Montréal, le 28 août 1999 |
Numéro
44
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RÉPONSE DE GILLES
GUÉNETTE:
Monsieur Duray, Dans Un pharaon républicain: les Grands Travaux de Mitterrand, Marie Delarue parle d'un montant de près de 8 milliards FF pour la construction de la Très Grande Bibliothèque. Le milliard de francs dont il est question dans mon article est bien entendu celui réservé au budget annuel de fonctionnement. Comme l'explique Mme Delarue, à l'origine, les tours devaient être entièrement vitrées en somme, permettant d'admirer le va-et-vient des ouvrages, représentation allégorique des neurones en plein boulot. (...) Puisque les hectares de verre solaire étaient matériellement infaisables, ne restait plus, pour habiller les tours, que la solution de la double-paroi. Elles seraient certes en verre, mais neutre, et garnies de volets intérieurs (qui leur donnent aujourd'hui cette couleur beige
L'architecte Dominique Perrault
Ces employés qui, Bravo pour le très intéressant et éloquent compte-rendu du livre de Delarue (voir LA CULTURE POUR TOUS, COÛTE QUE COÛTE, le QL, no 43). Je ne le connais pas, mais vais dès à présent y prêter attention. L'article relate bien la situation en France. Je ne suis pas encore allée à la TGB pour y travailler parce que, dès que l'occasion m'était donnée d'y aller, il y avait soit une panne généralisée du système informatique, soit une grève du personnel! (je ne sais pas si Delarue aborde cet aspect du fonctionnement rendu précaire par le gigantisme). Au sujet du Léna
Strasbourg
Êtes-vous libre? Un peu bien sûr, mais l'êtes-vous autant que vous devriez l'être? N'êtes-vous pas, paradoxalement, l'otage de l'institution qui prétend être le garant de votre liberté pleine et entière, l'État? L'État quand il se mêle de ce qui ne le regarde pas? Prenons l'exemple de la retraite. Êtes-vous libre de vous constituer une retraite comme bon vous semble, voire même de ne pas vous en constituer du tout? Non! Vous êtes obligé de souscrire au système de retraite public qui, bien entendu, a été fait pour votre bonheur. Mais de quel droit l'État s'est-il substitué à vous? Pourquoi faut-il absolument que vous souscriviez à ce système de retraite? Parce que c'est dans votre intérêt, vous répondra-t-on.
Mais pourquoi n'auriez-vous pas le droit de penser le contraire, au risque
même de vous tromper, et de refuser de souscrire? Comment l'État
qui doit être le garant de votre liberté peut-il vous contraindre
à verser de l'argent à un organisme de retraite? Porte-t-on
préjudice à qui que ce soit en mettant de l'argent de côté
pour ses vieux jours selon son idée? Est-on alors une menace pour
la société nécessitant le recours à la force
publique? Bien sur que non! Nous pouvons disposer de notre argent comme
bon nous semble. Nous devrions donc avoir la liberté de nous constituer
une retraite comme bon nous semble. C'est un de nos droits, un de ceux
que l'État, justement, devrait faire respecter.
Christophe Vincent
Paris
Monsieur Masse, Je me suis mis à fouiller votre site internet et malheureusement, en lisant un éditorial de votre magazine (voir LES BIENFAITS DE LA DISCRIMINATION, le QL, no 43), je suis effrayé. Vous dénoncez la décision d'une juge de vouloir rétablir les droits des homosexuels, prétextant que les Scouts sont une entreprise privée et qu'ils peuvent agir comme bon leur semble. Belle excuse! Donc, si on se fie à votre raisonnement, on entre tout droit vers une justice à deux paliers: le privé et le public. C'est donc dire que le privé ne doit pas, à votre avis, se conformer aux règles morales Les mots me manquent pour expliquer mon désaccord, tellement l'affirmation est insensée. N'en déplaise aux libertariens, les lois s'appliquent à tous, autant dans le domaine public que privé. Par contre, niveau démagogie, je me suis régalé à la lecture du passage suivant: Un peu plus et on tombe à l'anarchie! Pauvres fumeurs! C'est vrai qu'il faut absolument une arme pour tourner un coin de rue! J'espère seulement que l'avenir ne vous donnera pas raison. Sans rancune et espérant une réponse. Vincent Brousseau-Pouliot
journaliste
RÉPONSE DE MARTIN MASSE: Bonjour Monsieur Brousseau-Pouliot, Non en effet, le secteur privé ne devrait pas avoir à se conformer aux soi-disant règles morales définies par les politiciens, les bureaucrates et les juges selon la mode du jour. Le secteur privé devrait seulement avoir à se conformer aux règles fondamentales d'un pays libre et démocratique, notamment la liberté de s'associer et de ne pas s'associer avec qui l'ont veut, et le droit de jouir de sa propriété comme on l'entend. Toutes les autres règles et lois sont censées être subordonnées à ces droits fondamentaux protégés par la constitution. Malheureusement, les juges ne font plus leur travail, et les politiciens font ce qu'ils pensent être le leur: intervenir partout dans nos vies, au mépris de nos droits! Les règles qui s'appliquent aux secteurs public et privé ne sont absolument pas les mêmes. L'État représente théoriquement tous les citoyens et ne peut discriminer contre qui que ce soit sans contredire ce principe (évidemment, en réalité, il le fait constamment, mais c'est un autre problème). Dans ce qu'on appelle Ils discriminent tout le temps et n'ont pas à se soucier de tenir compte de l'ensemble des citoyens lorsqu'ils agissent. Lorsque vous barrez vos portes et empêchez les intrus de rentrer chez vous, vous ne propriété. Il ne s'agit pas d'avoir secteurs différents avec des règles différentes. Le monde n'est pas parfait et on peut imaginer des tas de causes louables et moralement justifiables dans l'abstrait. La question est de savoir jusqu'où on peut laisser l'État faire fi des principes fondamentaux de notre société pour avancer ces causes. La liberté de s'associer, ou celle de décider ce qu'on veut faire avec son propre corps, ne vous semblent pas très importantes si je me fie à votre lettre. Vous semblez prêt à accepter tout ce que le pouvoir décidera de vous imposer. Allons donc un peu plus loin: si l'État décrète que vous ne pouvez plus et de la nourriture qui s'y trouve, et que c'est désormais un crime de leur refuser d'entrer chez vous et de piger dans votre réfrigérateur, allez-vous simplement accepter cette nouvelle bien collectif? C'est pourtant une cause très louable, la lutte contre la pauvreté, avec laquelle on nous rabache constamment les oreilles. Ce serait une autre façon logique de s'y attaquer. Le principe est exactement le même que celui qu'invoquaient les jugements contre les Boy Scouts et contre le bar l'Orage: le soi-disant individuelle et la propriété privée. À partir du moment où il n'y a plus de distinction entre les sphères publique et privée de la vie en société, l'État peut tout contrôler, et c'est justement ce qu'il fait de plus en plus. À terme, ce mouvement mène au monde orwellien de 1984, où il n'y a tout simplement plus de sphère de vie privée. Un monde orwellien qui s'est concrétisé dans l'Allemagne nazie, l'Union soviétique, la Chine maoïste, et dans combien d'autres pays de façon moins dramatique uniquement au cours du présent siècle. Vous acceptez ce développement sans vous plaindre, sans rien y voir de néfaste. Et c'est nous que vous trouvez dangereux?! Nous qui défendons la liberté individuelle et qui mettons les gens en garde contre les abus de l'État? Nous qui voulons que chacun puisse s'associer librement avec qui il veut? M.M. |
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