Montréal,
le 21 novembre 1998 |
Numéro
25
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LA CORRESPONDANCE
VIRTUELLE
DU MINISTRE
PIERRE BÉLANGER
Notre chroniqueur Pierre Lemieux attend toujours une réponse
à sa lettre du 13 janvier 1998 adressée au ministre Pierre
Bélanger. Il lui demandait alors de quel droit les policiers ont
pu forcer des gens à quitter leur demeure pendant la tempête
de verglas.
Entre-temps, dans un effort pour comprendre la psychologie étatiste,
il nous offre un échantillon des réponses possibles du ministre.
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Gouvernement du Québec
Le Ministre de la Sécurité publique
pierre.belanger/depute/pq@assnat.qc.ca |
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Québec, le 19 novembre
1998
Monsieur Pierre Lemieux
C.P. 725, Tour de la Bourse
Montréal, Qué.
H4Z 1J9
Monsieur,
Je sais que vous pardonnerez mon retard à répondre à
votre lettre du 13 janvier me demandant en vertu de quels textes j'accorde
à ma police le droit de forcer les gens à quitter leur demeure
en cas de sinistre.
Je n'ai besoin ni de raison ni de justification légale ou morale
car, comme le dit le slogan électoral si profond de mon parti politique,
« j'ai confiance ».
Oui, Monsieur, j'ai confiance en l'État qui, comme le démontre
l'histoire, est le meilleur ami de l'homme. Qui aurait aboli les guerres
de religion et l'esclavage si nous n'avions pas eu d'État? Qui aurait
combattu Hitler si l'humanité confiante n'avait pas découvert
l'État? J'ai confiance en notre police collective qui n'est, après
tout, que le poing visible de l'État. J'ai confiance en la majorité,
qui ne peut avoir tort. J'ai même confiance dans les minorités
subventionnées qui agissent en bandes. J'ai confiance en saint Jean
Baptiste, Fidel Castro, Janet Reno, Alan Rock et Lucien Bouchard. J'ai
confiance en l'amour et au Régime d'assurance maladie du Québec.
J'ai confiance en notre bouche collective et notre poing social. J'ai confiance
en tout sauf en la liberté.
Voilà pourquoi, Monsieur, ma police a le droit de pénétrer
chez vous. Mais ayez comme moi confiance et il ne vous sera fait aucun
mal.
Je vous prie, Monsieur, d'agréer l'expression de mes sentiments
infiniment confiants.
Le Ministre de la Sécurité
publique
Pierre Bélanger
Protégeons notre
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