Montréal, 14 avril 2001  /  No 81
 
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
« DEMANDEZ À VOTRE DÉPUTÉ! »
 
 
Bonjour, 
  
          Je suis un étudiant au cégep qui participe à une levée de fonds pour la fondation de mon collège. Cette fondation aide le cégep à acheter du matériel de toutes sortes comme des ordinateurs et des programmes informatiques. Ma tâche consiste à appeler les parents des élèves et à leur demander s'ils ne seraient pas intéressés à participer à notre campagne de financement. Imaginez l'indignation des gens lorsque quelqu'un leur demande de donner de l'argent à l'école de leur enfant! 

          Les réactions sont du style: « L'éducation est gratuite au Québec! »; « Je paye assez d'impôt comme ça! »; et même: « Allez voir votre député si vous êtes pas contents ». Finalement, sur 90 appels, on peut espérer ramasser 200 $. Quelle belle société nous formons! Incapable de fournir le moindre petit effort pour améliorer notre environnement parce que nous avons décidé de payer des gens pour faire la sale besogne à notre place... 

Vincent
Longueuil
  
  
 
 
ÉDIFIANT LE QL!
 
 
Bonjour, 
  
          J'ai pris connaissance de votre site internet et laissez-moi vous dire que j'ai été très impressionné. C'est édifiant! J'ai peut-être cependant quelques suggestions à vous faire concernant certains articles. 
  
          Pourquoi ne pas parler de la nécéssité de généraliser le modèle économique américain au reste de la planète (étant donné que c'est le meilleur bien entendu. Qui oserait remettre en doute une telle évidence). Vous pourriez aussi en profiter pour faire un vibrant plaidoyer en faveur du droit au port d'armes dans les lieux publics. Par la même occasion, vous pourriez revaloriser la prière à l'école et le salut au drapeau!  Vous savez, remettre sur la mappe toute ces bonnes vieilles valeurs américaines qui ont été tant malmenées par les féministes et les fefis. 
  
          Vous devriez aussi parlez de ces méchants communistes et environnementalistes qui menacent le droit au profit, le droit à l'exploitation et au saccage des ressources naturelles. Vous savez, ces imbéciles qui ne connaissent rien aux lois du marché et qui veulent forcer le bon peuple américain à ratifier les accord de Kyoto? 
  
          Pourquoi ne pas déverser votre fiel contre ces centaines de pouilleux qui bientôt iront jouer du tam-tam en face du parlement de Québec. Ces maudits drogués, adversaires de la ZLÉA, qui mériteraient d'être pendus par les couilles pour oser faire front face à la magnanimité des chefs d'États. 
  
          Non mais, hein? Ça aurait du bon sens ça? N'est-ce pas? Des bons articles, ça. 
  
          En tous cas, félicitations vous autres et continuez à véhiculer des belles valeurs novatrices comme celles-là. C'est bon d'éduquer nos jeunes avec des vraies valeurs. On va arrêter d'en faire des fefis pis des maudites féministes! 
  
Félix Arguin
  
 Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Arguin,  
  
          Une visite un peu plus poussée des archives de notre magazine vous aurait appris que plusieurs des thèmes que vous suggérez ont déjà été couverts, mais pas nécessairement dans la perspective que vous nous attribuez. Celle-ci, au cas où ce ne serait pas clair dans votre esprit, se limite à la défense de la liberté sur tous les plans. Ainsi:            En espérant que ces lectures contribueront davantage à votre édification, 
 
M. M. 
 
 
 
 
 
 
EXIGER QUELQUE CHOSE DES SUBVENTIONNÉS
  
  
Re: REDISTRIBUER LA RICHESSE EST IMMORAL, le QL, no 80 
 
Monsieur Masse, 
 
          Suite à votre article sur la redistribution de la richesse, je tenais à ajouter deux grains de sel... 
 
          Tout d'abord, pour ce qui est des citoyens physiquement incapables de contribuer à la richesse collective (malades, accidentés du travail ou de la route, vieillards, victimes d'actes criminels...), je crois qu'il est du devoir de l'État de les soutenir et de leur permettre d'avoir une vie digne. Nous sommes après tout des animaux soi-disant évolués et le premier effet de cette évolution doit, à mes yeux, est de nous éloigner de la « loi de la jungle » où seuls les plus forts survivent et où les plus faibles et les malades sont condamnés à disparaître... 
 
          Mais cette évolution ne doit pas signifier encouragement au parasitisme, ce qui m'amène à mon deuxième grain de sel. Félix Leclerc a déjà dit: « Le meilleur moyen de tuer un homme est de le payer à ne rien faire. » 
 
          Notre État a mis en place des moyens pour subventionner des gens à ne rien faire et c'est ceci qui est criminel... Donner un chèque d'aide sociale à un jeune de 22 ans en pleine forme et avec tous ses moyens physiques et intellectuels sans exiger rien en échange est insensé. Tout d'abord pour les payeurs de taxes, qui sentent une bonne partie de leurs labeurs purement gaspillées, mais aussi indirectement insensé pour le subventionné qui entre dans une spirale de dépendance et de parasitisme. 
 
          La moindre des choses que l'État devrait exiger de ses subventionnés est un « quelque chose » en échange. Leur demander une contribution communautaire est le strict minimum qu'on doit faire, car nous en tirerions un bénéfice double: Tout d'abord les payeurs de taxes auraient la sensation que leurs impôts servent à quelque chose de productif, et, s'apercevant qu'ils ont donné quelque chose soit peu à la communauté, la grande majorité des subventionnés auraient cette saine impression et cette fierté qu'ils ont fait leur part pour aider la main qui les nourrit. 
 
          Surtout qu'il y a un manque criant de main-d'oeuvre communautaires: rues et parcs ou jonchent détritus de toutes sortes (prenez juste, par exemple, la « Corvée du Mont-Royal » qu'un groupe bénévole organise chaque année... Ils ramassent assez de déchets pour remplir 2 ou 3 camions...). Rives de cours d'eau victimes de sauvages partis en « camping » mais incapables de ramener leurs déchets... Aussi, combien de gens du troisième âge se sentent isolés et oubliés dans des centres d'accueil anonymes... (surtout que bon nombre d'entre eux possèdent un vécu et une expérience de vie qu'ils se feraient un plaisir d'échanger avec un jeune...) faute de gens pour leur tenir compagnie... 
 
          Et pour les syndicalistes qui oseraient japper aux « voleurs de jobs syndiquées », je n'ose pas exprimer publiquement mes pensées, car le QL est accessible à des âmes sensibles qui pourraient trouver offensantes et grotesques mes paroles... 
 
Normand Martel
St-Hubert
  
 
 
 
 
 
LE SALUT, C'EST L'ÉDUCATION
 
 
Re: REDISTRIBUER LA RICHESSE EST IMMORAL, le QL, no 80 
  
          Pour faire suite au texte de Martin Masse, je me permet d'ajouter ces quelques considérations. Je tiens à préciser que je ne m'y connais pas beaucoup en économie, ni en service social. 
  
          Premièrement, la charité privée n'a pas tout à fait disparue de notre mentalité. Il est donc réaliste de retourner à un système de redistribution des richesses librement consenties, basé sur la compassion, l'entraide et la bonté PERSONNELLE. Mais ce retour n'est pas sans obstacle. Le premier est justement, le saupoudrage de l'État qui ne mène strictement à rien, si non qu'à un parasitisme inquiétant et à l'affaiblissement de cette conscience collective qui rendait les gens aptes et disponibles à l'entraide. En ce sens, la charité personnelle joue bien plus pour la solidarité sociale qu'un quelconque intermédiaire comme l'État qui détruit certains liens directes entre l'individu et la collectivité. 
  
          Là où l'État joue vraiment à la fois un rôle de redistribution et de création de la richesse, c'est par des mesures structurantes. Or, dans le dernier budget, ces mesures dites « structurantes » ne sont que des mesures de saupoudrage déguisées. Ce n'est pas en donnant de l'argent gratuit aux pauvres comme aux entreprises que l'on crée de la richesse. Ce n'est pas en créant des emplois à salaire « infinimum » que l'on fera avancer une société... 
  
          Que l'État se désengage de l'économie autant que faire se peut et qu'il concentre ses énergies à la formation de main-d'oeuvre qualifiée et polyvalente. Le système d'éducation quasi axé sur le taylorisme ne produit en bout de ligne que du personnel de piètre qualité et en nombre insuffisant. Ce qui fera dire aux gourous de la privatisation que le système ne devrait pas être pris en charge par l'État. Or, si l'on interprète les mots « compassion » et « justice » de la bonne façon, on s'apercevra rapidement que l'État doit jouer un rôle qui est de donner une chance égale aux individus dans la réussite et, selon moi, ça passe par la connaissance. 
  
          Je préférerais grandement que les impôts que je paie ne servent pas à financer des entreprises pour l'embauche de cheap labour, mais bien pour équiper les citoyens des meilleurs outils tels la connaissance et la compétence afin de leur permettre l'acquisition d'une certaine dignité, qu'est le pouvoir de faire de la société dans laquelle ils vivent, un endroit où l'économie est fleurissante par leurs propres actions, et où les gens aident les plus démunis de leur plein gré, parce qu'ils en ont les moyens. 
  
          Si l'on adopte une approche basée sur la formation de la main-d'oeuvre, l'État n'aurait plus besoin de donner des milliards qui nous appartiennent pour faire venir des entreprises qui autrement ne seraient pas intéressées à venir s'établir ici. Ces entreprises, elles viendraient parce que la compétence et la polyvalence y sont. Sachant aussi qu'une main-d'oeuvre bien formée est une source d'innovation, d'amélioration de la productivité et de stabilité, les entreprises seraient bien disposées à offrir une meilleure condition à des employés qui en valent la peine, et qui sait, à former elles-même la relève. 
  
          Mais cette situation nécessiterait bien plus qu'un réinvestissement dans l'éducation, mais bien une restructuration du système pour permettre à l'individu, quel que soit son âge, de se recycler rapidement selon les besoins conjoncturels, de choisir sa formation en terme des besoins du marché et de ses propres capacités, de développer une nouvelle approche de la connaissance basée sur la coopération et l'entraide. Le système doit permettre une chance égale à tous, c'est faisable. Pour se faire, la compétition doit être absente de la formation, ce qui assure en bout de ligne une compétitivité économique beaucoup plus saine et beaucoup plus productive. 
  
          Les subventions et la redistribution gratuite à partir de mon argent sont immorales par le vol institutionnalisé qu'ils constituent. Elles ne servent qu'à avantager des entreprises qui ne le méritent pas et qui devraient disparaître plutôt que de détruire l'équilibre qui est assuré par la compétition saine d'entreprises en bonne santé. EIles ne servent qu'à rendre la misère plus douce aux yeux de ceux qui la vivent, plutôt que de leur donner les outils nécessaires à en sortir... 
  
          Le salut, c'est l'éducation et rien d'autre. 
  
Frédéric Labrie
Laval
  
 
 
 
 
 
PLUS FRANÇAIS QU'E-MAIL
 
 
Re: LA LANGUE DE L'ÉTAT, le QL, no 80 
  
Madame Joly, 
  
          Les internautes québécois utilisent le terme courriel, non pas parce que les bureaucrates de l'Office de la langue française l'exigent, mais bien parce que c'est plus français que « e-mail ». 
  
Armand Germain-Stuart
 
 
 
ATTENTION!
          Si vous en avez marre de vivre dans une société où l'hystérie nationaliste domine tous les débats; dans un pays où les taxes, les réglementations omniprésentes et le paternalisme des gouvernements briment la liberté individuelle et restreignent le dynamisme économique; dans une culture où le moutonnisme et l'égalité dans la médiocrité sont plus valorisés que l'individualisme et la compétition; dans un monde intellectuel où les soi-disant « consensus nationaux » promus par une élite déconnectée servent de prétexte pour éviter les débats rationnels; 
   
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