
  
          Le cas des nations Inuit et amérindiennes qui vivent dans des régions très isolées est un peu différent. Les gouvernements y maintiennent des services coûteux et y envoient des sommes gigantesques, même si ces communautés ne produisent pratiquement rien pour exportation hors de la région. Dans leur cas toutefois, l'exode est beaucoup plus limité, pour des raisons culturelles et sociologiques. Mais les conséquences de la dépendance se font sentir autrement, dans des problèmes sociaux aigus et dans le fait que plus de la moitié de la population y est parfois inactive. Qu'est-ce qui attend ces populations à long terme, je n'en sais rien, mais je ne suis pas du tout certain que notre « solidarité » envers eux, telle qu'elle se manifeste en ce moment par ces transferts de ressources, soit une solution idéale. 
  
          Comme vous écrivez, le monde n'est pas parfait, et on peut être forcé de choisir entre deux maux. Mais je considère tout de même qu'une analyse fondée sur le libre marché et la philosophie libertarienne nous permet au moins de mieux voir les alternatives et les possibles solutions à long terme. Les étatistes, eux, vous diront simplement que le gouvernement doit s'impliquer davantage pour régler ces problèmes. 
  
          Au plaisir,  
  
M. M.
 
 
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