LES TENSIONS DU FÉDÉRALISME
Monsieur Masse,
Merci d'apporter un bémol justifié à mes commentaires
(DES PROVINCES SUBORDONNÉES?, le QL
no 29). Le droit
de dépenser du gouvernement fédéral, comme d'ailleurs
l'exercice des droits dits résiduels, permettent de constantes intrusions
dans le champs des juridictions provinciales. C'est tout le problème
du fédéralisme canadien qui ne peut trouver de solution que
par la négociation. Les tentatives de modifications constitutionnelles
se sont surtout attachées à mettre au point une liste de
pouvoirs à partager et n'ont pas suffisamment tenu compte des principes.
Qui aura le courage de s'attaquer aux véritables causes des tensions
actuelles? Continuez votre bon travail.
François Cloutier
ancien minitre
de l'Education puis des
Affaires intergouvernementales
du Québec
Paris
Réponse de Martin Masse:
Bonjour Monsieur Cloutier,
Pour répondre à votre question, franchement je ne vois pas
d'issue à court terme à ces tensions.
Le Parti réformiste est
le seul au niveau fédéral à mettre de l'avant un programme
décentralisateur
qui clarifierait toutes ces
querelles. Mais ce n'est évidemment pas demain la veille qu'il sera
au pouvoir.
La décentralisation n'est de toute façon qu'une partie du
problème, problème qui n'existe que
parce que deux gouvernements
interventionnistes se disputent à savoir qui va pouvoir intervenir
le plus.
Et la solution n'est bien sûr
pas, de notre point de vue libertarien, de permettre à Québec
seulement
d'intervenir massivement, mais
de combattre cette mentalité qui veut que les gouvernements et
leurs bureaucrates doivent s'occuper
de tout, à Québec ou à Ottawa. Là aussi, j'ai
bien peur que la lumière
n'apparaisse pas de sitôt
au bout du tunnel. Le « réalisme » actuel
des gouvernements sur la question
des déficits n'est à
mon avis que passager, et la baisse minime des dépenses dans quelques
secteurs
cache en fait une intervention
accrue dans d'autres.
Au plaisir,
M.M.
PINCE-SANS-RIRE OU CYNIQUES?
Vous pouvez bien accuser les autres d'immoralité alors que vous
êtes plus hypocrites que Bill Clinton et la bande de clowns qui font
semblant de discuter de choses sérieuses au congrès et au
sénat américains. Le Brésil, un pays interventionniste?
(COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ, le QL
no 29) Vous êtes sûrement
des pince-sans-rire au sommet de leur art ou bien des cyniques de haut
niveau. Si le Brésil a des problèmes, c'est sûrement
plus relié à la corruption institutionnelle qui y règne
ainsi qu'à l'expropriation massive des richesses naturelles du pays
par les compagnies du Nord au profits des industries du Nord. (...)
Comment se fait-il que tant de gens crèvent de faim dans un pays
aussi riche en matières premières? Si le gouvernement brésilien
intervient trop, c'est qu'il doit dépenser beaucoup dans la répression
pour maintenir un ordre social qui n'a de sens que pour les grands théoriciens
libertaires (sic – NDLR: les libertaires sont des anarchistes de gauche
qui s'opposent au libre marché; nous sommes des LIBERTARIENS)
que vous êtes (la liberté pour moi et la soumission pour les
autres). Faudrait peut-être vous ouvrir les yeux et regarder la réalité;
le capitalisme n'est parfait qu'en théorie, les crises périodiques
dont il est affligé ne sont pas nécessairement causées
par l'interventionnisme gouvernemental et la main invisible ne semble pas
guider les spéculateurs vers le bonheur de l'humanité.
Deuxième point, l'embargo américain contre Cuba (TÉLÉ-PROPAGANDE,
le QL no 29) serait une lutte contre
un dictateur et son régime communiste. C'est bizarre mais les américains
n'avaient rien à reprocher au dictateur nommé Batista qui
sévissait avant Castro. En fait, les américains, ou plutôt
le gouvernement américain, aime les dictateurs qui servent leurs
intérêts (non pas ceux du libre marché comme vous voudriez
le croire) et dénoncent ceux qui ne jouent pas les valets de l'Imperial
America. Les États-Unis ont forcé Cuba à se tourner
vers l'URSS et le « communisme ». Toute les études
sérieuses qui portent sur la révolution cubaine démontrent
que si Castro était un dictateur en puissance, il n'était
pas socialiste mais plutôt de tendance libérale. Les États-Unis
n'ont simplement pas accepté de se faire servir leur propre médecine
par plus petit qu'eux. L'embargo n'est que la réaction d'un État
impérialiste qui n'accepte les règles du jeu qu'il a imposées
qu'à condition que cela soit à son avantage. S'il est vrai
que le reportage du Petit Journal manquait d'objectivité,
il est aussi vrai que le vôtre en manque beaucoup.
Vous êtes comme les croyants, votre foi envers le libéralisme
vous aveugle. Vous voyez les États-Unis comme les chrétiens
voient le pape; un guide infaillible qui vous guide vers la lumière.
Vous n'acceptez pas les arguments des autres car à vos yeux ils
sont des hérétiques, que vous désignez sous le terme
socialiste. Terme que vous ne définissez jamais et qui englobe tous
ce qui n'est pas libéral à vos yeux. En fait, vous n'êtes
pas des journalistes, vous êtes des métaphysiciens. Vous voguez
dans votre théorie libérale comme le font Hayek, Friedman
et compagnie. Comme eux, vous êtes des émules d'Adam Smith
et, comme eux, vous semblez l'avoir mal lu. Ou bien, comme les États-Unis,
vous ne voyez que ce qui fait bien votre affaire.
En terminant, j'ai une question pour vous, comment se fait-il que les USA
soient si performants économiquement alors qu'ils sont aussi interventionnistes
que le Brésil? À moins que les dépenses militaires
ainsi que celles de la NASA ne soient pas de l'interventionnisme? Pas besoin
de BS lorsque t'as l'armée, pas besoin de subvention lorsque tu
peux développer l'expertise et la solidité financière
de ton industrie aéronautique avec les contrats de l'armée
et la NASA. En fait, se peut-il que les USA tiennent un discours qu'ils
ne respectent pas et même auquel ils ne croient pas? Un discours
qui servirait leurs intérêts? Non, c'est que je suis sûrement
parano hein!
Veuillez partager l'expression de mes sentiments les plus révoltés,
Sébastien Giroux
Valleyfield, Québec
Réponse de Martin Masse:
Cher lecteur révolté,
Je me demande bien comment nous pouvons à la fois être des
hypocrites, des cyniques
et des croyants qui ont une
foi aveugle dans le libéralisme. Mais bon, passons sur ces attaques
personnelles et permettez-moi
de répondre à quelques points.
Vous demandez comment il se fait que
tant de gens crèvent de faim dans un pays aussi
riche en matières premières.
Il est naïf de croire que l'abondance de matières premières
sur un
territoire soit une cause de
la richesse. Si c'était le cas, la Russie serait le pays le plus
riche au
monde, alors que le Japon, Hong
Kong ou la Suisse seraient parmi les plus pauvres. Les matières
premières ne sont qu'un
facteur de production parmi d'autres, et s'achètent à l'étranger
lorsqu'on
n'en a
pas. La richesse résulte plutôt de l'accumulation d'un capital
(financier, humain,
technologique, intellectuel,
culturel) qui permet de produire de plus en plus efficacement et de
répondre de mieux en
mieux à la demande des consommateurs. Et pour accumuler ce capital,
les droits de propriété,
de même que la liberté d'entreprendre, de commercer, d'investir,
etc.,
doivent être protégés.
Les Américains, malgré la tendance de plus en plus interventionniste
des dernières décennies,
vivent dans un contexte de grande
liberté depuis l'époque coloniale. Le Brésil au contraire
connaît la
démocratie depuis à
peine quelques années, n'a jamais vraiment développé
de système économique
stable fondé sur des
principes libéraux et restent un pays ultra-interventionniste et
institutionnellement corrompu,
comme vous dites. C'est pour cette raison que son potentiel de
développement ne s'est
pas encore réalisé, pas parce que sa richesse est transférée
au nord.
Cordialement,
M.M.
CRTC-FM
Une visite sur votre site m'a permis de constater que vous m'avez décerné
« Le Prix du Québécois libre »
(QL no 29). C'est avec honneur
que j'accepte ce prix, qui viens confirmer encore une fois que de plus
en plus de Québécois en ont assez de la piètre radio
qu'on leur offre!
La balle est maintenant dans le camp du CRTC. La pétition lui a
été remise par mon député fédéral.
Je n'entends toutefois pas en rester là et je vais tenter la semaine
prochaine de prendre rendez-vous avec Mme Françoise Bertrand, présidente
du CRTC. J'aimerais bien m'entretenir avec elle en tant que citoyen et
auditeur mécontent de la situation actuelle. Et évidemment
me faire le porte-parole des 3000 signataires de ma pétition.
J'ai appris dernièrement que plusieurs stations de radio de Québec
et Montréal se sont regroupées afin d'entamer des pourparlers
avec l'ADISQ. L'ADISQ et l'Union des artistes sont bien sûr de grands
défenseurs des quotas auprès du CRTC, qui mange carrément
dans leur main. Tout espoir de changement à la situation actuelle
passe donc par une meilleure compréhension de la part de ces associations
représentant nos « artistes ». Ne rêvons
cependant pas en couleur: comme tout combat pour le gros bon sens, celui-ci
s'avérera long et difficile.
Encore une fois, merci.
Christian Vachon
Pétition
pour une radio libre
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