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Montréal, 21 décembre 2002 / No 116 |
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par
Jasmin Guénette
Mon nom est Luc Cyr et je suis un étudiant montréalais de 20 ans. Depuis l’élection de Parti patriotique populaire du Québec, le 16 mai 2012, plusieurs réformes sont en chantier dans le but |
17
octobre 2012
Aujourd’hui, le 17 octobre 2012, la nouvelle Loi sur l’alimentation au Québec est désormais en vigueur. En effet, le règlement 763726-0933 stipule, entre autres, que toute préparation et vente de pizza est dorénavant l’affaire du gouvernement. Ce qui veut dire qu’à partir de maintenant, lorsque j’ai ma fringale hebdomadaire de Comme j’avais l’habitude de me faire livrer ma pizza de chez Donatelli Pizzeria, je trouve le contexte plutôt difficile. Mais le gouvernement a sûrement de bonnes raisons de faire une telle loi. Il y a tellement de restaurateurs qui ne font pas de bonne pizza qu’il est normal que le gouvernement s’en charge. N’est-il pas sain de voir l’État nous venir en aide de la sorte? Malgré la lourdeur bureaucratique que dénoncent certains journalistes et universitaires, malgré le clientélisme politique qui caractérise notre système, je m’efforce de rester positif et de croire que cette fois-ci tout ira bien. Alors, me voilà au téléphone à essayer de me faire livrer une bonne
Fonctionnaire: Avez-vous déjà commandé à cette station? Moi: Non !?!?! Fonctionnaire: Alors il vous faudra répondre à quelques questions avant de passer la commande. Moi: Je suis quelque peu pressé, puis-je simplement commander? Fonctionnaire: Non. Moi: Pourquoi? Fonctionnaire: Parce que, c’est le règlement. Moi: Bon d’accord, quelles sont vos questions? Fonctionnaire: Nom, prénom, adresse, état civil, numéro de permis de conduire ou numéro de preuve de citoyenneté et numéro d’assurance sociale, s'il-vous-plaît. Moi: Est-ce que je dois répondre à toutes les questions? Fonctionnaire: Oui. Moi: Pourquoi? Fonctionnaire: Parce que, c’est le règlement. Moi: Cyr, Luc, 1212, Boulevard Renault, célibataire, lucc137263-09, 434-455-657. Fonctionnaire: Très bien. Maintenant avez-vous un casier judiciaire et/ou avez-vous déjà eu une condamnation? Moi: Non et non. Fonctionnaire: Bon, quelle est votre commande? Moi: Une petite pizza pepperoni-fromage, s'il-vous-plaît. Fonctionnaire: D’accord, je transmets votre commande au répartiteur qui lui communiquera avec vous. Au Bureau régional de la répartition des tâches, un conseiller en répartition prend l’appel: c’est une grosse soirée dit-il,
Moi: Oui. Répartiteur: Vous avez bien commandé une pizza Moi: Oui. Répartiteur: Votre commande sera transmise au poste Pointe-Claire et pourra prendre jusqu'à 1 heure. Moi: Pointe-Claire? Il n’y a rien de plus près?? Répartiteur: Non. Moi: Ça fait déjà ½ heure que j’attends!?! Répartiteur: Désolé monsieur, mais nous devons respecter les procédures, bonne soirée.
Déjà 45 minutes et personne n’a mis la main à la pâte. Le répartiteur décide donc d’appeler l’adjoint grade 2 de l’Office national du contrôle des définitions de tâche sur la pizza, les sous-marins et autres plats rapides pour la grande région métropolitaine et ses environs. Le but de ce coup de téléphone: trouver une solution à mon problème. Mon répartiteur explique la situation: demande pour une livraison de pizza de la part de Cyr, Luc, # de client 087-23643, difficulté de trouver un restaurateur affilié prêt à faire le travail. L’adjoint grade 2 est découragé, non pas par l’inertie de son personnel, mais par la nature de ma commande: pourquoi encore une L’adjoint grade 2 mentionne à mon répartiteur que deux solutions s’offrent à moi: soit que je change ma commande pour une pizza végétarienne, recommandée par le gouvernement, soit que je me fasse livrer du poulet. Le répartiteur me rappelle donc 15 minutes plus tard:
Moi: Oui. Répartiteur: Il vous sera impossible d’obtenir ce que vous désirez. Vous devez changer votre choix de repas. Moi: Mais pourquoi??? Répartiteur: Pour des raisons logistico-sanitairo-locales. Moi: De quoi!!! Répartiteur: Logistico-sanitairo-locales. Moi: Que dois-je faire??? Répartiteur: Vous pouvez soit demander une pizza végétarienne, soit du poulet. Moi: Pas de Répartiteur: Impossible. Moi: Pourquoi? Répartiteur: Pour des raisons logistico-sanitairo-locales. Moi: Bon d’accord, je vais prendre une pizza végétarienne. Répartiteur: Vous devez passer votre commande à la Centrale montréalaise de la pizza du Québec. Moi: Pourquoi n’avisez-vous pas personnellement les gens concernés puisque vous ne pouvez pas me préparer ma commande? Répartiteur: Toutes les commandes doivent passer par le bureau central, c’est la loi. Bonne soirée monsieur.
Fonctionnaire: Nom, prénom. Moi: Cyr, Luc Fonctionnaire: Un instant je vous prie.
Moi: Combien de temps cela va-t-il prendre? Fonctionnaire: Environ 50 minutes. Il retourne à sa voiture et compose en circuit fermé un numéro d’urgence qui lui permet de discuter avec un contremaître. Son contremaître est aussi confus que lui. Ils devront se tourner vers l’Agence métropolitaine de surveillance des postes de livraison. Cette agence à été mise sur pied suivant le conseil émis par les dirigeants du ministère de la Réglementation. Les membres de l’agence ont un pouvoir discrétionnaire quand des conflits émergent entre les clients et le Service national de livraison. Quand un conflit est rapporté, un comité d’experts-conseil est formé pour étudier la question en litige. Sauf que, comme l’explique gentiment mon petit livreur, ce comité n’est formé que le lendemain de l’appel, ce qui fait que je n’aurai pas, quoiqu’il arrive, ma pizza ce soir. Comme je décide de porter plainte, un comité d’experts-conseil est formé pour étudier ma cause. Mon numéro de cause est le 454576-9083-DV. Ma plainte stipule que je n’ai reçu ni ce que je voulais recevoir à l’origine, ni ce que j’ai demandé comme produit de remplacement. Le fonctionnaire qui m’a répondu pour la commande, le répartiteur, le directeur de la succursale de Pointe-Claire, l’adjoint grade 2, le livreur et son contremaître sont retenus par le comité d’experts pour tenter d’élucider le conflit qui m’oppose au ministère des Affaires nutritives. Pour procéder, je dois fournir plusieurs documents: ma preuve de citoyenneté, mon numéro d’assurance sociale, le contrat de location de mon logement, mon attestation scolaire, mes quatre derniers relevés de salaire ou mes quatre derniers relevés reçus du ministère de la Sécurité du revenu et le numéro de client que j’ai obtenu par téléphone. 25 novembre 2012 Le lendemain de cette histoire, j’ai eu une rencontre avec le comité d’experts-conseil pour donner ma version de ce qui s’était passé le 17 octobre 2012. Comme plusieurs intervenants étaient convoqués par le comité, celui-ci n’a pu respecter la règle de l’audition complète à l’intérieur d’un délai de 24 heures. Dans un cas comme celui-là, le comité d’experts-conseil de la région de Montréal doit faire appel au Bureau régional sud-ouest de l’enquête sur les causes alimentaires et demander une audition particulière pour que ce dernier puisse connaître les raisons du délai. Quand le Bureau régional sud-ouest termine ses auditions, il fait ses recommandations au Conseil supérieur de la plainte. Le Conseil supérieur de la plainte étudie le cas et fait des recommandations pour accélérer les procédures. Quand le comité d’experts reçoit les recommandations, il met en branle une nouvelle session pour entendre la plainte et les gens du gouvernement qui y sont impliqués. Cinq semaines plus tard, me revoilà devant le comité d’experts-conseil et prêt à répondre aux questions. Comme d’habitude je dois décliner mon nom, ma situation civile et présenter les papiers nécessaires à l’audition. Les questions concernent le temps d’attente, les produits choisis et mes commentaires vis-à-vis le service le soir du 17 octobre. Comme il fallait s’y attendre, le comité d’experts-conseil, après avoir écouté les membres du gouvernement, explique que mon cas ne mérite pas réparation puisque tous les gens impliqués ont fait de leur mieux. Selon eux, je devrais, soit changer mes habitudes alimentaires ou encore retrouver des heures de livraison considérées comme normales par le ministère des Affaires nutritives. Je me fais à l’idée que les pizzas de Donnateli que j’aimais tellement ne sont plus disponibles. Je décide donc de me faire des pizzas maison lorsque l’envie se faire sentir. Pour fêter ma défaite, j’invite des copains à la maison et je décide de leurs préparer une bonne 19 février 2013 Depuis quelques temps, j’ai l’habitude de me faire des pizzas. Mes amis le savent et m’appellent pour des conseils de cuissons et même pour en préparer lors de soirées spéciales. Mais voilà que depuis deux semaines, des choses étranges se produisent. En effet, des amis de mes amis me téléphonent pour que je leur prépare des pizzas. Ce que je fais avec plaisir. Le prix est raisonnable, seulement Je suis un type plutôt discret et calme, tout le contraire d’un hors-la-loi. Mais, tout comme lors de l’emprisonnement des fumeurs de cigarette qui a eu lieu en juin 2006 dans ce que le gouvernement de l’époque appelait Nous sommes samedi le 19 février 2013. Il est présentement 17h15 et je prépare trois pizzas pour une fête en l’honneur d’un certain Patrick que je ne connais pas. Il a reçu mon numéro de téléphone, dit-il, à l’université que je fréquente. Comme la cuisson va de bon train, je relaxe sur mon sofa quand soudain une demi-douzaine de policiers entrent chez moi comme une bande de loups enragés.
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