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Montréal, 12 mai 2001 / No 83 |
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par
Pierre Desrochers
N'en déplaise à certains tenants de la spécificité du |
J'y ai notamment constaté que la décentralisation bureaucratique
des plans de développement économique du gouvernement central
vers des unités politiques subalternes ne crée pas des centaines
de La raison en est bien simple: les agents de développement économique à l'emploi des villes ou des États américains font partie d'une large confrérie où il est plus facile de justifier son emploi en puisant dans les stratégies à la mode du jour que de songer à faire quelque chose de réellement différent. Le parc industriel du général J'ai déjà traité dans le cadre de chroniques précédentes de stratégies populaires qui me semblent mal avisées, notamment la création de Dans sa version contemporaine, cette idée peut être retracée au succès remarquable de la Silicon Valley californienne et de la Route 128 au Massachusetts que l'on a souvent attribué à la présence d'institutions de premier ordre telles que l'université Stanford et le Massachusetts Institute of Technology. L'un des premiers politiciens de l'après-guerre à mettre de l'avant cette stratégie fut d'ailleurs le général de Gaulle dont on dit qu'il fut grandement impressionné par le pavillon du parc industriel de Stanford lors de sa visite à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958(1).
Il y a donc maintenant plus de quatre décennies que l'on s'acharne un peu partout à renforcer les liens universités-industries et à promouvoir la création d'entreprises fondées sur la recherche universitaire. Quel constat peut-on tirer de ces expériences? Selon moi (et quelques autres), que cette stratégie ne livre jamais la marchandise, et cela pour un certain nombre de raisons:
Ceci se traduit en pratique aux États-Unis par des organisations comme les National Institutes of Health et la National Academy of Sciences que l'on accuse souvent d'être sous la coupe d'un En conséquence, la plupart des recherches universitaires traitent de questions très pointues qui ne permettent pas de créer ou de travailler sur un produit commercialisable. De plus, la plupart des chercheurs universitaires manquent de contacts utiles dans le secteur privé qui leur permettraient d'élargir leurs horizons, de leur ouvrir des portes, ou encore de les soumettre à la discipline du marché par le biais de contrats de sous-traitance. Si tel est toutefois le cas, comment peut-on expliquer le succès de la Route 128 et de la Silicon Valley? On doit d'abord souligner que ces cas sont l'exception plutôt que la règle et que toutes les autres institutions universitaires de premier ordre qui ont tenté de recréer ces expériences se sont cassées les dents. Je crois toutefois que l'on peut identifier deux facteurs qui fournissent à tout le moins une partie de la réponse. Le premier est qu'une portion importante de la recherche à Stanford et au MIT dans l'après-guerre était concentrée dans des domaines comme le génie électrique qui se prêtait plus facilement à des applications commerciales et (surtout) militaires que, par exemple, la recherche médicale, qui a toujours fait la force d'institutions comme Harvard ou Johns Hopkins. Le second est que certains diplômés de Stanford et MIT ont fondé des entreprises telles que Fairchild, Hewlett-Packard et Digital Equipment Corporation qui ont à leur tour généré de multiples entreprises une fois que de jeunes diplômés se furent familiarisés avec les rouages du monde des affaires. Les succès de Silicon Valley et de la Route 128 ne devraient pas non plus occulter le fait que la plupart des transferts de connaissance entre le monde universitaire et le secteur privé ne se traduisent pas par la création d'entreprises ou la conclusion d'ententes formelles. En fait, tous les gens un peu familiers avec le domaine vous avoueront rapidement que ces activités En bout de ligne, le rôle le plus important que les universités peuvent jouer pour favoriser le développement économique est d'instaurer les standards d'éducation les plus élevés possible et de développer l'esprit entrepreneurial de leurs étudiants. Le reste ne se traduira pour l'essentiel que par des coups d'épée dans l'eau.
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