Montréal, 16 mars 2002  /  No 100  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
 
NON À UN EMPIRE EUROPÉEN
 
 
Re: L'UNION EUROPÉENNE, UN MOINDRE MAL, Courrier des lecteurs,le QL, no 99 
  
Bonjour,  
  
          Je suis en total désaccord à propos d'une fédération européenne menant à un Empire Européen. Je n'aspire pas à être un sujet d'un César, d'un Charlemagne, d'un Charles Quint ou d'un Napoléon dirigeant depuis Bruxelles. Croire qu'une Europe fédérale pourrait faire concurrence à l'Amérique est une erreur. Elle se replierait sur elle-même, ce qui serait désastreux. Le « miracle européen » a eu lieu entre le 15e et le 19e siècle lorsque l'Europe était morcelée en une multitude d'États. C'est ce qui lui a permis de s'ouvrir au monde. 
 
          Fédérer l'Europe réduirait la liberté de choisir tel ou tel pays pour sa politique sociale, sa fiscalité, ou son art de vivre. De plus, cela irait à l'encontre de l'histoire. Depuis 1945 le monde se divise, des peuples aspirent à l'indépendance ou à une autonomie. L'Europe sera un grand ensemble centralisateur légiférant sur le chocolat ou le poids des poulets... Dans une société libertarienne ou libérale, les individus seraient libres et leur liberté s'arrêterait à la nuisance d'autrui; appliquons les mêmes méthodes entre les pays. 
 
          Je ne pense pas que la fédération soit un bon moyen pour empêcher un conflit ou une guerre, elle aura pour effet d'accroître l'ultranationalisme qui fera éclater la fédération. Tout empire ou grand ensemble a péri par la guerre! Alors qu'une confédération aura le bénéfice de l'ouverture des pays, donc de l'Europe, tout en maintenant une paix durable. Kant dans La paix universelle pensait que les États se feraient concurrence tout en étant indépendants et solidaires. Il appelait cela fédération, mais cela ressemble plus à une confédération. 
 
          Je préfère chanter Nabucco de Verdi que La lutte finale 
  
          Merci, 
 
Olivier Rossi
France
  
  
 
  
LA PHILOSOPHIE LIBÉRALE: CONSTERNANT ET VERBEUX
 
 
Re.: LA PHILOSOPHIE LIBÉRALE D'ALAIN LAURENT: UN BOUQUIN À DÉCONSEILLER, le QL, no 99 
 
Cher Monsieur, 
  
          Ce petit mot pour vous dire que je viens de lire avec un vif plaisir votre article sur le dernier livre d'Alain Laurent. J'avais crains un instant – par excès d'exigence – être le seul à trouver un certain goût de cendre à ces 350 pages d'« Histoire et d'actualité (!) d'une tradition intellectuelle ». 
  
          Samedi dernier, je me suis rendu aux Belles Lettres, boulevard Raspail, pour, espérais-je, mettre un peu de soleil dans un week-end bien gris. Hélas, si l'annonce de la vidéo-conférence d'Euro 92 m'avait mis l'eau à la bouche, la lecture de l'ouvrage m'arrache deux qualificatifs: consternant et verbeux. Un de mes amis ne s'y est pas trompé – il vient aujourd'hui même de me conseiller l'ouvrage pour me guérir de mon « libéralisme à la Mises... ». 
  
          Je partage donc votre « déconseil » sur cet ouvrage. Dommage, car la production éditoriale sur ce sujet est déjà maigre, à moins, bien sûr, qu'il ne s'agisse de le dénigrer. 
  
          Sans doute, Alain Laurent est-il un « philosophe », mais cela ne justifie en rien que: 1) l'analyse de « l'État » en tant que tel, et 2) l'analyse politico-économique de sa « dynamique » et de son expansionnisme depuis près d'un siècle, soient parfaitement absentes de l'ouvrage. Ce sont pourtant elles qui expliquent et nourrissent cet anarcho-capitalisme que l'auteur voue aux gémonies et aux coquilles – « H.H. Hope », avec un seul « p » (pp. 140 + index). Question sans réponse mais qu'il m'amuse de poser: qu'est-ce qu'écriraient aujourd'hui un Bastiat ou un Ludwig von Mises nés en 1950? 
  
          Et pourtant, A. Laurent mettait, en page 141, le doigt – doigt vite retiré – sur le vrai problème: « La vertu intellectuelle de cette radicale déconstruction du vieux monde centralisé [...] est d'obliger les libéraux à relégitimer à partir de zéro leur choix théorique d'une sphère publique minimale et d'un État limité... » (Je goûte particulièrement ce « É » majuscule que l'auteur disait avoir banni à jamais dans la vidéo-conférence d'Euro 92). Mais assurément, cette vertu n'engage à rien et pèse peu au regard du péché mortel commis par « ...ces pittoresques adeptes de l'hyperpropriétarisme (qui) dissolvent l'idée de société comme vivre-ensemble au profit d'une juxtaposition de communautés volontaires. » Il est vrai que Bruno S. Frey est absent de l'ouvrage... 
  
          Le libéralisme d'Alain Laurent me semble bien immobile, bien prudent, bien frileux, bien français. Réduit aux aguets et, somme toute, méritant le traitement qu'il réserve à celui de Raymond Aron. 
  
          Quoiqu'il en dise et en aie, Alain Laurent vit toujours au pays de l'« É »tat et de l'« É »na. Et ceux qui le liront n'en sortiront pas non plus! Heureusement qu'il nous reste le Libéralisme de Pascal Salin. 
 
L. B.
France
  
 
  
  
LES LIBERTARIENS: DES COMMUNISTES À L'ENVERS?
 
 
          Le libertarien accompli que l'on retrouve dans Le Québécois libre est à la liberté individuelle ce que le gauchiste radical est à l'égalité. Ils se rejoignent sur plusieurs de leurs réflexes intellectuels, notamment sur celui-ci: ils élèvent une stèle à une valeur fondamentale qu'ils idéalisent. Cette façon de réfléchir se traduit par une conception univoque de la gouvernance de la société. Ils placent le dogme pour lequel ils ont une inclination subjective au faîte de la pensée, plutôt que d'être partisans d'un sain affrontement, sur le terrain idéologique, de doctrines qui se sont polarisées dans l'histoire. 
  
          C'est donc d'abord, insistons, dans l'unilatélarisme de leur pensée que gauchistes et libertariens se rejoignent. Pour protéger ce coeur doctrinal, le libertarien, comme le gauchiste radical, scinde le monde en deux parties inégales. 
  
          Pour le libertarien, il y a d'un côté ceux qu'il se plaît parfois à appeler les « étatistes » ou « collectivistes », les « pleurnichards » et les « losers ». Les libertariens, comme moi, conçoivent bien que les losers et les pleurnichards ne logent pas avec les hommes raisonnables. Voilà pourquoi le libertarianisme devrait se situer selon lui, sur un spectre idéologique qu'il se figure, à l'opposé de ces « parasites revendicateurs ». Martin Masse va en ce sens lorsqu'il affirme que selon les libertariens, « le spectre gauche/droite devrait être remplacé par un autre qui placerait les étatistes de gauche ou de droite d'un côté, et les partisans de la liberté individuelle de l'autre ». Le libertarien se place au coeur de son univers fantasmagorique. Son dogme se transmue en un référent auquel tous devraient s'assujettir. 
  
          Entrent donc dans la catégorie des philosophies politiques étatistes et collectivistes l'extrême droite raciste et homophobe, le fascisme, la droite conservatrice, l'anarcho-socialisme, l'anarcho-communisme, la sociale-démocratie, le nationalisme, le réformisme, le socialisme, l'extrême gauche, etc. En somme, on parle de toutes les philosophies politiques qui ne divinisent pas la liberté individuelle. 
  
          Chacun en conviendra, il s'agit là d'un ensemble assez étendu d'écoles philosophiques et politiques dont certaines sont farouchement opposées. Aux antipodes de cette animalité incarnée par les étatistes de tout acabit se positionnent arbitrairement les anarcho-capitalistes et les libertariens, peu nombreux sur cette terre oserions-nous dire, ainsi que leurs satellites idéologiques. 
  
          Comment nos disciples de Marx, eux, ordonnent-ils les idéologies? D'une manière similaire à celle des libertariens. Pour le gauchiste radical, il y a d'une part les communistes et leurs cousins d'allégeance similaire et d'autre part, il y a les bourgeois. Ceux qui font de l'égalité une déité sont leurs frères. Les autres sont des ennemis corrompus à éliminer. Notez la ressemblance. On vient d'identifier un second travers que les libertariens partagent avec les gauchistes radicaux: ils font preuve de plus de circonspection lorsqu'il s'agit de classifier la multitude d'écoles de pensée microscopiques qui pullulent au sein de leur branche idéologique que lorsqu'il s'agit de décrire leurs opposants. Ainsi en est-il des marginaux et des extrémistes. Ils se complaisent dans leur état d'insignifiance politique. 
  
          Tel est le troisième vice de la pensée libertarienne. Ses adeptes, comme ceux de la gauche radicale, sont frustrés par leur impuissance individuelle, et se délient de leur insuffisance par leur frénésie et leur exaltation sur la place publique. Ils préfèrent le piaillement hargneux à l'action politique institutionnelle. Par ce procédé, ils se persuadent de leur condition d'êtres exceptionnellement éclairés. Eux, ils ont compris. Ainsi, moi et mes frères collectivistes de tous horizons pataugeons « encore dans les marécages idéologiques où l'humanité s'est embourbée depuis des millénaires ». Les communistes tiennent des propos similaires en regard de ceux qu'ils appellent les bourgeois. Les communistes, comme les libertariens, se félicitent entre eux d'emprunter une voie opposée à celle de la majorité. C'est ce qui provoque chez eux tant d'agitation. 
 
          Le mépris des masses populaires: voilà enfin un quatrième trait de la dialectique libertarienne, partagé avec la gauche radicale. Ils plaignent la plèbe ignorante, sachant qu'elle court à sa perte. Ils sont des envoyés de la Providence dont la mission serait d'enseigner à l'homme qu'il fait fausse route depuis des millénaires. Le libertarien commande à l'humanité de délaisser la voie boueuse et pestilentielle de l'étatisme pour emprunter le fastueux couloir du libertarianisme, la voie royale devant nous mener à la rédemption. On est pas loin du sectarisme. 
  
          Ainsi en est-il des utopistes sectaires. Ils rêvent. C'est pourquoi ils sont toujours perdants sur la scène politique et, espérons-le, ils le seront à jamais. Comment, en effet, peut-on espérer gagner lorsque la définition de l'idéologie dont on se réclame est si insignifiante qu'elle ne figure même pas au dictionnaire? 
  
Pierre-Hugues Vallée
étudiant à l'Université Laval, Québec
 
 
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Vallée, 
  
          Vous constatez des parallèles entre les structures de philosophies politiques radicales qui ont une cohérence interne et se distinguent fortement des autres. Je pourrais faire des parallèles semblables entre les positions des pragmatiques, des centristes, des incertains, des mélangés, des téteux, des carriéristes et des opportunistes. On ne peut rien en conclure quant à l'aménagement politique idéal pour l'épanouissement humain. 
  
          La différence majeure entre nous et les communistes et autres collectivistes radicaux est toutefois qu'eux veulent imposer leur vision idéalisée à tous, pas nous. Comme je l'explique dans le texte que vous citez (voir LIBERTIN, LIBERTAIRE, LIBERTARIEN, le QL, no 51), dans une société libertarienne, les communistes pourront s'acheter un bout de terre, fonder leur démocratie populaire, se taxer à 100% si ça leur chante; ils auront le droit de faire ce qu'ils veulent tant qu'ils nous foutent la paix et ne nous forcent pas à nous joindre à eux. 
  
          L'inverse n'est évidemment pas vrai. Dans une société communiste ou fasciste, le pluralisme et les préférences individuelles sont réprimés, et ceux qui ne veulent pas suivre la ligne de parti sont liquidés. Les communistes ont tué 100 millions d'individus au 20e siècle, les libertariens n'ont tué personne. Nous ne cherchons à « éliminer » personne, nous n'avons d'utopie à imposer à personne, nous voulons simplement être libres de vivre comme nous l'entendons. Nous ne cherchons pas à exercer le pouvoir politique, nous voulons plutôt réduire le plus possible le moyen institutionnel par lequel les collectivistes cherchent à imposer leur vision du monde à tous, c'est-à-dire l'État, instrument de violence et de coercition. 
  
          Bref, on peut bien faire des parallèles superficiels et spécieux entre libertarianisme et communisme, ceux-ci laissent de côté l'essentiel. 
  
M. M.  
  
 
  
 
LE BONHEUR DES CONGÉS PATERNITÉ
 
 
Re.: LE CONGÉ PATERNITÉ EST UNE ABSURDITÉ, le QL, no 96 
 
Bonjour, 
  
          Je ne suis pas d'accord avec votre raisonnement, car même s'il est vrai qu'au bout du compte le ménage finit par se payer son propre congé paternité majoré des frais engendrés par la gestion de ce congé à la sécu, il faut penser que cette somme est ventilée sur toute la carrière de l'individu, soit environ 40 ans, ce qui donne 480 mensualités de 20 Francs et 83 centimes. Autant dire que c'est négligeable comparé au bonheur qu'on peut éprouver en accompagnant son épouse et son enfant dans les premiers jours de sa vie.  
  
          Personnellement, non seulement je trouve la mesure excellente, mais je compte bien en profiter et pas plus tard que dans 3 mois. 
  
          Cordialement, 
  
David Coste
France
 
 
  
  
WHILE MEN ARE JAILED, WOMEN ARE EXONERATED
 
 
Re.: WOMEN: THE FORGOTTEN CHILD MURDERERS, le QL, no 76  
 
Greetings, 
 
          I have just read your Québécois Libre article and couldn't agree more. Male teachers who are accused of sexual improprieties are quickly jailed, while their female counterparts are just as quickly exonerated and returned to the classroom environment. Women who drown their children are easily exonerated of their crimes. So what can we do to put an end to this enequality? How long will women get away with their crimes?  
  
          Anybody guilty of a crime should suffer the consequences, be they male or female, but this does not seem to be the opinion of the Canadian legal system. What can we, as common citizens, do to make certain that all criminals are held responsible for their actions, regardless of their sex or economic status? 
  
          I welcome your response. 
  
          Regards, 
  
R. I.
Toronto
  
  
Answer from David MacRae: 
  
Sir,  
   
          We can start by recognising that the courts are thoroughly corrupt. Their basic premise is bizarre. If I steal from you, instead of forcing me to supply restitution for your loss, the state steals from you a second time (through the medium of taxes) in order to "punish" me for what I did. Prison, the particular form of punishment they impose, is actually worse than doing nothing at all. It takes away an offender's capacity to put his life back to rights and supplies him with teachers in the criminal life. Unsurprisingly, courts do not exist to deliver justice but rather to give jobs to lawyers, judges, bureaucrats, police, prison guards, etc. 
  
          The particular actions the courts take are based on political pressure. For example, they extort money from innocent businesspeople for specious reasons. Similarly, they systematically favour women over men, both in terms of the sentences meted out in the criminal courts and in terms of the judgements they deliver in the civil system. As the feminist bureaucrats have gained increasing power, the system has moved from favouritism towards women to systematic punishment of men and masculinity. 
  
          There is little to be done to correct the problems in the courts. Our legal system discriminates in favour of politically powerful groups. That is the inherent nature of all things political. For a free market alternative, I recommend The Enterprise of Law by Bruce Benson. It is time to return to the Common Law and a non-coercive legal system. 
  
          As for the specific question of women who kill their children, it would appear that people have decided that this is a lesser crime than other kinds of murder. To a certain extent, people view a child as an extension of his mother, which gives her the power to decide what is right and wrong for him, literally to the point of life and death. From the perspective of evolutionary biology, this makes a lot of sense. If the child is sickly or the mother isn't prepared to care for it, it is better from her point of view to try again. As in two of the three cases I cited, the child is usually killed through neglect, not outright killing. 
  
          Given human nature, any legal system will treat a mother who kills her children less severely than other forms of murder. The issue, therefore, is to find ways to prevent this. I doubt that punishment serves much purpose anyway. It doesn't bring back the dead and is not much of a deterrent either. 
  
          Since the vast majority of women who kill their children, including all the ones I named, are single mothers, we might start by encouraging a return to the family. Eliminating automatic mother custody would be a good start. 
  
          Regards, 
  
D. M.
 
 
 
ATTENTION!
    Si vous en avez marre de vivre dans une société où l'hystérie nationaliste domine tous les débats; dans un pays où les taxes, les réglementations omniprésentes et le paternalisme des gouvernements briment la liberté individuelle et restreignent le dynamisme économique; dans une culture où le moutonnisme et l'égalité dans la médiocrité sont plus valorisés que l'individualisme et la compétition; dans un monde intellectuel où les prétendus « consensus nationaux » promus par une élite déconnectée servent de prétexte pour éviter les débats rationnels; 
  
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