Le
constructivisme à l'oeuvre
Faites une introspection ou observez comment
raisonnent nos hommes de pouvoir: vous verrez le constructivisme à
l'oeuvre dès que le problème posé est d'ordre social.
On identifie un problème, on imagine une solution: l'État
doit faire ceci, cela. Le problème est-il « les
inégalités »? On imagine une solution,
on fabrique dans sa tête une « société
juste » en réarrangeant quelques pièces,
toutes s'il le faut, et on demande au pouvoir politique de construire cette
« société meilleure ».
Notre immense défaut est de vouloir appliquer la rationalité
de nos actions individuelles à la société tout entière.
Quelle naïveté!
Une société où le pouvoir
politique serait réduit à zéro semble, pour cette
raison, une société du chaos, du désordre, de l'injustice.
C'est parce que nous avons la tête farcie de préjugés
constructivistes que nous nous disons: mais sans pouvoir politique, qui
construirait les routes? Qui ferait respecter la loi? Qui la produirait?
Qui nous protégerait? À quoi on peut répondre que
personne ne nous protège du pouvoir politique qui engendre pauvreté
et guerres, personne ne nous protège des abus de pouvoir de la police,
des mauvaises lois votées au Parlement, des mauvais juges qui ont
le monopole de l'application des « lois ».
Mais puisque le constructivisme est un mode de
pensée souvent instinctif il faut lui en opposer un autre: celui
de l'ordre spontané, de l'auto-organisation(2).
Une société de liberté produirait à moindre
coût tout ce qui est utile aux individus. Tout ce qui est utile peut
être produit par une économie capitaliste, et plus généralement
tout ce qui a de la valeur peut être produit par une société
de liberté. Le pouvoir politique n'y ajoute rien sinon de la contrainte
et de la « redistribution » forcée dont
on sait qu'elle est une supercherie. Si la politique pouvait supprimer
la pauvreté ça se saurait, si elle pouvait rendre nos villes
plus sûres ça se saurait aussi. En revanche, la liberté
d'échanger, de contracter, produit des solutions toujours plus adaptées
à chacun de nos problèmes.
Un
nouveau problème « mondial »
Pour avoir en abondance des exemples de constructivisme
en acte, il suffit de fixer son attention sur ce que font les hommes de
l'ONU. C'est un cas d'école. Première phase de l'action onusienne:
l'observation, la quête fébrile de problèmes «
mondiaux » à résoudre. Deuxième phase:
l'élaboration d'une solution sous forme de normes nouvelles. Troisième
phase: mise en application de ces normes dont l'autorité s'impose
aux droits des nations et des individus (voir mon article: EN
ROUTE POUR LE GOUVERNEMENT MONDIAL, le QL,
no 89).
« C'est parce que nous avons la tête farcie de préjugés
constructivistes que nous nous disons: mais sans pouvoir politique, qui
construirait les routes? Qui ferait respecter la loi? Qui la produirait?
Qui nous protégerait? » |
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Chaque phase est réalisée par des
bureaucrates onusiens spécialisés. À chacun sa tâche.
À chaque bureaucratie son intérêt: survivre et croître.
Les « observateurs » continueront d'observer,
les juristes continueront d'inventer de nouvelles normes et les politiciens
de les voter.
Il se trouve que les observateurs de l'ONU, en
veille permanente, ont décidé que la population mondiale
vieillissait et qu'il fallait y remédier (voir l'article: «
Le
vieillissement mondial de la population devient inquiétant »,
sur LeMonde.fr). La lecture de l'article donne la nausée
à toute personne qui n'est pas prête à être traîtée
comme un membre du troupeau mondial. Mais l'important est que l'ONU a désormais
un nouveau problème global « qui concerne toute
l'humanité » (voir mon article: LE
FASCISME ÉCOLOGIQUE OU L'ÉTAT MONDIAL EN DEVENIR,
le QL, no 102). «
C'est un véritable cri d'alarme qu'a lancé l'Organisation
des Nations unies à l'occasion de l'ouverture de la 2e assemblée
mondiale sur le vieillissement, lundi 8 avril à Madrid. Selon l'organisation,
les modifications de la démographie mondiale sont profondes et sans
précédent et le vieillissement de la population concerne
désormais le monde entier. » (LeMonde.fr)
À nouveau problème «
global », même solution: la régulation de la
démographie par des normes décrétées au sommet
de l'État mondial, si soucieux de garder son troupeau en bonne santé.
« Le "Plan d'action contre le vieillissement 2002",
qui doit être adopté vendredi à la clôture de
l'assemblée, devrait lancer "un appel à un changement d'attitude
dans les politiques nationales et internationales, dans les pratiques sociales,
au sein des entreprises pour répondre à l'énorme potentiel
que présente le vieillissement au 21e siècle", a déclaré
le président du comité de préparation de l'assemblée,
Felipe Paolillo. » (Le Monde.fr)
Fascisme
« bienveillant »
Je ne résisterai pas au plaisir amer de
citer ces mots que l'on peut qualifier ironiquement de « fascisme
bienveillant » prononcés par cet homme de l'État
mondial, M. Paolillo: Le Plan doit « assurer que, dans
le monde entier, les gens soient en situation de vieillir avec sécurité
et dignité et de participer à la société comme
citoyens à part entière. Le vieillissement rapide de la population
est couplé à deux autres phénomènes puissants,
la mondialisation et l'urbanisation, et aura sur nos sociétés
un impact profond, que l'on ne peut prédire, ni mesurer, mais auquel
nous devons nous préparer ». Tout en souhaitant
« comme meilleure société possible, une
société pour tous les âges ». Qu'est-ce
qu'ils ne vont pas inventer pour se croire utiles et le faire croire?
Tous les totalitarismes ont été
des applications du constructivisme. L'ONU n'y échappe pas. Totalitarisme
du Bien, le « meilleur des mondes »
fabriqué par l'ONU ne sera jamais qu'une nouvelle forme de destruction
de la liberté individuelle.
1. Le terme
est dû à Friedrich Hayek, prix Nobel d'économie en
1974. Voir le tome 1 de Droit, législation et liberté
(PUF, libre échange) pour une analyse détaillée de
la mentalité constructiviste. >> |
2. Voir EXPLORATIONS
ANARCHISTES, le QL, no 37. Et pour mieux
comprendre le principe d'auto-organisation: consulter Les
principes d’auto-organisation et de sélection naturelle, sur
le site de Bertrand Lemennicier. >> |
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