Montréal,  4 mars 2000  /  No 57
 
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
LE HOCKEY: UNE ARME DANGEREUSE?!
  
Bonjour la gang du QL, 
  
          Marty McSorley assomme Donald Brashear, aux armes étatistes de tout acabit! Il est évident que si Marty avait eu l'obligation d'enregistrer légalement son bâton auprès de la police de Vancouver, doublée de l'octoi d'un permis valide de possession de bâton émis par la Colombie-Britannique, ce regrettable incident aurait été évité. Mais ne désespérons pas, les autorités de la Colombie-britannique, en retard il est vrai, songe maintenant à assumer convenablement leurs responsabilités.  
  
          En effet, eu égard aux intentions de Brashear probablement encore trop sonné et de toute façon inconscient du préjudice subi, les porte-voix et serviteurs de la noble social-démocratie estiment qu'il est de leur devoir de soupeser le traumatisme et le préjudice causés à Brashear et songent à entamer des poursuites judiciaires.  
  
          Qu'il est bon de vivre dans un pays où le ministère de la Justice peut suppléer à l'inconscience ou à l'égarement momentané de ses commettants! Vive un pays où la démocratie représentative règne! Toute la population sait que Brashear a été victime d'un acte criminel, il est donc normal que le poids du nombre limite en soi les droits de Donald à réclamer ou non justice. 
  
          En souhaitant que la satire soit un moyen efficace pour que certaines personnes se rendent compte de leur dérapage étatiste, souvent inconscient. 
  
          Bien à vous, 
 
Alexandre Tremblay
Québec
 

 
  
LE NO FAULT POUR TOUS!
  
          Si ce monsieur de 55 ans avait été condamné à 2 ans de prison, cela aurait changé quoi à l'avenir du petit devenu aveugle? (voir C'EST LA FAUTE À PERSONNE, le QL, no 57) Faire 200 heures de travaux communautaires, pas une punition?  Comment le prouver? La petite victime que veut-elle? Que souhaite-t-elle? Un monde meilleur assurément, ce qui signifie sans violence...  
   
          Oeil pour oeil et dent pour dent, la loi du Talion... n'est plus appliquée depuis longtemps et c'est la plus juste! 
   
          Rendre cet homme de cinquante-cinq ans aveugle et lui infliger des traumatismes. Ce dont il avait déjà été victime par ailleurs... Rien ne prouve que 200 heures de travaux communautaires est une punition moins grave que deux ans de taule. Cependant, peut-être que ce laps de temps, lui permettra de se corriger de ses accès de colère ou d'impatience. Rien ne peut assurer que deux ans de prison l'auraient à jamais « corriger ou soigner ».  
  
Nicole Sénécal
  


    
 
LA PEINE DE MORT ET L'AMBIGUÏTÉ DU QL
  
          C'est presque un cliché de dire que les États-Unis sont le pays des libertés. Or, comment se fait-il qu'à l'aube du XXI siècle, la position juridique la plus réactionnaire qui soit, la peine de mort, soit encore présente dans bon nombre d'États américains? N'est-ce pas là, justement, une horreur bureaucratique qu'on doit combattre? N'est-ce pas là une monstruosité que votre journal devrait combattre? 
  
          Au fait, votre position, sur ces sujets, ne serait-elle pas ambiguë? À titre d'exemple, il suffit de regarder la position des conservateurs américains. Dans le secteur économique, tout comme vous l'êtes, ils sont pro-marché. Ceci implique que le rôle de l'État doit être minimal dans le domaine économique. Par contre, dans le domaine de la moralité publique, l'État doit être tentaculaire. N'est-ce pas là une contradiction majeure? À mon avis, on est pour ou contre l'omniprésence de l'État dans tous les secteurs d'activité, pas seulement contre dans le secteur économique.  
  
          Dans le fond, votre position ne serait-elle pas proche des leurs?  Votre position ne serait-elle pas, dans les faits, plutôt ambiguë comme eux? Votre position, finalement, ne serait-elle pas la dernière née d'une position conservatrice (dans le sens américain du terme)? 
  
Mathieu Delarue
  
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Delarue, 

          Que de questions! Que d'assertions gratuites! Il n'y a rien de « dernier-né » dans le libertarianisme, et surtout rien qui découle d'une position conservatrice américaine récente. Le monde existait déjà avant Reagan, Gingrich et Bush. La philosophie libérale a ses racines au 17e siècle et s'est justement constituée en opposition au conservatisme pendant les siècles qui ont suivi, jusqu'à ce que le socialisme devienne l'alternative dominante au 19e siècle. Même la pensée libertarienne contemporaine ne date pas d'hier. L'un de ses principaux artisans, l'économiste autrichien Ludwig von Mises, est né en 1881 et publiait ses premiers ouvrages il y a 90 ans. 
  
          Comme vous dites, la position cohérente est d'être pour la liberté individuelle aussi bien dans le domaine économique que dans celui de la moralité publique. C'est justement ce que nous défendons. Je vous mets au défi de trouver un seul texte dans le QL où l'on défend l'imposition d'un ordre moral collectif particulier (le puritanisme chrétien des conservateurs américains par exemple), ou des mesures sociales et culturelles répressives envers ceux qui refusent de se conformer à une vision conservatrice. Notre position n'est aucunement ambiguë. 
  
          Non, la peine de mort n'est pas une monstruosité que notre journal devrait combattre. Nous ne couvrons tout de même que marginalement ce qui se passe aux États-Unis et cela est loin d'être une question prioritaire. Le fait que des crapules y soient régulièrement exécutées – y compris une grand-mère au regard tendre qui a tué ses deux maris et qui a réussi à attirer l'attention des médias, comme ce fut le cas la semaine dernière – ne me préoccupe pas outre mesure. 
  
          S'il y a une monstruosité dans le système carcéral américain, c'est plutôt que la population des prisons a atteint le chiffre record de deux millions ces jours-ci, alors qu'elle était d'à peine 300 000 il y a trente ans. Une véritable industrie avec ses lobbys et sa dynamique politique propre s'est construite autour de ce phénomène. Les politiciens en faveur de la ligne dure (aussi bien démocrates que républicains) et tous les parasites associés à ce « complexe carcéro-industriel » y trouvent leur intérêt. Le problème, c'est que 60% de ces prisonniers n'ont jamais commis de crime selon une logique libertarienne (i.e. en portant atteinte à la personne ou à la propriété d'autrui): ils sont en prison pour des motifs reliés à la possession ou au trafic de la drogue, un faux crime qui découle de la prétention d'un État paternaliste à décider à la place des individus ce qu'ils doivent faire de leur propre corps. Vous remarquerez que sur cette question comme sur bien d'autres, la position libertarienne est tout à fait à l'opposé de celle des conservateurs. 
  
          Quant à la peine de mort, c'est, comme l'avortement, une question morale difficile sur laquelle il n'y a pas de consensus parmi les libertariens. Si je me fie à un sondage mené par le Parti libertarien américain auprès de ses partisans, comme vous, il répugne à la plupart de voir que l'État peut s'arroger bureaucratiquement le droit d'exécuter ses citoyens dans le système judiciaire actuel. Mais le droit fonctionnerait de façon très différente dans une société libertarienne. En simplifiant, on peut dire qu'au lieu de punir les criminels de façon à profiter à l'État et à la bureaucratie, le seul objectif de la condamnation devrait être de réparer le tort fait à la victime. Dans notre système, les victimes sont au contraire mises de côté dès que le procureur public a pris les choses en main et obtenu ses motifs de poursuivre « au nom de l'intérêt public ». Mais ce n'est pas « la société » qui est victime, ce sont des personnes réelles. Un criminel devrait donc être condamné à rembourser dans la mesure du possible sa victime pour le délit qu'il a commis, en travaillant par exemple de force au profit de celle-ci, au lieu d'être entretenu aux frais des contribuables dans une confortable prison. Et dans les cas de meurtres prémédités ou à répétition, on peut facilement imaginer que la peine de mort soit réclamée par les proches de la victime comme étant la seule façon de réparer le tort causé. Je n'ai par exemple pas de peine à imaginer que c'est ce qui serait arrivé aux tueurs sadiques Paul Bernardo et Karla Homolka. 
  
          Bref, ces questions sont plus complexes qu'il n'y paraît et je vous invite à continuer à nous lire pour mieux les comprendre au lieu de voir des ambiguïtés là où il n'y en a pas.  
  
          Bien à vous, 
  
M. M. 
  



    
 
LES DANGERS DU GÈNE STÉRILISATEUR
  
Bonjour à tous! 
  
          J'ai lu un article de Martin Masse sur le libre-échange dans ÉconoMédia.com et je l'ai trouvé intéressant. J'ai donc suivi le lien vers le Québécois Libre. 
  
          Sur votre site, que je visitais pour la première fois, j'ai trouvé un amalgame de textes que je ne sais pas comment relier. Est-ce une idéologie, un parti en gestation, un regroupement libre de penseurs, je ne sais. 
  
          Enfin, j'ai lu le texte de Pierre Desrochers sur les OGM (voir LES GÈNES DU PROGRÈS, le QL, no 56). J'ai tendance à être d'accord avec sa vison des choses. Tout comme l'auteur, je ne suis pas un généticien ni un spécialiste du sujet. J'ai quand même fait un peu d'étude biologique. 
  
          Il y a un point que les opposant à la prolifération des OGM soulèvent qui n'a malheureusement pas été traité dans ce texte. Il s'agit de la possibilité que le gène qui empêche le plant de se reproduire puisse se propager dans les plantes sauvages et stériliser la flore sauvage. 
  
          Deuxièmement, ce gène stérilisateur est aussi critiqué d'un point de vue économique. En effet, dans plusieurs pays, il est courrant que le paysan conserve une part de sa récolte sous forme de semence pour la prochaine saison. Ce petit gène établit un monopole qui permettra de contrôler la production et d'assurer un marché des semences beaucoup plus lucratif. 
  
          Je ne sais pas si ces arguments pourraient soutenir une analyse critique. J'aimerais avoir un contre-argument. 
  
          Je vous souhaite plein de succès. 
  
Robert ViauH
  
Réponse de Pierre Desrochers:  
   
Cher Monsieur ViauH,  
  
          En réponse à votre première interrogation, le Québécois Libre n'est pas un parti ou un mouvement, mais simplement un magazine d'opinion qui défend la liberté individuelle et le libre marché.                                              
  
          Pour ce qui est du gène stérilisateur, le scénario catastrophique m'apparaît peu probable. Après tout, comment un gène stérilisateur pourrait-il se répandre à grande échelle dans la nature? Ce n'est sûrement pas parce que la progéniture de l'espèce « stérile » supplanterait les spécimens fertiles. Sans être biologiste ou généticien, je crois que la nature a horreur du vide et que les spécimens fertiles ont un grand avantage sur les spécimens stériles. 
  
          Pour ce qui est des paysans du tiers-monde, on assistera sans doute à plus ou moins court terme au scénario américain du tournant du siècle où de grosses compagnies ont commencé à fournir aux producteurs agricoles des semences de meilleure qualité. Contrairement aux agriculteurs, les grands fournisseurs de semences ont l'expertise et les ressources nécessaires pour améliorer leurs produits d'année en année. Pour les semences comme pour tout autre chose, la division des tâches et la compétition assurera aux producteurs agricoles du tiers-monde un approvisionnement régulier et de meilleurs rendements sur leurs investissements. 
  
          Bien à vous, 

P. D.

 
 
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